Des chenilles vert et noir dévorent les feuilles de mes buis. Comment les éliminer SVP ?
Originaire d’Asie (Chine, Japon, Corée), la pyrale du buis (Cycladima perspectalis, synonyme : Diaphania) est arrivée en Europe en 2007 dans un lot de plantes importées en Allemagne. En France, les premiers dégâts ont été observés en Alsace en août 2008. Depuis, le ravageur s’est largement répandu dans l’Hexagone. Il a atteint la Provence et la Côte d’Azur en 2012, le Languedoc Roussillon en 2013, la Gironde et la Haute Garonne en 2014. En 2015 plus de 70 départements étaient touchés avec une infestation particulièrement sévère en Île-de-France. Les zones actuellement épargnées se situant surtout sur le littoral depuis le Finistère jusqu’au Pas-de-Calais, ainsi qu’à la frontière belge). Cet insecte qui pose de réels problèmes par ses dégâts spectaculaires, a fait l’objet de nombreux articles et dossiers sur le sujet.
Si la plupart des buis résistent assez bien à une première attaque printanière, réagissant par une nouvelle feuillaison, une seconde invasion de pyrales du buis entre juin et septembre est souvent catastrophique car elle entraîne une forte dégradation de la plante, pouvant aller jusqu’à sa mort. En effet, les consommations des chenilles ralentissent le métabolisme, tandis que les blessures dues aux morsures favorisent le développement de maladies, de même que la présence des déjections.
Une forte invasion est souvent fatale chez les jeunes sujets qui se trouvent entièrement défoliés en quelques heures seulement. Les rameaux dénudés se dessèchent car les chenilles attaquent aussi leur écorce.
S’il semble que le buis de bordure (Buxus sempervirens ‘Suffruticosa’) soit la cible principale de la pyrale et la forme la plus sensible à ses attaques. Les observations des professionnels ont mis en évidence qu’aucun cultivar du buis commun (Buxus sempervirens) n’était épargné par la pyrale. Tout au plus le buis à grosses feuilles (Buxus sempervirens ‘Rotundifolia’) semble subir moins d’agressions.
Le buis à petites feuilles (Buxus microphylla), très utilisé pour former des boules et le buis japonais (Buxus sinica) sont aussi attaqués par la pyrale.
En Chine, mais pas en Europe, on a rapporté des dégâts sur les fusains : Euonymus japonicus (fusain du Japon) et Euonymus alata (fusain ailé) ainsi que sur le Houx à feuilles pourpres (Ilex purpurea). Il est conseillé de surveiller ces plantes si elles se trouvent dans un jardin où sévit la pyrale du buis.
Lutter au naturel contre la pyrale du buis
Aujourd’hui, les solutions naturelles pour la pyrale du buis destinées au jardinage d’amateur sont encore peu nombreuses, mais les offres vont s’étoffer petit à petit car une recherche active est effectuée actuellement par les entreprises spécialisées dans les soins des plantes. Par exemple, la gamme des Produits Naturen (Scotts) propose l’insecticide biologique vers et chenilles (Bactospéine DF jardin). Homologué pour la pyrale du buis, il est utilisable en agriculture biologique.
Cet insecticide contient une protéine cristalline létale pour les larves de lépidoptères, sécrétée par une bactérie vivant naturellement dans le sol : le Bacillus thuringiensis subsp. kurstaki (Btk) dosé à 32 000 Ul/mg (54%). Après ingestion, il agit en quelques heures seulement sur la pyrale du buis, mais aussi la processionnaire du pin (Thaumetopoea pityocampa) et du chêne (Thaumetopoea processionea), la teigne de l’olivier (Prays oleae) et les chenilles défoliatrices du type hyponomeute (Yponomeuta malinella) ou brun du pélargonium (Cacyreus marshalli).
Une fois ingéré par les chenilles, le Bacillus thuringiensis bloque leur métabolisme en entraînant une corrosion de la paroi intestinale et une paralysie de la mâchoire. Les pyrales ne pouvant plus s’alimenter, elles meurent. Le produit n’impacte quasiment pas l’environnement et n’agit pas sur les auxiliaires. Hormis quelques rares réactions allergiques (irritation de la peau et des yeux), il n’affecte pas les humains et les animaux à sang chaud.
Coupez le haut du sachet dose et versez l’intégralité des granulés dans 2,5 l d’eau, puis remuez bien pour obtenir une solution homogène.
Pulvérisez le produit sur et dans le feuillage, sans le faire ruisseler. Renouvelez l’application dès que de nouveaux symptômes apparaissent. Opérez par temps sec et non venteux.
Pour éviter toute réaction allergique, portez des gants en nitrile et même un masque de protection ce qui empêchera le contact de la peau et des muqueuses avec le produit.
La marque Fertiligène propose un traitement insecticide « pyrale du buis » (Polysect Ultra SL) contenant 5 g/l d’acétamipride. Ce produit systémique (non classé sur le plan toxicologique) est absorbé par le feuillage et véhiculé par la sève. Ceci lui permet de rester opérationnel durant deux à quatre semaines, ce qui évite les réinfestations. Il s’utilise en pulvérisation à la dose de 10 ml/l d’eau.
Inspectez régulièrement vos buis à partir du mois d’avril et jusqu’à septembre, en vérifiant à l’intérieur même de la plante l’absence de toiles et de chenilles. Plus le traitement est réalisé à un stade précoce du développement du ravageur et plus il est efficace.
Les chenilles n’étant pas urticantes, il est possible de les écraser entre les doigts lorsqu’elles sont peu nombreuses. Portez quand même des gants.
N’hésitez pas à doucher chaque soir le feuillage de vos buis car les femelles de pyrales ne déposent leur ponte que sur des zones sèches.
Secouez ou frappez avec un bâton les plus grands spécimens afin de faire tomber sur le sol les chenilles. Posez préalablement une toile pour les récupérer plus facilement, puis brûlez-les.
Les boules et autres topiaires de buis qui n’ont pas encore été attaqués peuvent être protégés chaque nuit par un filet anti-insectes à mailles fines, ce qui empêchera les pontes.
Alertez vos voisins lorsque vous avez observé un buis attaqué afin que l’ensemble des jardiniers procède à des mesures de protection et à des traitements, seule façon de limiter la dispersion du ravageur.
Arrachez et brûlez en automne les buis fortement agressés afin d’éliminer les chrysalides qui constituent la forme d’hivernage la plus courante de la pyrale du buis.
Vérifiez bien lors de la taille des buis que les parties coupées ne sont pas contaminées, avant de les broyer pour les composter.
Les chenilles de la piéride du chou (Pieris brassicae) un petit papillon blanc tacheté de noir qui volète couramment dans les potagers, ressemblent beaucoup à celles de la pyrale du buis, mais elles ne consomment que les Brassicacées, notamment les choux et n’attaquent pas le buis.