Les chercheurs de la KU Leuven transforment les déchets de l'industrie du bois et du papier en nouveaux matériaux de construction.
Des chercheurs belges tentent de transformer le bois en arômes, médicaments et plastiques précieux.
Les scientifiques souhaitent également obtenir ces substances à partir de ce que beaucoup considèrent comme un composant du bois désagréable et de mauvaise qualité :la lignine. "Le bois contient environ 45 % de cellulose, 20 % d'hémicellulose et 20 % de lignine", explique Bert Lagrain du Center for Surface Chemistry and Catalysis (KU Leuven). « Pour l'industrie papetière et pour la production de bioéthanol à partir du bois, seule l'(hémi)cellulose est utile :de longues molécules que l'on peut facilement transformer. La lignine assure une dégradation lente du bois :ce sont des molécules complexes dont nous ne connaissons pas encore parfaitement la structure. Les micro-organismes ont beaucoup de travail pour les détruire. La lignine est maintenant brûlée comme source d'énergie ou transformée en matériaux de construction.'
Le projet ARBOREF veut mettre un terme à cela :des scientifiques de la KU Leuven, de l'UGent, de l'UAntwerp, du VITO et du VIB travaillent ensemble sur des procédés qui transforment la lignine en blocs de construction chimiques pour les plastiques, les arômes et les produits pharmaceutiques. "Nous voulons faire du phénol, par exemple, une molécule importante dans l'industrie chimique, qui sert, entre autres, de matière première pour les pesticides et les plastiques", explique Lagrain. "Nous visons également la vanilline, un agent aromatisant." Des recherches supplémentaires devraient montrer quelles autres substances les chercheurs peuvent extraire de la lignine.
Bioraffinerie
Il est pour le moment moins cher de produire les produits chimiques que les chercheurs extraient du bois ou des herbes par la voie pétrochimique traditionnelle, mais la question est de savoir combien de temps cela prendra. "Nous remarquons également qu'il existe déjà un intérêt dans l'industrie pour les alternatives 'vertes'", déclare Bert Sels, coordinateur d'ARBOREF. « À long terme, nous voulons mettre en place une bioraffinerie qui convertit 90 % du bois en produits utiles », explique Sels. Les scientifiques utilisent principalement des procédés chimiques classiques.
Les chercheurs de la KUL ont précédemment développé un procédé chimique pour convertir la cellulose en blocs de construction pour les plastiques et l'essence. Tout comme le bioéthanol, cette essence cellulosique peut être mélangée à de l'essence ordinaire. "Mais contrairement au bioéthanol, il ne diminue pas la qualité du carburant, car il ressemble plus à de la vraie essence", explique Sels.
ARBOREF souhaite développer davantage la production de bioessence par voie chimique traditionnelle. Mais il y a aussi de la place pour la biotechnologie :les scientifiques du VIB tentent de modifier la structure de la lignine dans les peupliers, afin de pouvoir la convertir plus facilement. De plus, les scientifiques de Louvain tentent de développer de nouvelles levures qui convertissent non seulement la cellulose, mais aussi l'hémicellulose en bioéthanol. "Si nous voulons que la bio-économie perce, il faut que la biotechnologie et la chimie classique unissent leurs forces."