Pourquoi appelle-t-on ainsi la patate douce, puisqu’il s’agit a priori d’une plante très différente de la pomme de terre ?
La patate douce (Ipomoea batatas) est une plante vivace rhizomateuse et volubile appartenant à la famille des Convolvulaceae, ce qui en fait une cousine du liseron des champs (Convolvulus arvensis) et une très proche parente des volubilis (Ipomoea purpurea). La patate douce est couramment cultivée dans un grand nombre de régions tropicales et subtropicales, ses tubercules charnus et riches en amidon faisant partie de la base alimentaire de nombreuses populations.
Ipomoea batatas, dont l’espèce a été décrite et nommée en 1793 par Jean-Baptiste Monet, chevalier de Lamarck (1744 – 1829), est une plante vivace dont les tiges grêles peuvent atteindre 2,5 à 3 m de long. Elles rampent sur le sol ou s’enroulent autour du moindre support. Les feuilles alternes sont découpées en 5 à 7 lobes plus ou moins marqués.
Le terme « patate » est apparu dans notre langue en 1599. Il dérive de l’espagnol batata, qui l’a emprunté à l’une des nombreuses langues parlées par les Arawaks, une peuplade indigène d’Amérique centrale qui occupait aussi les Antilles où les Conquistadores l’ont découverte. Les Arawaks se nourrissaient entre autres de patate douce.
Bien que le mot « patate » suffise normalement à désigner le tubercule d’Ipomoea batatas, l’ajout de l’adjectif « douce » ou « sucrée » permet d’éviter la confusion avec la pomme de terre qui porte en langue anglaise le nom de potato d’où son appellation familière chez nous de « patate ».
Sans doute native d’Amérique du Sud, mais on ne la trouve plus de nos jours à l’état sauvage, la patate douce fut introduite en Europe, en Asie, en Afrique et en Australie par les Espagnols et les Portugais après la conquête du Nouveau Monde.
En revanche, elle existait en Océanie bien avant la découverte de l’Amérique en 1492 par Christophe Colomb (1451-1506), une présence que l’on estime à 1 500 ans avant notre ère. La plante aurait voyagé vers l’ouest transportée par les esquifs sud-américaine, puis polynésiens pour s’installer progressivement sur toutes les îles du Pacifique, où elle fait désormais partie de l’alimentation courante.
Dans nos régions, la patate douce est surtout cultivée comme plante ornementale. Des sélections aux feuilles colorées (jaune, pourpre, vert acide, etc.) sont couramment utilisées pour la décoration des jardins publics et des ronds-points. Ces plantes commencent à être proposées par les jardineries au printemps avec les fleurs d’intérêt estival. On peut les utiliser en bordure des massifs ou des jardinières, mais également en suspensions. La densité du feuillage ainsi que ses teintes mettent bien en valeur les fleurs d’été : pétunia, pélargonium, verveine, etc.
Parmi les cultivars les plus appréciés : ‘Black Heart’ à feuilles cordiformes pourpre foncé ; ‘Blacky’ à feuilles trilobées presque noires ; ‘Bronze’ aux feuilles palmées profondément lobées d’un bronze cuivré à revers pourpre ; ‘Bullforg’, très étonnant avec des feuilles trilobées pourpre maculées de vert clair ; ‘Finger’ aux feuilles très finement découpées, pourpre très foncé ; ‘Light Green’ aux feuilles très découpées d’un vert jaune lumineux…
On trouve aussi dans le commerce : ‘Marguerite’ à feuilles cordiformes vert chartreuse ; ‘Pink Frost’ très compact, nain, aux petites feuilles vert, crème et rose ; ‘Red Heart’ à feuilles cordiformes rouge brique ; ‘Sweet Caroline’ aux feuilles palmées, nettement lobées d’un pourpre chocolat très foncé ; ‘Sweet Heart’ à feuilles cordiformes vert pomme subtilement bordées d’une ligne pourpre ; etc.
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