Faisant partie des incontournables parmi les plantes de terre de bruyère, l’andromède du Japon (Pieris japonica), réunit toutes les qualités que l’on recherche aujourd’hui chez un arbuste. De croissance assez lente, paré d’un feuillage persistant décoratif en toutes saisons et surtout vivement coloré lors de sa naissance, Pieris japonica nous offre une superbe floraison précoce et parfumée. C’est une plante très rustique qui peut aussi se cultiver en pot. Le feuillage épais et vernissé de l’andromède du Japon résiste bien à la pollution atmosphérique, ce qui en fait une plante parfaitement adaptée aux jardins urbains.
Le genre Andromeda, qui étymologiquement signifie : « Celle qui dirige les hommes », a été créé en 1753 par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778). En 1784, son compatriote et grand voyageur Carl Peter Thunberg (1743-1828), avait découvert au Japon une Éricacée qu’il désigna sous le nom : Andromeda japonica. Il fallut attendre 1834 pour que le botaniste britannique George Don (1798-1856) réalise la description scientifique de la plante, qui fut nommée Pieris japonica par son frère David Don (1799-1841) le créateur du genre Pieris la même année. Mais il fallut attendre 1870 pour que les premières andromèdes du Japon soient plantées dans des jardins (à l’ouest de l’Angleterre).
Inspiré de la mythologie grecque, le nom Pieris évoque les Piérides, les neuf filles d’Évippé et de Pieros le roi d’Émathie (la Macédoine) dont une région, la Piérie était supposée être le pays des Muses. Les piérides portaient d’ailleurs chacune le nom d’une muse. Après avoir perdu un concours de chant, elles furent changées en oiseaux… Mais curieusement, aucun oiseau ne porte le nom scientifique de Pieris. En revanche, il a été attribué à toute une famille de papillons (Pieridae) comptant 1 200 espèces, parmi lesquels se trouvent des bioagresseurs redoutés par les jardiniers telles la piéride du chou (Pieris brassicae) ou la piéride de la rave (Pieris rapae).
On connaît aussi : la piéride de l’aethionème (Pieris ergane), la piéride de l’alysson ou piéride de Krüper (Pieris kruperi), la piéride de la bryone ou de l’arabette (Pieris byoniae), la piéride de la capucine (Pieris cheiranthi), la piéride de l’ibéride ou piéride du thlaspi (Pieris mannii), la piéride du navet (Pieris napi), la piéride du réséda (Pontia daplidice), la piéride de la roquette (Euchloe ausonia), la piéride du vélar (Pontia callidice), etc.
Sur le plan botanique, le genre Pieris compte seulement six espèces validées par la nomenclature internationale : Pieris cubensis, P. floribunda, P. formosa, P. japonica, P. phillyreifolia et P. swinhoei. Ce sont des plantes originaires d’Asie ou d’Amérique du Nord.
Pieris japonica qui nous intéresse aujourd’hui croît naturellement dans les zones de montagnes (entre 800 et 1900 m d’altitude) au sud du Japon, au sud-est de la Chine et à Taïwan. Cet arbuste cultivé en Europe depuis seulement le dix-neuvième siècle, est l’espèce la plus rustique (jusqu’à -20 °C), caractérisée par une floraison très précoce, dès février, si l’hiver a été doux.
Pieris japonica forme un arbuste assez compact à la silhouette globuleuse de 1 à 3 m de haut, caractérisé par une croissance lente. Les feuilles persistantes de 8 à 10 cm de long, coriaces et lustrées sur la face supérieure, sont vert foncé ou panachées chez certains cultivars tels ‘Ralto ‘ ou White Rim’. Les nouvelles pousses éclatent dans un spectaculaire rouge vif ou rose orangé. Alternes, étroites, obovales-lancéolées, elles sont crénelées sur les bords.
Formant des panicules terminales plus ou moins retombantes de 10 à 15 cm de long, les inflorescences de Pieris japonica sont composées de fleurs cireuses hermaphrodites, en forme de clochettes, que les botanistes qualifient d’urcéolées (du latin urceus, cruche). D’un délicat blanc rosé, elles restent décoratives sur la plante environ 3 mois, exhalant un discret parfum de miel.
Pieris japonica a besoin d’un sol franchement acide (pH de 4,5 à 5,5) ce qui fait conseiller sa culture en terre de bruyère pure. Dans le jardin, installez-le à mi-ombre et à l’abri des vents froids et desséchants, en compagnie de toutes les autres plantes acidophiles. Il fait merveille avec les camélias et les rhododendrons, mais pour parfaire le décor, habillez son pied d’un tapis de bruyères qui sera associé à des bulbes « sauvages » tels les narcisses à fleurs simples et les jacinthes des bois (Hyacinthoides non-scripta).
L’ensemble des organes de Pieris japonica sont toxiques en raison de la présence de diterpènes particulièrement concentrés dans son pollen. L’ingestion des feuilles peut occasionner des troubles gastriques sévères.