J’ai un rudbeckia qui, lors de la fanaison de la fleur produit une étrange protubérance. Quelle est la cause de cette curiosité ?
Ce plant est à la même place depuis trois ans et c’est la première fois que je constate ce phénomène. On dirait qu’il veut épanouir une nouvelle fleur au lieu de produire de la graine. Je vous joins deux photos.
Les photos que vous nous avez envoyées sont très intéressantes car elles illustrent de manière éloquente les mutations naturelles permanentes auxquelles sont soumises les plantes.
Ces mutations s’expliquent tout simplement par des « erreurs » dans la transmission de certains marqueurs du code génétique. Le phénomène que l’on observe ici est la transformation d’organes floraux (en général des étamines, mais tous les éléments de la corolle peuvent présenter ces « troubles ») en pétales. C’est ce qui conduit à obtenir des fleurs doubles (et généralement stériles par conséquent).
Dans le cas des Asteraceae (tel le rudbeckia), le phénomène est assez étrange car l’inflorescence (capitule) constitue un leurre pour le botaniste néophyte. Dans une fleur de type marguerite, tel celle du rudbeckia, ce que nous prenons d’ordinaire pour des pétales d’une fleur simple, sont en réalité des ligules, sortes de pétales surdimensionnés qui prolongent les fleurons de la périphérie.
Le phénomène que vous avez observé est beaucoup plus courant chez les Echinacea (qui ont été appelés jadis Rudbeckia purpurea) et l’on trouve dans le commerce de nombreuses formes à fleurs doubles qui rappellent de façon étonnante la mutation dont vous nous avez envoyé des photos.
Dans le cas de votre rudbeckia, ce sont des fleurons internes qui produisent des ligules. Ces dernières ne trouvant pas de place suffisante pour s’étaler, prennent un aspect tortueux qui confère à la plante son originalité. On peut dire dans un certain sens que vous avez découvert dans votre jardin une nouvelle variété de rudbeckia.
Reste à savoir si cette mutation est génétiquement fixée, c’est-à-dire si elle est capable de se reproduire de génération en génération. Il faudrait pour cela vous préleviez des graines en laissant le capitule de la fleur « mutante » se faner naturellement, puis que vous les semiez au printemps prochain. Si les fleurs de la nouvelle génération reproduisent le même phénomène, ce sera le signe qu’il s’agit bien d’une nouvelle variété. Si ce n’est pas le cas, vous aurez simplement observé une anomalie génétique tout aussi étrange que spectaculaire.