Dans le calendrier républicain français, le quatorzième jour du mois de floréal, est officiellement dénommé jour du chamérops (pour certains c’est aussi le jour du chamérisier ou chèvrefeuille des haies). Créé en 1753 par l’inévitable naturaliste suédois Carl von Linné (1707 -1778), le genre Chamaerops (famille des palmiers, les Arecaceae) doit son nom au grec chamae (petit), et rhops (buisson ou broussaille), en référence aux spécimens habituellement très compacts que l’on rencontre à l’état sauvage dans des zones sèches et broussailleuses du maquis méditerranéen. En culture et avec l’âge, ce « palmier nain » peut en réalité prendre des dimensions conséquentes, atteignant de 6 à 8 m de haut et formant une touffe imposante.
Appelé couramment « palmier de Méditerranée » ou « faux palmier doum », Chamaerops humilis est l’une des deux seules espèces de palmiers natifs d’Europe, avec le rare Phoenix theophrasti, endémique de Crète, également présent en Turquie.
Chamaerops humilis pousse dans des zones sèches, sur des terrains rocailleux ou sableux, du bord de mer jusqu’à 1 200 m d’altitude (au Maroc), dans un climat plutôt froid en hiver. Certaines populations naturelles sont régulièrement couvertes de neige. On le rencontre à l’état sauvage jusque dans le Var qui constitue la limite nord de sa zone géographique. Il n’est pas présent en Corse.
Chamaerops est un genre monotypique, c’est-à-dire qu’il ne comprend qu’une seule espèce : Chamaerops humilis, ce qui étymologiquement signifie « bas », ce palmier étant quasiment acaule (sans tige) dans la nature.
La nomenclature botanique internationale reconnaît aussi une variété naturelle : C. humilis var. argentea que l’on appelle aussi « palmier méditerranéen bleu » en raison de ses palmes glauques. Ce palmier très décoratif pousse au Maroc dans l’Atlas où on le rencontre jusqu’à 1 700 m d’altitude.
On trouve encore parfois mention de l’espèce Chamaerops excelsa dont le nom dû au botaniste explorateur Suédois Carl Peter Thunberg (1743-1828), date d’août 1784. Mais cette appellation a été invalidée par la nomenclature actuelle. Elle est synonyme de Trachycarpus fortunei (palmier de Chusan) et de Rhapis excelsa.
Chamaerops humilis est un splendide palmier, couramment proposé par les jardineries. Il se distingue par son caractère drageonnant qui lui permet de constituer une touffe de plusieurs stipes (troncs). Rustique jusque dans l’Île-de-France s’il est bien exposé au soleil, il est très apprécié pour son port compact et buissonnant qui permet une culture de longue durée en bac (30/40 cm de profondeur minimum). On lui attribue une bonne résistance au froid qui varie de -8 à -12 °C selon l’humidité du sol, l’exposition et la durée de la période de gel. Du fait de son origine géographique, Chamaerops humilis supporte bien la sécheresse.
Le pétiole armé de redoutables épines est terminé par une feuille en forme d’éventail qui peut dépasser 50 cm de diamètre. Dans les régions méridionales, le palmier nain fleurit dans le courant juin en généreux spadices (épis entourés d’une spathe) jaune doré unisexués. Comme de nombreux palmiers, Chamaerops humilis est généralement dioïque, fleurs mâles et femelles étant portés par des plantes différentes. Les fruits orangés ne sont pas comestibles.
Bien que beaucoup moins sensible que les Phoenix (dattier des Canaries), Chamaerops humilis n’est pas épargné par les attaques de la chenille du papillon palmivore (Paysandisia archon) ou des larves du charançon rouge des palmiers (Rhynchophorus ferrugineus). Après une forte attaque, les palmes tombent et le stipe pourrit, ce qui entraîne la mort du palmier. Une lutte appropriée est obligatoire.