Dans le cadre du projet « Végétaux de pépinière : tendances 2016-2018 » lancé par l’interprofession Val’hor, FranceAgriMer, l’établissement national des produits de l’agriculture et de la mer, Astredhor, l’Institut technique de l’horticulture et le cabinet de tendances Chlorosphere, nous vous proposons de découvrir la sélection de plantes « TOP 1 » qui a été établie dans la catégorie « Tendance nature ». Cette dernière est définie comme : « des végétaux à l’apparence très naturelle, primitive, sauvage, originelle ».
J’ai ajouté quelques mots sur chaque plante pour mettre en avant les particularités de l’espèce ou du cultivar sélectionné mais aussi pour préciser le nom vernaculaire courant de la plante. La botanique et l’orthographe ont aussi été modifiées dans certains cas pour respecter les règles de la nomenclature internationale.
Les plantes dites « TOP 1 » sont celles qui ont réuni le plus de consensus selon les critères établis. Graphiques et séduisantes, elles sont destinées à toucher un large public dans la mesure où elles seront convenablement présentées par les jardineries. Voici par ordre alphabétique de genre botanique les espèces qui figurent dans le « TOP 1 Nature »…
Actinidia chinensis ‘Solo’ : un kiwi autofertile (fleurs mâles et femelles sur le même pied) d’obtention néerlandaise (André F. van Nijnatten) aux fruits de petit calibre (de 20 à 30 g) mais savoureux.
• L’avis de Patrick Mioulane : la plante manque un peu de vigueur comparée aux kiwis « classiques », mais cela permet de mieux l’intégrer dans un petit jardin. Personnellement, je pense que ‘Solissimo’, cultivar obtenu par les pépinières Renault de Gorron en Mayenne est nettement supérieur, avec entre autres des fruits plus gros.
Betula albosinensis ‘Fascination’ : un bouleau à petites feuilles d’origine néerlandaise (Esveld, 1986), intéressant pour son développement réduit (6/8 m de haut) à port pyramidal et une écorce brun rouge (bouleau rouge de Chine), qui dévoile des parties blanches en s’exfoliant.
• L’avis de Patrick Mioulane : un cultivar plus intéressant pour les jardins urbains ou rurbains que les bouleaux blancs, bien trop volumineux.
Choisya ternata Aztec Gold ‘Hilgold’, ‘Aztec Pearl’, ‘Sundance’ : ces trois cultivars d’oranger du Mexique sont des valeurs sûres. Les deux premiers se caractérisent par leur feuillage étroit doré pour le premier, vert pour le second et une floraison parfumée très abondante. Choisya ternata ‘Sundance’ a été le premier oranger du Mexique à feuilles jaunes. Ce sont des plantes à port compact, dont les fleurs en corymbes blancs s’épanouissent en avril-mai avec une petite remontée fin septembre.
• L’avis de Patrick Mioulane : des arbustes incontournables qui doivent être présents dans tous les jardins, surtout en ville où ils se comportent parfaitement.
Choisya x dewitteana ‘White Dazzler’ : appelé aussi ‘Londaz’ cet hybride que certains classent parmi les Choisya ternata, forme une boule compacte au feuillage aromatique très finement découpé. La floraison est nettement remontante et d’une rare abondance au printemps.
• L’avis de Patrick Mioulane : la différence avec ‘Aztec Pearl’ n’est pas franchement marquante, vous pouvez choisir l’un ou l’autre sans aucun a priori.
Cordyline australis ‘Karo Kiri’, ‘Red Star’ : ces plantes australiennes sont idéales pour les régions du littoral. Très appréciées dans les jardins urbains, elles doivent être protégées en hiver, leur rusticité étant contestable dès -5 °C. Les deux cultivars sélectionnés se caractérisent par la compacité chez le premier et le feuillage pourpre bronze chez le second.
• L’avis de Patrick Mioulane : il existe de très nombreux cultivars de Cordyline australis et je recommande tout particulièrement ‘Pink Passion’ dont le feuillage rose et pourpre est beaucoup plus spectaculaire que les deux précédents.
Cornus sanguinea ‘Midwinter Fire’ : arbuste de culture très facile qui s’accommode de tous les sols, ce cornouiller sanguin se caractérise par la coloration orange vif à rouge de ses rameaux en hiver. C’est une plante d’intérêt automnal marqué en raison du passage au rouge orangé du feuillage et de la fructification en baies noires.
• L’avis de Patrick Mioulane : un arbuste très tonique en hiver, qui fait merveille dans les haies en mélange. Taillez sévèrement chaque année car ce sont les pousses de l’année qui se colorent le plus vivement.
