Il y a des petites bêtes sous les feuilles de mon platane et elles se décolorent. Que faire ?
Coléoptère de la famille des Tingidés, le tigre du platane (Corythucha ciliata) , parfois nommé « punaise réticulée » s’attaque aux arbres du genre Platanus. On l’observe aussi parfois sur le mûrier à papier (Broussonetia papyrifera), le noyer blanc (Carya ovata), Chamaedaphne caniculata et sur le frêne (Fraxinus exelsior). C’est un insecte originaire d’Amérique du Nord, qui a été introduit involontairement en Italie en 1964. Il est apparu en France en 1975 et aujourd’hui il sévit partout en Europe, étant même parvenu jusqu’en Chine !
L’insecte adulte mesure environ 3 mm de long. Son corps noir est agrémenté d’élytres membraneuses, transparentes et réticulées de blanc. Il vole rarement, étant disséminé par le vent et l’activité humaine. Les adultes passent l’hiver sous les plaques d’écorces (les rhytidomes) caractéristiques des platanes ou dans les anfractuosités naturelles du tronc, voire dans les feuilles mortes laissées au sol.
Au printemps, les adultes migrent jusqu’à la face inférieure des feuilles où ils se concentrent près de la nervure centrale. Durant une dizaine de jours, ils piquent l’épiderme des feuilles, se nourrissant du tissu foliaire dont ils sucent le contenu cellulaire, puis ils s’accouplent. La femelle pond jusqu’à 350 œufs, répartis sous les feuilles. L’éclosion se produit trois semaines plus tard environ. On compte de deux à quatre générations par an.
On assiste à une décoloration partielle du feuillage due aux piqûres des larves et des adultes. Dans le cas de fortes attaques une chute prématurée des feuilles peut être constatée. Les prélèvements de sève affaiblissent les arbres qui se montrent plus sensibles aux maladies cryptogamiques. Par ailleurs, les sécrétions sucrées (miellat) de cette punaise entraînent une gêne importante lorsqu’on utilise le platane comme arbre d’ombrage ou d’alignement.
La lutte contre le tigre est nécessaire car cet insecte est considérée comme étant le vecteur potentiel de deux graves champignons pathogènes du platane : le chancre coloré (Ceratocystis fimbriata) et l’anthracnose du platane (Apiognomonia venata) dont il transporte des spores sur sa carapace. L’usage des pesticides chimiques n’étant plus autorisé dans les espaces verts publics et devant être interdit dans les jardins privés partir de janvier 2019, c’est une solution biologique qu’il faut adopter.
Plusieurs espèces de nématodes (vers microscopiques) entomopathogènes, dont Steinernema feltiae, tuent les tigres du platane en les parasitant, ce qui ne présente aucun danger pour les insectes utiles, les animaux et bien sûr les humains. Présentés sous forme de poudre, les nématodes sont dilués, puis pulvérisés sur le tronc et les branches, en mars-avril (température minimale 10 °C), avant la remontée des tigres adultes vers le feuillage. On peut également traiter le feuillage avec ces nématodes en mai et en juillet. Il s’agit de Tigranem (Koppert), Nemador (If Tech) et NemaPlatane (Biotop).
Les larves de chrysopes vertes (Chrysoperla carnea), insecte de l’ordre des névroptères, attaquent les premiers stades larvaires du tigre ce qui aide à limiter la population. Elles peuvent être déposées sur les branches des platanes en juin (six semaines après la migration ascendante du tigre), sous forme d’œufs inclus dans des tubes cartonnés. Ces produits à usage professionnel sont appelés Chrysolys (Koppert) ou Tigrador (If Tech).
