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Infertilité

En Amérique du Nord, des millions de couples font face à un problème d’infertilité. Bien qu’on ne puisse faire grand chose pour modifier l’horloge biologique et inverser le cours du temps, les innovations techniques permettent aujourd’hui à un nombre croissant de personnes de donner la vie à un enfant.

Ce qu’est l’infertilité

Devenir enceinte et amener un bébé à terme peut sembler la chose la plus naturelle au monde et, pourtant, ce n’est pas toujours le cas, particulièrement si la complexe machine humaine, le moment opportun et la chance vous font défaut. Songez à tout ce qui doit être mis en branle pour donner la vie:  des spermatozoïdes bien formés et actifs doivent pénétrer dans l’utérus et nager jusqu’aux trompes de Fallope au moment exact où l’un des ovaires libère un ovule,. Un seul  spermatozoïde pourra pénétrer l’ovule pour le fertiliser. L’embryon nouvellement formé doit alors s’acheminer vers le bas de l’utérus et s’ancrer fermement contre la paroi de l’utérus.

Si se scénario n’aboutit pas au bout de 12 mois de rapports sexuels réguliers et non protégés, le médecin pose un diagnostic d’infertilité. Les fausses couches à répétition sont également considérées comme une forme d’infertilité. A l’annonce du diagnostic, plusieurs réagissent par la colère ou par une grande tristesse. Une fois sur cinq, la cause échappe au médecin, malgré tous les examens médicaux. Parfois, le problème vient de l’homme et peut habituellement être traité. Dans le tiers des cas, il vient des deux partenaires. Chez la femme, l’âge intervient: vous naissez avec un nombre limité d’ovules qui commence habituellement à diminuer autour de la trentaine.

Dans la plupart des cas, les médecins finissent par identifier le problème et le traiter. Ainsi, chez près de 30% des femmes souffrant d’infertilité, les trompes de Fallope sont obstruées, empêchant l’ovule de descendre dans l’utérus. Le syndrome inflammatoire pelvien, une grossesse ectopique (dans la trompe) antérieure, l’endométriose ou une intervention chirurgicale au niveau du pelvis peuvent également entraîner une obstruction. Chez 20% des femmes infertiles, il s’agit d’un trouble de l’ovulation, par exemple une ovulation irrégulière et peu fréquente résultant de déséquilibres hormonaux, d’un problème de poids, d’un entraînement athlétique poussé ou du stress. Les troubles des glandes hormonales telles que la thyroïde et la pituitaire peuvent également empêcher l’ovulation. Enfin, 20%  des cas peuvent être attribués à la présence de fibromyomes ou d’un autre trouble de l’utérus qui empêche l’implantation de l’embryon ou provoque une fausse couche.

Traitement de l’infertilité

Plusieurs facteurs détermineront votre réussite à concevoir un enfant et à le mener à terme; cela dépend entre autres choses de ce qui cause votre problème et de sa gravité. Bien entendu, il est essentiel de choisir le moment approprié pour les rapports sexuels. Quant aux déséquilibres hormonaux, ils sont souvent corrigés par le recours à des médicaments favorisant l’ovulation. Une femme sur dix opte pour les solutions technologiques de pointe, par exemple la fertilisation in vitro. Si les organes de reproduction sont endommagés, on pourra y pallier par une intervention chirurgicale. Il est encourageant de savoir que, même quand les experts n’arrivent pas à mettre le doigt sur la cause de l’infertilité, chez 60% des couples traités, la femme parvient à être enceinte au bout de trois ans ou moins.

Médicaments contre l’infertilité

Les problèmes hormonaux, par exemple l’irrégularité ou l’absence des règles, ou un cycle anormalement long, sont traités au citrate de clomifène, médicament qui induit l’ovulation. Afin d’augmenter leurs chances, certaines femmes en prennent pour stimuler la production de plus d’un ovule (d’ailleurs, 10 à 20% des naissances résultant de l’utilisation de médicaments contre l’infertilité sont multiples). Si, à l’issue de ce traitement, vous n’ovulez toujours pas, on aura recours à de puissants stimulateurs hormonaux, qui reproduisent les diverses étapes menant à l’ovulation et favorisent le développement des follicules ovariens producteurs d’ovules. On pourrait d’abord vous administrer un agoniste de la gonadolibérine afin d’empêcher votre organisme de secréter des hormones et laisser ainsi les hormones artificielles prendre le relais.

