Le 20 mai 1828 naissait à Grezolles dans la Loire, non loin de Roanne, Gilbert (Philibert) Nabonnand, horticulteur et rosiériste français, mort le 06 janvier 1903 à Golfe Juan (Alpes-Maritimes). Ayant, dès l’âge de 16 ans, appris les bases de son métier chez les grands rosiéristes Lyonnais de l’époque, dont Jean-Baptiste Guillot père (1803-1882), Gilbert Nabonnand s’installa à Sorgues dans la région d’Avignon pour développer une pépinière généraliste.
Après son mariage le 12 août 1857 avec Thérèse Bertaud, dont il eut trois enfants entre 1858 et 1864, Gilbert Nabonnand, qui se faisait appeler Philibert, déménagea sur la Côte d’Azur pour se consacrer à la création du jardin de Lord Henry Brougham (1778-1868) pour lequel il travaillait déjà depuis 1855. Cette propriété cannoise de la Croix-des-Gardes appelée : la villa Eleonore Louise était entourée d’un très grand parc dont il ne subsiste plus aujourd’hui que des vestiges du concept originel.
Introduit dans la haute société de la Riviera, Gilbert Nabonnand créa à Golfe-Juan en 1864 « Les Roses de Golfe-Juan », qui proposait aussi des palmiers, des Protéacées, des Myrtacées (Eucalyptus) et des arbres fruitiers exotiques, Nabonnand se passionna pour l’introduction et l’acclimatation des plantes subtropicales dont la plupart étaient encore quasiment inconnues à l’époque. Il fit venir des plantes d’Australie, de Chine, d’Afrique du Sud et de Nouvelle-Zélande, ce qui lui permit de faire fortune.
Paysagiste de renom, Gilbert Nabonnand se spécialisa dans l’aménagement des parcs et des jardins des demeures les plus grandioses de la Riviera : Villa Saint-Georges, Villa Laura Parc Bruny, Château Aboucas, etc. Son influence sur le développement de l’horticulture sur le littoral méditerranéen fut indéniable.
Parallèlement à son activité de paysagiste, Gilbert Nabonnand se consacra entre 1872 et 1903, à l’hybridation des rosiers, principalement des rosiers Thés (70 créations) et des rosiers Noisette. En 1883, il proposait un catalogue de près de 900 variétés d’origines diverses. Des quelque 300 créations de roses signées Gilbert Nabonnand, on retiendra surtout : ‘Archiduc Joseph’ (1872), un rosier Thé aux fleurs très doubles rose ; ‘Duchess of Edinburgh’ (1874), appelé aussi ‘Prince Wassiltchikoff’, un rosier Thé rouge carmin à liseré blanc ; ‘Général Schabikline’ (1879), rosier Thé à fleurs rouge cuivré bien parfumées ; ‘Gilbert Nabonnand’ (1898), rosier Thé à fleurs rose pâle aux reflets jaune clair.
Il faut également citer parmi les variétés encore commercialisées aujourd’hui (par des producteurs spécialisés) : ‘Isabelle Nabonnand’ (1874), rosier Thé à grandes fleurs bien pleines, rose saumoné ; ‘Marie d’Orléans’ (1884), rosier Thé aux grosses fleurs rose nuancé bien parfumées ; ‘Général Gallieni’ (1899), rosier Thé à fleurs bien pleines rouge clair ; ‘Lady Watrelow’ (1902) rosier hybride de Thé aux fleurs semi-doubles en nuances de roses dégradées vers le saumon ; ‘Noella Nabonnand’ (1900), un rosier thé aux fleurs veloutées d’un intense rouge cramoisi qui embaument, etc.
Gilbert Nabonnand était officier du Mérite agricole, membre fondateur de la Société pomologique de France et de l’Association horticole lyonnaise. Un conservatoire des roses Nabonnand se trouve à Grasse dans le Domaine Saint Jacques du Couloubrier. Il s’agit d’un jardin remarquable de 8 ha, créé en 1950, par le paysagiste de renommée internationale : Russell Page (1906-1985). Il existe aussi une société des amis.
Les fils de Gilbert Nabonnand, Paul (1860-1937) et Clément (1864-1949), prirent la succession de l’entreprise familiale « Les Roses du Golfe Juan », puis ils créèrent l’établissement : « Paul & Clément Nabonnand, horticulteurs » avant de travailler séparément.
Paul Nabonnand a hybridé de nombreuses espèces végétales : cactées (Epiphyllum), mimosas, orangers, palmiers, obtenant avec ces derniers l’hybride intergénérique (x Butyagrus nabonnandii) à partir d’un croisement de Butia capitata et de Syagrus romanzoffiana. Cette plante d’une bonne rusticité (-10 °C) est officiellement répertoriée dans la nomenclature internationale.
Mais Paul Nabonnand est surtout réputé pour ses hybrides de Rosa gigantea dont on cultive encore aujourd’hui ‘Emmanuella de Mouchy’ (1922), un sarmenteux très puissant et résistant aux maladies qui porte une marée de fleurs doubles rose chair, très précoces. L’établissement de Paul Nabonnand : « Aux Roses de la Côte d’Azur, Cannes Eden » était installé sur la commune de Golfe-Juan. Il était considéré à l’époque comme l’un des plus intéressants jardins de collection d’espèces rares de la Côte d’Azur.
Excellent paysagiste, Clément Nabonnand a vécu grâce à l’aménagement de parcs et de jardins, mais il a parallèlement travaillé comme obtenteur de roses, ses créations les plus réussies, et encore cultivées de nos jours, étant : ‘Irène Bonnet’ (1920) hybride de Thé à fleurs roses ; ‘Marie Nabonnand’ (1941) vigoureux hybride de Thé à fleurs rouge vif ; ‘Rosette Delizy’ (1922) rosier Thé jaune, parfumé ; ‘Souvenir de Gilbert Nabonnand’ (1920) rosier Thé aux grandes fleurs rose nuancé très doubles, fortement parfumées…
À partir de 1926, il créa un véritable jardin d’acclimatation avec : rosiers, mimosas, cyprès et agrumes dans sa propriété « Lou Mas di Roso », qui fut malheureusement détruite durant la Seconde Guerre mondiale.
Les Nabonnand père et fils ont obtenu près de 220 Grands Prix ou médailles dans les diverses Expositions internationales. Vous pouvez découvrir la description de plus de 400 variétés de leur création, ainsi que plus de 140 photos sur le site : http://www.roses-nabonnand.com/
