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CONNAISSEZ-VOUS L’ARBRE AUX FRAISES ?

Le genre Arbutus a été créé en 1753 par le fameux naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), comprend onze espèces officiellement référencées, dont deux ont une origine méditerranéenne, les autres venant d’Amérique du Nord et centrale. Les Arbutus appartiennent à la famille des Ericaceae, ce qui en fait des cousins des bruyères (Erica, Calluna) des andromèdes du Japon (Pieris) et des rhododendrons. L’arbousier commun (Arbutus unedo) est couramment appelé arbre aux fraises en raison de la couleur rouge de ses fruits et de leur texture superficielle granuleuse.

Un nom qui remonte à l’Antiquité

Le nom Arbutus qui dérive du latin arbustum, arbuste, se retrouve dans les écrits de Virgile (-70 à -19) lorsqu’il évoque l’arbousier, très commun dans le maquis méditerranéen. Il est possible que Linné se soit aussi inspiré du celte, puisque dans cette langue, arbo désigne les fruits rugueux.

Le nom d’espèce unedo ne se rencontre chez aucune autre plante. Il était déjà utilisé par Pline (23–79). Ce terme dérive du latin unum, un, et edo, manger, allusion au fait que l’on ne mange qu’un seul des fruits de l’arbousier en raison de leur saveur insipide. Mais c’est de la médisance car lorsqu’elles sont bien mûres, les arbouses offrent une saveur est plutôt agréable. Nous admettrons en revanche, que la texture un peu spongieuse peut déplaire aux palais délicats.

Dans le langage populaire, l’arbousier porte différents noms plus ou moins désuets et souvent régionaux : arbousier-fraisier, arbousier des Pyrénées, arbre aux fraises, darboussier, fraisier en arbre, frèle, frôle, olonier, etc.

Un Méditerranéen pure souche

Notre arbre aux fraises fait partie du peuplement naturel du maquis méditerranéen. Il supporte parfaitement les embruns, d’où sa présence courante en bord de mer. On rencontre aussi des arbousiers spontanés dans la Drôme et en Lozère, ainsi que sur la côte Atlantique (Landes, Gascogne) et au sud de l’Irlande.

Un grand arbuste très décoratif

Se caractérisant par sa croissance relativement lente, l’arbousier constitue un excellent arbuste d’ornement de 2 à 4 m de haut en moyenne. Doté d’un port buissonnant à la silhouette arrondie, il est apprécié pour son feuillage persistant coriace, sa floraison hivernale en clochettes blanches ou rosées, et sa fructification en grappes de baies sphériques à l’épiderme pustuleux d’abord jaune, puis rouge orangé.

Des fruits plus décoratifs que franchement savoureux

Les arbouses mûrissent dans le courant de l’hiver. Ces baies sphériques de 1 à 2 cm de diamètre doivent être récoltées bien rouges, mais encore fermes pour faire apprécier leur saveur légèrement acidulée. Avant complète maturité, ce fruit s’avère bien fade. En revanche, en raison de leur abondance et de leur couleur tonique, les arbouses confèrent une valeur ornementale supplémentaire à la plante.

Les arbouses sont aussi très appréciées par les animaux : oiseaux, renards, bovins, chèvres. Il est possible de les laisser fermenter pour obtenir une liqueur appelée « crème d’arbouse » ou « vin d’arbouse », surtout fabriquée en Corse. Il en est de même pour la gelée d’arbouse.

L’arbousier est plus rustique qu’on ne le pense

En dépit de son origine et de sa préférence pour les climats maritimes, l’arbousier peut être cultivé jusqu’en région Parisienne car une fois bien installé, il résiste durant de courtes périodes jusqu’à -12 °C à -15 °C si le sol est sec. Très peu exigeant, il s’adapte à une très large gamme de sol, même pauvres, et accepte toutes les expositions, poussant aussi bien en plein soleil qu’en sous-bois.

Les nombreux usages traditionnels de l’arbousier

Dans les campagnes provençales, l’arbousier est depuis des siècles considéré comme une plante protectrice. Il permet, soi-disant de calmer les angoisses, le stress et d’apaiser les inquiétudes. On en plaçait des branches sur les berceaux pour apaiser les nourrissons et les jeunes enfants dans leur sommeil Dans le même esprit, on disposait jadis dans les maisons Corse, une feuille d’arbousier dans un calice pour se protéger du mauvais œil.

Le bois de l’arbousier est très prisé pour le chauffage ou pour faire du charbon de bois. En Grèce, ses feuilles riches en tannins, étaient utilisées pour le tannage des peaux.

Les feuilles très tanniques de l’arbousier s’emploient dans la médecine populaire en décoction (de 15 à 30 g par litre d’eau), comme astringent intestinal et comme antiseptique dans les cas de diarrhée et les inflammations urinaires. La science a mis en évidence que l’arbutoside (ou arbutine), un glucoside d’hydroquinone, est une substance aux effets anti-infectieux urinaires notoires.

Des cultivars d’arbousiers à vocation décorative

Les arbousiers n’ont pas fait (encore) l’objet de beaucoup de sélections, et l’on pourrait assurément obtenir des améliorations sensibles sur le plan de la fructification. On trouve en revanche dans les jardineries des cultivars à fleurs colorées. C’est le cas de ‘Perle Rose’ et ‘Roselily’ aux grappes de fleurs rose soutenu de septembre à novembre et de ‘Rubra’ à fleurs quasiment rouges. Quant à ‘Atlantic’, il fleurit blanc, mais montre un développement nettement plus compact que le type, qui permet de le cultiver en bac sans problème.

La plupart des photos illustrant cet article proviennent des collections de la photothèque MAP/Mise au Point et sont soumises au droit d’auteur : www.map-photos.com


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