Est-il vrai que la tomate permet de lutter contre le ver du poireau ?
Il est souvent écrit dans la littérature « bio » que pour empêcher la chenille de la teigne des poireaux (Acrolepiopsis assectella) de provoquer des dégâts dans les cultures, il suffit de laisser pourrir des feuilles et des tiges de tomates le long du rang. Vous pouvez utiliser les parties coupées lors de la taille et l’ébourgeonnage des plants. Certains conseillent aussi d’arroser les poireaux avec une macération de tiges et feuilles de tomates ou de tanaisie. L’odeur de décomposition empêcherait les papillons de repérer les poireaux. Le problème, c’est que le potager doit empester pour obtenir une réelle efficacité !
Cette astuce qui joue sur le fait que les teignes sont attirées par l’odeur alliacée des poireaux, n’est valable que pour les adultes de seconde génération qui apparaissent au début du mois de juillet et pondent durant les mois de juillet et août. En effet, la première génération de teigne apparaît en avril, période où les tomates ne sont pas présentes dans les jardins ? Après avoir fait de nouveaux dégâts, les larves se nymphosent en octobre pour donner des adultes hivernants, d’autres restent en diapause (vie ralentie) jusqu’au printemps.
On trouve dans la littérature d’innombrables mixtures et artifices destinés à lutter contre la teigne du poireau, dont beaucoup sont tout à fait fantaisistes (les coquilles d’œufs par exemple). Le plus efficace semble toutefois de diluer 50 g de savon noir dans 1 l d’eau et de pulvériser ce traitement naturel et sans danger sur les poireaux dans les périodes de pontes afin d’éliminer les teignes adultes et les œufs. Les insecticides à base de pyrèthres naturels ou de Bacillus thuringiensis (BT) sont aussi valables, l’efficacité dépendant de l’optimisation de la période de traitement.
Pour s’assurer de l’opportunité du traitement, l’idéal consiste à poser un piège à phéromones au milieu de la planche de poireaux. La substance sécrétés est un attractif sexuel qui permet de capturer les mâles et de les empêcher de se reproduire. Pour une bonne efficacité, il est important de traiter dès que des papillons ont été capturés.
La couverture des rangs de poireaux avec un voile de forçage posé directement sur les plantes, crée une barrière physique qui empêche le papillon de pondre sur la plante. C’est une protection très valable. Il en est de même pour les filets anti insectes en polyester aux mailles très fines (1 mm) que l’on installe sur des arceaux. Ils sont également utilisés contre la piéride du chou.
Sur le plan de la prophylaxie, la rotation des cultures et surtout la confusion olfactive en association avec des plantes aromatiques, des œillets d’Inde, des pélargoniums ou des tomates sont des mesures intéressantes à envisager dans les régions très infestées. Enfin, ne laissez aucun débris de poireau ou d’oignon sur le sol après la récolte.
Notez que la lutte biologique est réalisée en Amérique du Nord avec des trichogramme (Trichogramma brassicae) minuscules guêpes qui pondent dans les œufs et sont aussi efficaces contre la piéride du chou et les noctuelles. Cette technique n’est pas encore homologuée en Europe.