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UN NOUVEL ARBRE ÉTONNANT DÉCOUVERT AU GABON

Dans la catégorie des angiospermes (plantes à fleurs), un nouveau genre a été mis à jour en 2014 dans la forêt tropicale du Parc National des Monts de Cristal au Gabon. Cette rare découverte est l’œuvre d’une équipe de botanistes gabonais et français appartenant aux laboratoires Écologie, systématique et évolution (Université Paris-Sud/CNRS) et Diversité, adaptation, développement de plantes (IRD/Université de Montpellier). Ces scientifiques étaient dirigés par Thomas Louis Peter Couvreur (né en 1979) et Hervé Sauquet, auxquels la nomenclature botanique internationale a attribué la description et la dénomination officielles de la plante.

Cette découverte montre que des plantes tropicales intéressantes et encore inconnues de la science peuvent être découvertes de nos jours, même dans des endroits considérés comme botaniquement explorés et même connus.

 Un nouveau venu dans la famille des Annonaceae

Constituant un nouveau genre et par conséquent une espèce nouvelle, ce végétal appartient à la famille des Annonaceae, considérée comme des dicotylédones primitives. Cette famille riche de quelque 100 genres et 2 500 espèces, renferme plusieurs plantes bien connues telles l’ylang-ylang (Cananga odorata), la chérimole (Annona cherimola), le corrosol (Annona muricata), la pomme cannelle (Annona squamosa), le paw-paw (Asimina triloba), le muscadier du Gabon (Monodora myristica) et l’arbre à orchidées (Monodora tenuifolia).

Une plante qui honore un grand naturaliste anglais

La plante a été nommée Sirdavidia solannona en l’honneur de Sir David Attenborough (né en 1926 à Isleworth à l’ouest de Londres), naturaliste, réalisateur et présentateur anglais de la BBC, dont le travail cinématographique a inspiré la vocation de nombreux biologistes.

Le nom d’espèce souligne la ressemblance saisissante des fleurs avec celles de certains Solanum, une caractéristique inhabituelle et nouvelle pour une d’Annonaceae. La description botanique complète de la plante a été publiée dans la revue PhytoKeys du 4 février 2015.

Une espèce rare et très localisée

Sirdavidia solannona n’a été trouvé que dans trois localités du Gabon (deux près du barrage de Kinguélé dans le Parc national des Monts de Cristal, l’autre au sud du Parc national d’Ivindo), d’où son classement comme « Espèce en danger » selon la nomenclature de l’UICN (Union internationale pour la Conservation de la Nature). Sirdavidia solannona se développe près des rivières ou sur des sols inondés sous le couvert des forêts tropicales matures et anciennes, entre 300- et 600 m d’altitude.

Sirdavidia solannona est un petit arbre de 4 à 6 m de haut dont les feuilles simples, alternes, coriaces, de 20 à 25 cm de long, sont ovales avec une pointe terminale de 2 à 3 cm. Les nervures pennées sont nettement apparentes.

Un positionnement phylogénétique particulier

La structure florale inhabituelle pour une Annonacée a conduit les chercheurs à soupçonner que la plante pourrait constituer un nouveau taxon. Ils ont donc entrepris une analyse phylogénétique et des observations morphologiques plus approfondies. Une analyse phylogénétique préliminaire a indiqué que le nouveau taxon s’intégrait dans la tribu des Piptostigmateae (6 genres connus : Annickia ; Greenwayodendron ; Mwasumbia ; Piptostigma ; Polyceratocarpus et Sirdavidia) appartenant à la sous-famille de Malmeoideae (47 genres).

Des fleurs qui évoquent celles des Solanaceae

Mesurant 3cm de diamètre environ, les fleurs de Sirdavidia solannona sont groupées en inflorescences axillaires ou même caulinaires (sur les branches et le tronc) composées d’une à trois corolles dont les pétales réfléchis rouges contrastent avec les étamines dressées en cône jaune brillant. Elles ne correspondent à aucun des genres connus de la famille des Annonaceae. L’analyse des séquences d’ADN a confirmé la nécessité de créer un nouveau genre pour cette nouvelle plante.

Curieusement, les chercheurs ont remarqué que la plante la plus proche de Sirdavidia solannona est Mwasumbia alba un genre monospécifique endémique de Tanzanie, qui vit dans une forêt distante de plus de 3 000 km du biotope de Sirdavidia !

Des fleurs secouées par les insectes pollinisateurs

Les fleurs de Sirdavidia solannona bénéficient probablement d’une « pollinisation vibratile », un mode très spécifique de fécondation entomogame où abeilles et bourdons font vibrer leurs ailes pour secouer les fleurs afin de libérer et récolter le pollen des étamines. Cette méthode originale est caractéristique des Solanaceae (piment, pomme de terre, tomate) dont les fleurs ressemblent fortement à celles du Sirdavidia, d’où le nom d’espèce qui fait cohabiter Solanaceae et Annonaceae.

 « Si ce système de pollinisation est confirmé, il s’agirait d’une nouvelle plante tout à fait exceptionnelle, car la pollinisation vibratile n’a jusqu’à présent jamais été recensée chez les Magnoliidae et les premières lignées d’Angiospermes (plantes à fleurs) en général, qui représentent environ 10 000 espèces dans le monde », ont précisé les botanistes Thomas Couvreur et Hervé Sauquet.


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