Le deuxième jour du mois de floréal dans le calendrier républicain français, est officiellement dénommé jour du chêne. Pour les botanistes, cet arbre appartient au genre Quercus, nom qui lui a été donné en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778) et qui compte environ 450 espèces. Quercus dérive du Celte kaer quez signifiant « le bel arbre ». Quant au nom « chêne », il vient de l’ancien français chasne, qui dérivait du gaulois cassanos ou cassanus. Le genre Quercus appartient à la famille des Fagaceae, dont il constitue l’un des cinq genres (avec le hêtre, Fagus) à avoir vu le jour au Crétacé inférieur, il y a de 130 à 190 millions d’années. Une époque où des figuiers poussaient au Groënland !
Le chêne était l’arbre sacré de Zeus, qui avait trouvé à sa naissance refuge dans sa ramure. Les chênes qui entouraient le sanctuaire de Zeus, à Dodone en Épire, jouaient un rôle divinatoire. Les anciens croyaient que le chêne était né avec la Terre et qu’il avait été créé pour fournir aux hommes nourriture et abri.
Le chêne occupe une place importante dans la mythologie européenne (Druides et gui), mais aussi chez les Grecs, qui pensaient que Zeus, le dieu de tous les dieux avait trouvé refuge sous sa ramure à sa naissance. On dit qu’il émet des cris déchirants quand on l’abat. Il est vrai que son bois très dur fait crisser la scie.
On qualifie le chêne de majestueux, de vénérable et il exprime un symbole de force, de puissance, de majesté, de longévité et d’autorité. Dans le langage des fleurs, le chêne signifie la force, le courage, la valeur et l’hospitalité. Une couronne de feuilles de chêne coiffait les dieux, les empereurs et les soldats vainqueurs. Notez que l’on utilise toujours la symbolique du chêne sur les uniformes et les képis des généraux. Le chêne est associé au laurier sur la médaille de la légion d’honneur.
L’écorce, le bois et les fruits du chêne renferment du tanin, substance que l’on utilisait pour le tannage des peaux. Le chêne rouvre, le chêne pédonculé et le chêne chevelu renferment en moyenne 10 % de tanin. Mais ce sont les cupules des glands du chêne asiatique : Quercus ithaburensis subsp. macrolepis que l’on utilise surtout en tannerie, car elles contiennent de 30 à 40 % de tanin.
Un des peuplements les plus remarquables de chênes rouvres (Quercus petraea) se trouve dans la forêt domaniale de Bercé (Sarthe, 72). Il s’agit de la futaie des Clos, qui couvre 8 ha, plantés en 1670, l’une des rares chênaies françaises datant de plus de trois siècles. Les arbres se distinguent surtout par leur hauteur, plusieurs spécimens dépassant les 40 m, ce qui les classe parmi les plus grands de France.
Dans la forêt de Tronçais (Allier, 03) qui est considérée comme la plus belle chênaie d’Europe, la « futaie Colbert », aménagée sous l’ordre de Louis XIV pour les besoins de la marine royale, renferme des spécimens exceptionnels comme le chêne ‘Saint Louis’ qui mesure plus de 6 m de circonférence et dépasse les 28 m de haut. Le plus gros, qui porte le nom de « chêne la Sentinelle » aurait été planté en 1580, sous le règne d’Henri IV.
Avec ses 13 m de circonférence et ses branches étalées, le chêne de Tronjoly à Bulat-Pestivien (Côte-d’Armor, 22) est l’un des plus imposants de France, bien qu’il mesure moins de 15 m de haut. Il serait âgé de 1 300 à 1 600 ans.
Le chêne de Guillotin à Concoret (Morbihan, 56) fait partie des arbres légendaires de la forêt de Brocéliande. Âgé d’environ 1 000 ans, ce chêne pédonculé (Quercus robur), mesure 9,60 m de circonférence et 20 m de haut.
Le chêne d’Allouville Bellefosse près d’Yvetot (Seine-Maritime, 76) aurait plus de 2 000 ans. Il mesure 15 m de circonférence et 25 m de haut. C’est un des plus étonnants arbres de France, qui héberge deux chapelles superposées. On le dit contemporain d’Hugues Capet (941-996).