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Comment la tarte tatin et la sauce béchamel tirent leur nom

Si un plat porte votre nom, vous pouvez sans risque supposer que votre sandwich est cuit. Un avant-goût de douze délices qui portent un (grand ou pas) nom.

Madeleine

C'est un plat typique dont il existe différentes histoires sur l'origine et le créateur. Le succès a de nombreux pères, et ce gâteau en forme de coquillage est définitivement devenu un produit à succès. Mais alors, qui était cette Madeleine ? Ce qui est certain, c'est qu'il s'agit d'une invention française. Commercy apparaît comme le lieu d'origine, une ville lorraine. Là, vers 1755, lors d'une visite inattendue dans une ferme (ou un château), le monarque polonais Stanislas Leszczynski aurait mangé un gâteau, confectionné (ou servi) par une charmante paysanne, Madeleine. Le monarque était tellement ravi de cette friandise et/ou de Madeleine elle-même qu'il a décidé de donner son nom au gâteau. La madeleine est devenue largement connue grâce à Maria Leszczynska, épouse du roi Louis XV et fille de Stanislas. Elle le fit servir à ses hôtes à Versailles. La madeleine est ainsi rapidement devenue à la mode dans les hautes sphères. Dans d'autres histoires encore, il n'y a aucune mention d'une fille, mais il y avait un monastère à Commercy où les religieuses cuisinaient ce gâteau depuis des années. Et ce monastère était dédié à Marie-Madeleine. La Madeleine en français. Ce sont pourtant les "Madeleines de Commercy" qui, après le raccordement de la ville à Paris par le rail, entament leur marche commerciale triomphale dans le courant du XIXe siècle.

Haagsche hopjes

Encore une découverte "accidentelle". Un baron accro au café laisse accidentellement sa tasse de café contenant du sucre et de la crème sur la cuisinière pendant la nuit. Le lendemain matin, il s'avère être un délicieux caramel que vous pouvez manger en morceaux. Le baron en question est Hendrik Hop (1723-1808), envoyé des États de Hollande, qui habitait au-dessus d'une pâtisserie à La Haye au moment de sa découverte. Lorsque le baron apprend par son médecin qu'il n'a plus le droit de boire du café, il demande à son voisin du dessous de lui confectionner les morceaux de café-caramel. Ceux-ci ont rapidement reçu le nom de "morceaux de baron Hop", dont il n'y a qu'un petit pas vers les Haagsche Hopjes tels qu'ils sont devenus connus au cours du 19ème siècle.

Pralin

Pour connaître l'origine de la praline, il faut d'abord démêler les différents sens culinaires du mot. En France, cela signifie un bonbon fait d'amandes recouvertes de sucre caramélisé. En Belgique et aux Pays-Bas, on parle de praline moulue et elle sert de garniture à une praline (B) ou à un bonbon (NL). Retour aux amandes avec du sucre. Plusieurs villes françaises revendiquent la gourmandise, mais Montargis en particulier est associée à la praline. Pour cela, il faut remonter au XVIIe siècle. Une époque aux nombreux conflits, dans laquelle César de Choiseul, comte du Plessis-Praslin (et toute une série de titres) joua un rôle important en tant que ministre et haut militaire. C'est son cuisinier, diversement appelé Clément Jaluzot ou Clément Lassagne, qui sert les amandes confites. Le comte fut immédiatement vendu, ainsi que les négociateurs qui étaient assis à sa table. En effet, selon Plessis-Praslin, le traité eut un impact décisif sur le succès de ses négociations diplomatiques. Une telle gâterie savoureuse a plu à tous les négociateurs. Naturellement, la friandise porte le nom du comte et non du cuisinier. Mais Jaluzot/Lassagne ne s'en sortait pas mal. Il ouvre une pâtisserie à Montargis où il vend les 'praslines'.

Tarte Tatin

Un thème récurrent dans l'histoire culinaire est que quelque chose s'est produit « accidentellement ». Cela s'applique également à la Tarte Tatin, la tarte aux pommes française de renommée mondiale que vous faites cuire à l'envers. A la fin du XIXe siècle, les sœurs Stéphanie et Caroline Tatin tenaient l'hôtel familial de Lamotte-Beuvron, village au sud d'Orléans. Un jour, quelque chose s'est mal passé pendant la cuisson d'une tarte aux pommes. Une des sœurs a d'abord mis les pommes dans le moule à la place de la base de pâte. Et maintenant? La réponse logique, qui est de prendre un autre plat allant au four, d'y mettre le fond puis d'y remettre les pommes ne lui est apparemment pas venue à l'esprit. Dans sa panique, elle ne vit qu'une solution :draper le fond sur les pommes et retourner la tarte après cuisson. À son grand soulagement, les invités ont trouvé le « raté » d'un goût divin. Le gâteau fut bientôt appelé la Tarte Tatin. Pourtant, selon la vénérable encyclopédie Larousse Gastronomique, en Sologne, aux alentours de Larmotte-Beuvron, il est depuis longtemps coutumier de cuire des tartes renversées aux pommes ou aux poires. Les sœurs Tatin n'ont pas inventé le gâteau, mais elles l'ont rendu célèbre.

Sauce béchamel

De même qu'un peintre utilise un portrait flatteur pour apaiser un riche bienfaiteur, un cuisinier utilise des plats raffinés pour flatter des personnes importantes. Louis de Béchameil méritait apparemment une telle flatterie. Au XVIIe siècle, ce Béchameil parvient à acquérir une position influente à la cour de Louis XIV en tant que receveur des impôts, intendant de Bretagne et financier. Il n'a pas perdu de vue sa propre situation financière; il acheta un moment le marquisat de Nointel. Les riches ont intérêt à être amis, a dû penser le marquis d'Uxelles. C'est son cuisinier, François Pierre la Varenne, qui a adapté une recette plus ancienne et dédié la sauce crémeuse à Béchameil. Cela a bouleversé certaines personnes. Dont le Duc des Escars qui se plaignait de servir depuis bien plus longtemps des volailles à la crème à ses convives, mais voilà que le jeune Béchameil s'est envolé avec le nom !

Pizza margherita

Peut-être la plus célèbre de toutes les pizzas :la pizza margherita. Garni de sauce tomate, de mozzarella et de basilic, ce plat excelle dans la simplicité et la modestie. Pas exactement quelque chose que vous servez à une reine, mais c'est là que réside l'origine de ce classique toujours populaire. La pizza margherita porte le nom de Margherita van Savoy (1851-1926), épouse du roi italien Umberto I. En 1889, la reine visite Naples, déjà connue pour ses pizzas à la sauce tomate. Le boulanger de pizza local Raffaella Esposito (son nom est le plus souvent mentionné à cet égard) a été appelé pour faire des pizzas pour la reine. En hommage patriotique à la nation encore jeune – le Royaume d'Italie avait vu le jour en 1861 – il étendit la pizza aux couleurs du drapeau italien :rouge, blanc et vert. Dans une autre version, il a servi plusieurs pizzas, mais la reine elle-même a choisi celle-ci comme sa préférée. Esposito a même reçu une lettre de remerciement personnelle de la reine. Il est donc logique qu'il vante désormais « sa » pizza comme « pizza margherita ». Alors une pizza comme celle-ci se vend juste un peu mieux.


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