C’est le nom que donnent les Cajuns en Louisiane à Xanthium strumarium (Lampourde commune), une plante annuelle de la famille des Asteraceae, qu’ils nomment aussi « herbe coquine » ou « arcoquin ».
Le nom herbe à coquin bâtard est aussi usité par les mêmes personnes pour désigner l’ambroisie (Ambrosia artemisiifolia), plante nord-américaine allergène, devenue invasive dans nos régions (surtout Rhône-Alpes).
Jadis le mot coquin n’avait pas forcément la connotation libertine qu’on lui attribue aujourd’hui. Les coquins étaient les gueux de la cour des miracles, les mendiants vivant de petits larcins et qui, comme l’écrit Littré dans son grand dictionnaire : « un coquin est celui à qui les choses les plus honteuses ne coûtent rien à dire ou à faire ».
Or Xanthium strumarium était utilisé pour traiter une des affections les plus courantes chez les miséreux : la scrofule ou écrouelles (adénopathie cervicale tuberculeuse chronique). Cette maladie proche de la tuberculose se caractérise par des fistules purulentes localisées sur les ganglions lymphatiques du cou. La plante porte d’ailleurs d’autres appellations vernaculaires telles : « lampourde antiscrofuleuse » ou « herbe aux écrouelles ».
Mais depuis fort longtemps, les romanciers à l’esprit coquin s’étaient emparés du nom évocateur de la plante pour l’utiliser avec une connotation plus suggestive. Ainsi, dès le seizième siècle, Jean-Antoine de Baïf (1532-1589) écrivait dans Œuvres de poésies (1572) : « à l’ombre d’un vieil chesne, il est à l’envers sur l’herbe coquine. »
Et puisque nous jouons sur les mots, sachez que le nom botanique Xanthium attribué à la plante en 1753 par Carl von Linné (1707-1778) dérive du grec xanthos qui désigne une nuance de jaune. Le grand savant suédois faisait ainsi référence à l’usage de la plante depuis l’époque romaine comme teinture pour colorer les cheveux en blond. Les hommes de l’époque préféraient sans doute les coquines blondes…