Cornus sericea ‘Flaviramea’ : encore fréquemment commercialisé sous son ancienne appellation Cornus stolonifera, le cornouiller soyeux est un arbuste sans problème. ‘Flaviramea’ se pare d’une écorce jaune en hiver. Ses corymbes crème sont assez décoratifs fin mai.
• L’avis de Patrick Mioulane : une valeur sûre et sans surprise qui réussira dans tous les jardins.
Cotinus coggygria ‘Young Lady’ : cet arbre à perruques est intéressant pour sa compacité, puisqu’il atteint tout au plus 1,50 m de haut. C’est le seul cultivar que l’on puisse bien réussir en pot, ce qui en fait une plante très intéressante pour les jardins de ville, d’autant qu’elle ne craint pas la pollution atmosphérique. Les inflorescences vaporeuses estivales sont d’abord blanc grisâtre, puis elles évoluent vers le rouge. En automne, les feuilles prennent une coloration spectaculaire associant le vert, l’orange, le jaune et le rouge pourpre.
• L’avis de Patrick Mioulane : un très bon choix pour les jardins de poche d’aujourd’hui.
Elaeagnus x ebbingei ‘Gilt-Edge’, ‘Viveleg’ : ces deux chalefs, dont la nomenclature botanique a modifié l’appellation en Elaeagnus x submacrophylla, sont des arbustes persistants aux feuilles bordées de jaune. Le premier est déjà une « vieille » variété, puisqu’il a été obtenu en 1961 par la pépinière anglaise John Waterer Sons & Crisp Ltd. Le second est une mutation plus récente, découverte en 1997 par les pépinières Vivies à Saint-Orens-de-Gaeville (31). La différence vient du vert, plus clair (émeraude) chez ‘Viveleg’.
• L’avis de Patrick Mioulane : ce sont des arbustes de culture facile, indispensables dans les haies et dont la panachure est vraiment lumineuse. Les deux font la paire comme on dit, donc pas de préférence pour le choix.
Erica x darleyensis ‘Lena’ : cette bruyère d’hiver forme un tapis compact de feuillage persistant vert bronze. Elle fleurit de janvier à avril en épis rose à magenta. La vigueur est supérieure à celle d’Erica carnea et cet hybride (E. erigena x E. carnea) créé par l’horticulteur britannique Jack H. Brummage accepte une palette de sols beaucoup plus large.
• L’avis de Patrick Mioulane : vu le nombre considérable de cultivars existant, on peut se poser la question du choix unique de celui-ci dans cette sélection « tendance » car ‘Lena’ ne se distingue pas particulièrement parmi les autres de sa couleur.
Eucalyptus gunnii France Bleu ‘Rengun’ : obtenu par les pépinières Renault à Gorron en Mayenne, ce cultivar de gommier bleu se caractérise par sa compacité et sa taille réduite (maximum 3 m). Formant un buisson bien ramifié dans son jeune âge, il réussit bien en pot. Le feuillage persistant bleuté est caractéristique du genre. Ce cultivar a obtenu une médaille d’or au concours Innovert lors du Salon du Végétal 2014.
• L’avis de Patrick Mioulane : cette forme que l’on peut qualifier de « naine » convient idéalement aux jardins urbains. Il est probable qu’elle soit légèrement moins rustique que le type (environ -10 °C).
Euphorbia stenoclada : ce petit arbre très épineux est constitué d’une prolifération de rameaux charnus et verts qui remplacent les feuilles totalement absentes. C’est une plante très résistante à la sécheresse, mais frileuse.
• L’avis de Patrick Mioulane : le choix de cette espèce originaire de Madagascar m’interpelle par rapport à la justesse de la sélection de ces plantes dites « tendance », à moins que la proposition s’étende aussi aux jardins antillais et réunionnais…
Euphorbia x martini ‘Ascot Rainbow’ : ce beau buisson rustique au port arrondi se pare d’un feuillage persistant porté par des pousses rouges, qui naît rouge, puis devient vert clair bordé de jaune. C’est un cultivar d’origine australienne (Plant Haven 2009) dont les fleurs vert-jaune sont également très décoratives.
• L’avis de Patrick Mioulane : cet étonnant kaléidoscope vivant crée un effet très lumineux dans le jardin avec un coloris vraiment unique. Toutefois, j’aurai ajouté dans la sélection Euphorbia characias ‘Tasmanian Tiger’, d’un tonique vert et crème qui séduit tous les visiteurs de notre jardin.
