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Comment maîtriser vos migraines

Des millions de Canadiens souffrent de migraines, mais il existe des moyens de soulager ce mal. Voici ce que vous devez savoir sur cette douloureuse affection et comment la maîtriser

La migraine est une douloureuse céphalée récurrente, parfois accompagnée d’autres symptômes comme des nausées et une sensibilité à la lumière et au son. Les personnes souffrant de migraines, soit environ trois millions de femmes et un million d’hommes au Canada, peuvent avoir des maux de tête avec ou sans « aura ». Sur ce nombre, il y en a de 10 à 15 % qui auront des problèmes visuels passagers tels que de voir des éclairs de lumière ou des dessins en zigzag.

L’une des trois céphalées primaires, « la migraine doit être considérée comme une maladie chronique, mais on ne la traite pas souvent comme elle le devrait », explique le Dr Werner Becker, neurologue et professeur aux départements de neurosciences cliniques et de médecine à la faculté de médecine de l’University of Cagary. Il dirige le Calgary Headache Assessment and Management Program au Foothills Medical Centre, un centre de traitement de pointe pour les maux de tête. « Historiquement, la migraine a été sous-évaluée », ajoute le Dr Rob Cowan, directeur médical du Keeler Center for the Study of Headache, une clinique à but non lucratif située à Ojai, en Californie « C’est en partie à cause de notre culture : les gens croient que c’est une faiblesse de la constitution et que ceux qui en souffrent doivent attendre que ça passe. En général, on ne réalise pas que la migraine est une affection réelle qui est terriblement incapacitante. » La moitié seulement des Canadiens qui souffrent de migraines peuvent avoir été diagnostiqués et parmi ceux-là, beaucoup peuvent avoir renoncé à un traitement ou souffrent en silence.

La fréquence des crises de migraine peut être d’une ou deux fois par année, jusqu’à tous les jours. Quelle que soit la fréquence, il est important de recevoir un diagnostic, dit le Dr Cowan. Des critères de diagnostic précis sont disponibles et une fois les autres causes éliminées, les médecins peuvent travailler avec les patients afin de mettre au point un plan de traitement multidisciplinaire. Si elle n’est pas traitée, ou traitée de manière incorrecte, la migraine peut devenir « chronique ».

Ce n’est pas tout. La migraine est de plus en plus liée à un risque de maladie cardiaque et d’AVC. Une étude islandaise récente, publiée en août 2010 dans le British Medical Journal, a démontré que les gens qui ont subi des migraines avec aura étaient 27 % plus susceptibles de mourir d’une maladie cardiovasculaire que ceux qui n’avaient pas de maux de tête.

Les bonnes nouvelles? Les chercheurs développent de nouveaux traitements prometteurs et on reconnaît de plus en plus que la recherche sur la migraine ‘ tant au sujet des causes que sur les soins aux patients ainsi que dans le développement de traitements ‘ doit être abordée avec les mêmes attentions, énergies et dévouements qu’on déploie à propos de toute autre maladie grave.

Quelles sont les causes de migraines?

On longtemps a cru que la migraine était le résultat d’une dilatation et d’un resserrement trop rapides des vaisseaux sanguins qui causaient la douleur. Dans les années 1970, les chercheurs ont prouvé qu’il devait y avoir un problème avec des nerfs situés dans le cerveau et on a alors attribué la migraine à des causes neurologiques, explique le Dr Cowan. « Maintenant, on sait que la migraine est une combinaison des 2 précédentes théories. »

Les stimuli qui entrent dans le tronc cérébral, le son et la lumière par exemple, sont classés comme dangereux ou sécuritaires, et le cerveau y réagit soit par la douleur ou par rien du tout. « Chez les personnes souffrant de migraine, cette réaction des nerfs est perturbée et un stimulus normal est perçu comme dangereux. Par conséquent, des produits chimiques sont libérés et provoquent un changement du diamètre des vaisseaux sanguins, ce qui cause de la douleur », ajoute-t-il. Les raisons qui poussent le tronc cérébral à mal interpréter certains signaux et à y répondre par la douleur sont inconnues.

On ne sait toujours pas non plus pourquoi certaines migraines sont accompagnées d’auras, admet le Dr Becker. Les chercheurs supposent que l’interaction de plusieurs facteurs est en jeu, y compris des anomalies dans le système nerveux central qui accentuent la perception et la sensibilité à la douleur, et des modifications au niveau des neurotransmetteurs.

La migraine peut aussi être héréditaire, quoique vous puissiez avoir le gène sans que les symptômes ne se manifestent. Une étude qui a fait date, publiée en août 2010 dans Nature Genetics, a révélé que 24 % des personnes souffrant de migraine ont une variante particulière d’un gène impliqué dans le neurotransmetteur glutamate. Cette découverte ouvre la porte à de nouvelles études pour examiner en profondeur comment cette variation génétique pourrait exercer son effet.

Comment contenir les déclencheurs de la migraine

Bien que vous puissiez hériter du gène de la migraine, la tendance et la fréquence des épisodes de migraine dépendent grandement de votre style de vie et des déclencheurs que vous rencontrez. « La migraine est une affection qui est très sensible à tout ce qui se passe dans votre vie », précise le Dr Becker. « Bien souvent, les patients ne veulent pas prendre leurs responsabilités et acquérir des compétences d’autogestion de la migraine, comme d’apprendre à gérer leur stress. C’est un obstacle de taille pour le traitement. » »Les migraineux font état de nombreux déclencheurs comme le stress, le manque de sommeil et une alimentation irrégulière (sauter des repas). Beaucoup de migraineuses auront des migraines liées aux menstruations qui sont susceptibles de durer plus longtemps, dont l’intensité est plus élevée et qui peuvent être plus difficiles à traiter.

Selon le Dr Michel Aubé, neurologue en chef à l’Institut neurologique de Montréal, et professeur agrégé à la Faculté de médecine de l’Université McGill, de nombreux patients disent que certains aliments, comme les fromages vieillis et l’alcool (le vin rouge en particulier), peuvent déclencher une crise. On suggère donc aux patients d’éviter tous les déclencheurs personnels. En Alberta, l’équipe de recherche du Dr Becker a constaté que les changements de température extérieure peuvent également être des éléments déclencheurs. Par exemple, les soudaines périodes de temps doux à Calgary (quand le chinook descend des montagnes).

Dans de nombreux cas, être préparé à l’éventualité d’une crise peut contribuer à traiter la migraine avec succès. Cela implique de connaître vos déclencheurs et d’utiliser des médicaments appropriés conseillés par votre médecin, dès les premiers symptômes. Cependant, une étude publiée en mars 2010 dans le journal Headache révèle que seulement 21 % des migraineux peuvent arriver à prévoir une crise dans les trois jours à venir, alors que 92 % d’entre eux déclarent devoir être forcés de changer leurs plans à tout moment. À la lumière de ces données, les experts recommandent aux gens de tenir un journal pour les aider à déterminer la nature des déclencheurs afin de les éviter et de discuter des problématiques avec un médecin (comme le manque de sommeil).

‘    Les personnes souffrant de migraine ont aussi tendance à se soigner progressivement au premier signe de crise, en prenant moins de médicaments que la dose prescrite. Puis ils attendent quelques heures avant d’en prendre davantage, explique le Dr Aubé. Pour gérer la douleur à son paroxysme, cette approche n’est pas aussi efficace que de prendre la dose prescrite dès le début de la crise. Si elles ne sont pas traitées immédiatement avec les médicaments conseillés, 4 migraines sur 5 peuvent augmenter sérieusement d’intensité.


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