L’IMC est un bon indicateur, mais pas pour tout le monde! Il mesure la corpulence, mais que révèle-t-il vraiment sur l’état de santé et la forme physique?
Olivier Le Moal/Shutterstock
L’indice de masse corporelle est une mesure utile dans l’évaluation de l’état de santé d’un sujet d’après son poids. Il est largement employé, mais sa valeur est contestée depuis une décennie.
On le calcule en divisant le poids en kilos par la taille en mètres2. Si le résultat se situe entre 18,5 et 25, le poids est dans la fourchette normale. Au-dessous, le poids est insuffisant; au-dessus, il y a surpoids ou obésité. Les médecins y recourent parce qu’il ne coûte rien, qu’il est facile à calculer et qu’il est un indicateur du risque de troubles associés au poids comme les cardiopathies, l’hypertension ou l’hypercholestérolémie, l’apnée du sommeil et le diabète.
L’IMC est fiable pour 80% de la population mondiale, mais surtout pour les hommes blancs. L’indice de Quetelet, comme on appelait l’IMC au début, a été créé par Adolphe Quetelet, un mathématicien et astronome belge du XIXe siècle. Il a utilisé les mensurations d’hommes blancs européens pour savoir à quoi ressemblait un «homme moyen». Il n’a jamais envisagé d’en faire un indicateur de la santé de qui que ce soit.
Selon le Dr Sean Wharton, interniste à Toronto, chaque groupe démographique devrait disposer de sa propre échelle. Une étude de l’université Stanford a ainsi révélé que, pour que le diabète soit considéré comme un risque, l’IMC doit être de 33 chez les Noires mais de 29 chez les Blanches.
L’autre défaut de l’IMC – qui concerne cette fois tous les groupes démographiques – est qu’il ne distingue pas entre la graisse et les autres tissus produisant un surpoids.
D’après le Dr Fahad Razak, interniste à l’hôpital St. Michael de Toronto, une personne qui fait de la musculation peut avoir un IMC qui la fait paraître en surpoids alors qu’elle ne court aucun risque de maladie liée au poids. Il faut savoir enfin que la densité osseuse et la masse musculaire diminuent avec l’âge, mais que le tissu adipeux augmente. Tout en conservant le même IMC, une personne âgée peut donc être exposée à plus de risques en raison des changements dans la composition de ses tissus.
L’imprécision de l’IMC ne fait pas que brouiller l’évaluation de l’état de santé; elle a aussi des effets psychologiques pernicieux. Certaines études ont en effet noté que déterminer le surpoids par l’IMC peut affecter l’estime de soi au point parfois où le sujet, au lieu d’être incité à adopter un mode de vie plus sain, se sent stigmatisé et se trouve dès lors plus exposé au risque de devenir obèse.
Il n’y a pas encore de bonne solution de rechange à l’IMC. Il existe des pèse-personnes qui mesurent le pourcentage de graisse corporelle, mais ils ne sont pas très précis. Ils le font par analyse d’impédance bioélectrique, c’est-à-dire qu’ils soumettent le corps à un courant électrique faible censé distinguer le muscle de la graisse. Comme les modèles actuels de ces appareils ne sont pas encore convaincants, on n’en voit guère dans les cabinets médicaux.
Selon le Dr Razak, l’IMC peut donner une bonne idée de l’état de santé d’une personne pour autant qu’on lui associe d’autres indicateurs. Et cela est vrai surtout pour les sujets qui ne sont pas des hommes blancs. Par exemple, il suggère de combiner l’IMC et le tour de taille ou le rapport taille-hanches, deux mesures révélatrices d’une accumulation de graisse abdominale qui risque de perturber des organes et le métabolisme. Bien entendu, même ces chiffres-là doivent tenir compte des particularités individuelles – notamment les antécédents familiaux. «Il ne s’agit pas seulement de regarder la personne, ajoute Sean Wharton. Il faut l’écouter, apprendre son histoire.»
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