Plantes insectivores originaires d’Amérique du Nord et couramment cultivées sous formes hybrides, les Sarracenia apparaissent comme des prédateurs redoutables pour les frelons asiatiques (Vespa velutina) dont la prolifération menace les colonies d’abeilles domestiques.
Couramment vendues par les jardineries dans un but pédagogique et ornemental, les Sarracenia peuvent parfaitement être acclimatées dans nos jardins, jusque dans l’île de France. Il suffit de les installer dans un contenant rempli de tourbe blonde de sphaigne et enterré dans un endroit mi-ombragé.
Depuis l’automne dernier, les botanistes du Jardin des plantes de Nantes ont observé que les sarracenias attiraient beaucoup plus les frelons asiatiques que les autres espèces de plantes carnivores. L’entomologiste François Meurgey du Muséum d’histoire naturelle de Nantes et Romaric Perrocheau, directeur du jardin des Plantes ont lancé une étude scientifique sur le sujet. Résultat : sur 200 plantes, dont les prises ont été collectées pendant un mois, les sarracenias ont piégé 600 mouches et 600 frelons asiatiques.
Le piège des Sarracenia est du type « oubliette ». Il est constitué d’une feuille transformée en un long tube surmonté d’une excroissance en forme de capuchon, l’opercule, qui évite à l’eau de pluie de pénétrer dans le piège. Sur le bord de l’urne, un bourrelet glissant, le péristome, est enduit d’une sécrétion sucrée sécrétée par des glandes nectarifères et qui attire les insectes. Le frelon va glisser dans le piège dont la partie interne extrêmement glissante constitue un véritable toboggan.
L’insecte se retrouve alors prisonnier de la plante car les poils qui tapissent l’intérieur de l’urne sont tous dirigés vers le bas, constituant une barrière infranchissable. Le frelon s’épuise à tenter de s’évader, il meurt et finit par être digéré par les sucs sécrétés par la plante.
Il est certain que les Sarracenia ne sont pas présents en nombre suffisant dans l’environnement naturel de notre pays pour espérer les voir éradiquer la pullulation des frelons asiatiques qui sont désormais inscrits parmi les espèces invasives. On pourrait toutefois envisager de planter ces belles insectivores durant la belle saison à proximité des ruches, ou mieux, développer des pièges s’inspirant de celui de la plante, en optimisant le piégeage olfactif pour mieux attirer les frelons et ne pas intéresser les abeilles.
Notez que la revue « Insectes » de l’OPIE (office pour les insectes et leur environnement) publiera dans quelques semaines les résultats complets de l’étude réalisée par le jardin des plantes et le muséum d’histoire naturelle de Nantes sur cette plante carnivore.
Pour visionner des vidéos très édifiantes sur l’efficacité de la plante cliquez sur le lien (texte en bleu souligné).