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Retard dans le traitement des cancers: vous n’êtes pas seuls

Une vague après l’autre, la COVID-19 submerge le système de soins de santé du pays entraînant le délestage de traitements des cancers ou d’opérations importantes.

Eviart/Shutterstock
Une vague après l’autre, la COVID-19 submerge le système de soins de santé du pays entraînant le délestage de traitements ou d’opérations somme toute importantes. Les délais accrus pour diagnostiquer et traiter les patients atteints de cancer depuis le début de la pandémie pourraient faire grimper de plusieurs milliers les décès liés à la maladie d’ici 2025 et ce, uniquement au Québec, indique une recherche réalisée à l’Université McGill.

Les chiffres de la Société canadienne du cancer (SCC) donnent froid dans le dos: chaque délai additionnel de quatre semaines pour le traitement chirurgical d’un cancer augmente le risque de mortalité d’environ 10%*. Les malades vivent donc quotidiennement avec un sentiment d’oubli et de désarmement, sans parler du stress engendré par le fait de ne pas savoir quand leur traitement débutera. Rien pour aider, direz-vous.

Mélodie Cyr est bien placée pour parler de l’angoisse de ne pas avoir un diagnostic clair. La jeune femme de 25 ans, originaire de Sudbury en Ontario, a dû attendre une année complète avant de subir une biopsie sur un nodule à la thyroïde; une intervention jugée «non urgente».

Depuis 2017, le médecin de Mélodie Cyr surveille sa tumeur à la thyroïde. Après un traditionnel rendez-vous de suivi, en février 2020, elle apprend que la tumeur a dorénavant des «caractéristiques cancéreuses suspectes». Une biopsie est alors prévue un mois plus tard, mais la veille de son rendez-vous, on lui apprend que ce dernier n’aura pas lieu. C’est uniquement en avril 2021 que Mélodie a finalement pu subir sa biopsie, après maintes annulations et reports. «J’étais très surprise qu’on puisse agir de la sorte avec des personnes qui ont possiblement le cancer. J’étais tellement en colère et bouleversée, je me sentais abandonnée», témoigne-t-elle.

Heureusement pour elle et ses proches, des services du réseau d’aide en ligne de la SCC étaient disponibles. Avec l’apparition de nouveaux variants comme le BA.2, le «petit frère» d’Omicron, la SCC veille à ce que les personnes immunodéficientes, ainsi que leur proche aidant, reçoivent les soins et le soutien dont ils ont besoin.

«On veut que les gens comprennent qu’ils ne sont pas laissés à eux-mêmes dans une des périodes les plus stressantes de leur vie. Même en temps de pandémie, le cancer reste la première cause de décès au Canada», souligne David Raynaud, gestionnaire de l’équipe de la défense de l’intérêt public de la SCC.

Pour tous les malades qui restent dans les limbes, il est possible de faire appel à la Ligne d’aide et d’information sur le cancer au 1 888 939-3333 ou au service de clavardage en direct sur cancer.ca afin de parler à un professionnel de la santé qui pourra répondre à une multitude de questions liées au cancer et à ses traitements ou encore, enligner ceux-ci vers l’aide financière disponible dans leur province.

Le forum en ligne de soutien par les pairs, ParlonsCancer.ca, est également disponible afin de créer des communautés d’appui.

Mélodie peut témoigner de l’importance de ces services. «J’ai reçu plusieurs pamphlets sur le cancer de la glande thyroïde et j’ai été jumelée avec quelqu’un de ParlonsCancer pendant l’année où j’étais laissé dans le néant», explique-t-elle, reconnaissante. «Maintenant je souhaite à mon tour offrir mes services à travers ce portail pour accompagner les gens qui vivent une situation similaire à la mienne parce que, malheureusement, deux ans plus tard, certaines personnes voient encore leurs rendez-vous être annulés», déplore-t-elle.

Il s’est avéré que la tumeur de Mélodie était un nodule précancéreux. Heureusement, un mois après la biopsie, celle qui est également bénévole depuis 2016 pour la SCC, a pu se faire retirer la tumeur en question.

«J’ai toujours dis que c’était ironique parce que j’ai eu le cancer pendant que je faisais mes études sur cette maladie», lance en riant la jeune femme qui habite maintenant à Montréal pour poursuivre un doctorat en oncologie.

Journée mondiale contre le cancer

Alors que nous entrons dans la troisième année de la pandémie, la Journée mondiale contre le cancer, qui a lieu chaque année le 4 février, revêt une importance cruciale.

«Cette année, on fait un appel à l’action et on propose aux gens d’écrire à leur député et de partager une vidéo pour raconter leur histoire», explique David Raynaud. «On veut tout mettre en œuvre pour que les interventions chirurgicales oncologiques et de dépistage du cancer soient priorisées en cette période difficile et qu’il y ait aussi la mise en place d’un plan pour rattraper les retards accumulés à travers les différentes vagues de COVID-19», déplore-t-il.

La SCC demande aux gouvernements de favoriser les innovations qui accéléreront l’application des découvertes en laboratoire et contribueront au changement du système de santé canadien en tirant des leçons de la pandémie. La Société demande aussi de prioriser les besoins des communautés mal desservies comme celles des Premières Nations, des itinérants, des immigrants ou encore des personnes en région éloignée. Enfin, la SCC souhaite également la reconnaissance de l’importance des proches aidants et de les intégrer pleinement dans les soins liés contre le cancer.

Puisque tous les retards dus à la pandémie sont loin d’être rattrapés, n’attendez pas pour consulter un médecin si vous avez des préoccupations de santé qui pourraient être un symptôme de maladie grave; «le cancer ne prend pas de pause», rappelle David Raynaud. «La détection précoce d’un cancer est d’une importance capitale; plus il est détecté tôt, meilleures sont les chances de traitement et ultimement de survie», précise-t-il.

*Ces chiffres sont tirés d’une étude britanno-canadienne publiée en 2021 dans le British Medical Journal.

Quelques statistiques en bref…

  • Deux Canadiens sur cinq développeront un cancer au cours de leur vie.
  • Un Canadien sur quatre succombera à ce dernier.
  • Plus d’hommes que de femmes reçoivent un diagnostic de cancer (52% chez les hommes contre 48% chez les femmes).


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