Hydrangea petiolaris ‘Silver Lining’ : ce cultivar d’hortensia grimpant se caractérise par son feuillage panaché de blanc-crème. Beaucoup moins vigoureux que le type, il dépasse rarement 4 m de haut, ce qui le rend intéressant pour les petits jardins. C’est une excellente plante pour éclairer les zones ombragées. Le tiges s’accrochent seules à leur support par des racines crampons. La floraison en corymbes blancs est identique à celle de l’hortensia grimpant classique.
• L’avis de Patrick Mioulane : la couleur du feuillage apporte une touche d’originalité à cette grimpante déjà fort intéressante dans sa version « botanique ».
Hypericum x inodorum ‘Magical’ : cette série de millepertuis inodores se caractérise par sa compacité (maximum 1 m), sa floraison jaune en juin/juillet et sa profusion de baies colorées roses, jaunes ou rouges selon les sélections.
• L’avis de Patrick Mioulane : ce sont des arbustes sans problème, qui montrent une bonne rusticité et une réelle résistance aux maladies du feuillage. L’impact visuel de la fructification est tout à fait remarquable.
Lonicera japonica ‘Hall’s Prolific’, ‘Chinensis’ : ces deux cultivars de chèvrefeuille du Japon sont des plantes grimpantes à feuillage persistant caractérisées par leur grande vigueur et leur abondante floraison parfumée. La distinction entre les deux vient de la couleur des fleurs : blanc et jaune pour ‘Hall’s Prolific’ et crème et rouge pour ‘Chinensis’.
• L’avis de Patrick Mioulane : ce sont des lianes très populaires qui offrent aussi l’avantage d’une floraison mellifère. En revanche, les jeunes pousses sont très appréciées des pucerons et les taches cryptogamiques sont fréquentes sur le feuillage.
Miscanthus sinensis ‘Gold Bar’, ‘Silberfeder’ : ces deux graminées que certains nomment « eulalies » ou « roseau de Chine » se caractérisent par une grande vigueur. ‘Silberfeder’ est réputé pour ses généreuses inflorescences en toupets argentés. ‘Gold Bar’ se caractérise par ses feuilles rayées horizontalement de jaune vif.
• L’avis de Patrick Mioulane : hormis le fait que ‘Gold Bar’ soit une sélection récente, il n’est pas, à mon avis, supérieur à ‘Zebrinus’, même s’il présente des marques jaunes plus nombreuses. Mais on aurait pu aussi sélectionner ‘Gold Breeze’ qui est très voisin.
Phormium tenax ‘Variegatum’ : ce lin de Nouvelle-Zélande forme une touffe très vigoureuse de feuilles de plus de 2 m de haut, en forme de glaive, rayées de jaune crème sur les bords. C’est une plante d’une rusticité moyenne (-5/-7 °C) qui convient surtout aux jardins du littoral.
• L’avis de Patrick Mioulane : difficile de comprendre cette sélection d’un seul cultivar, très volumineux de surcroît, alors qu’il existe de très nombreux phormiums hybrides compacts avec des offres de coloris de feuillages de plus en plus larges. ‘Bronze Baby’, ‘Evening Glow’ par exemple me semblent largement mériter l’intérêt.
Rosa ‘Lady of Shalott’ : avec son dégradé de saumon allant jusqu’à l’abricot, les fleurs bien rondes séduisent assurément. C’est un rosier anglais buissonnant (1,20 m de haut), obtenu par David Austin en 2010. Le parfum est présent, mais assez léger.
• L’avis de Patrick Mioulane : bien sûr le coloris est remarquable et la forme de la fleur délicate, mais cette variété aurait dû se trouver dans la catégorie « Romantique ». Il est très curieux de constater l’absence d’un grand nombre de rosiers à fleurs simples très célèbres tels : ‘Clair Matin’, ‘Cocktail’, ‘Flirt’, ‘Frau Dagmar Hastrup’, ‘Mozart’, ‘Nevada’, ‘Robin Hood’, ‘Rouge Meillandécor’ ‘Vent d’Été’, et j’en passe…
Rosa sericea subsp omeiensis f. pteracantha ‘Chrysocarpa’ : dans le monde complexe de la rose, cette appellation scientifique est uniquement validée par le monde horticole, mais c’est la seule qui corresponde à ce grand rosier arbustif muni d’énormes aiguillons translucides rouges et qui, après sa floraison blanche assez discrète, porte des fruits (cynorhodons) jaune-brun.
• L’avis de Patrick Mioulane : côté originalité, rien à dire, mais il n’est pas certain que ces longues tiges souples qui dépassent 2 m de haut soient vraiment ce qu’attendent les jardiniers d’aujourd’hui, surtout dans les petits jardin périurbains.