Administrés sous forme d’injections sur une période de quelques jours, les inducteurs de l’ovulation sont habituellement associés à diverses interventions. La ménotropine agit directement sur les ovaires afin de stimuler le développement des follicules. La follitropine (hormone foliculostimulante ou HFS), notamment le Gonal-F, le Follistim et le Bravelle, stimulent la production des follicules et des ovules. La gonadotrophine chorionique reproduit le mécanisme d’action de l’hormone lutéinisante (LH) qui libère des ovules matures, augmentant les chances d’implantation. Administrée à la suite de l’ovulation, la progestérone prépare la paroi de l’utérus à l’arrivée de l’embryon. De nombreuses femmes ovulent après avoir pris ces médicaments mais elles ne deviennent pas toutes enceintes. En outre, ce ne sont pas des substances inoffensives. Vous devez vous assurer de bien en connaître les bienfaits et les risques afin de peser le pour et le contre. D’autres médicaments peuvent corriger les problèmes liés à une surproduction de prolactine (une hormone qui interfère avec la production de HFS et de LH) ou à un déséquilibre endocrinien de la thyroïde.

Changements dans le mode de vie

Vous pouvez faire beaucoup pour augmenter vos chances d’être enceinte. Comme la fertilité est à son maximum cinq jours avant l’ovulation, il est important de dresser la carte de votre cycle menstruel en prenant votre température basale tous les matins (dès le lever) pendant quelques mois. Autre indice, juste avant l’ovulation, vous produisez une substance poisseuse, translucide et copieuse. Quant à l’ovulation elle-même, elle s’accompagne d’un léger pincement dans l’abdomen. Enfin, vous pouvez également utiliser un test d’ovulation maison.

De nombreux médicaments qui semblent parfaitement anodins (par exemple, les antiasthmatiques) peuvent compromettre la fertilité, sans compter qu’ils risquent de menacer votre grossesse, le cas échéant; dressez la liste des médicaments que vous prenez et parlez-en à votre médecin. Renoncez à l’alcool: un simple verre par jour pourrait compromettre votre fertilité. Restreignez aussi votre consommation de caféine; il suffit de plus d’une tasse de café par jour pour augmenter votre risque de faire une fausse couche (les infusions vendues dans les cafés de luxe sont particulièrement fortes). Enfin, l’usage du tabac est associé à des problèmes d’infertilité, les fumeurs inhalant une substance toxique qui aurait pour effet de provoquer une insuffisance ovarienne. Voilà donc une autre bonne raison d’écraser.

Plus d’un cas d’infertilité sur dix est associé à un problème de poids, par excès ou par défaut. Visez au maintien d’un poids normal; votre indice de masse corporelle (IMC) devrait osciller entre 20 et 27, selon que vous êtes mince ou plus corpulente. Faites de l’exercice avec modération: les exercices vigoureux ont pour effet de faire baisser les taux d’oestrogène et de progestérone. A la limite, ils peuvent même inhiber l’ovulation et l’implantation de l’embryon dans l’utérus. Idéalement, vous devriez faire une marche de 3 à 4  kilomètres par jour. Adoptez une alimentation saine et complète, et prenez les vitamines prénatales de base.

Interventions pour le traitement de l’infertilité

L’insémination artificielle permet de donner un petit coup de pouce à la nature. Pour cette intervention, on injecte du sperme directement dans l’utérus une ou deux fois avant l’ovulation ainsi que pendant. Rapide et relativement indolore, elle est parfois pratiquée sans recours aux médicaments. Pour toutes les autres techniques de procréation médicalement assistée (PMA), on administre des médicaments qui favorisent le développement de follicules à multiples ovules. Des examens aux ultrasons et des analyses sanguines permettent au médecin de savoir quand les follicules sont assez gros pour contenir plusieurs ovules: environ 36 heures plus tard, on administre une hormone élaborée par le placenta, l’hormone chorionique gonadotrophique (hCG), afin d’induire l’ovulation.

Dans plusieurs interventions, le chirurgien, guidé par les ultrasons, retire l’ovule à l’aide d’une aiguille qu’il insère dans la paroi vaginale. L’ovule (ou les ovules) est fertilisé par des spermatozoïdes et mis à incuber en laboratoire. Les embryons sains sont ensuite transférés dans l’utérus par fertilisation in vitro (FIV). Pour le transfert inter-fallopien de gamètes (TIFG), le sperme et les ovules sont placés directement dans les trompes de Fallope et la fertilisation se fait naturellement. Si cette dernière intervention échoue, on pourra avoir recours au transfert intrafallopien de zygotes (ZIFT), solution hybride entre la FIV et la TIFG: les ovules fécondés en laboratoire sont placés dans les trompes de Fallope.

Dans les cas où un ovaire, une trompe de Fallope ou l’utérus sont endommagés, on n’envisagera de pratiquer une intervention chirurgicale que si les perspectives de fertilité sont bonnes. Si elles sont offertes dans votre région, les techniques laparoscopiques minimalement effractives constituent la meilleure solution.

Questions à poser à votre médecin

  • Quel est le taux de succès de votre clinique de fertilité? Comment se compare-t-elle à d’autres?
  • Est-ce que l’une ou l’autre de ces hormones est dangereuse pour moi?
  • Je fais sans cesse des fausses couches. De quelles solutions est-ce que je dispose?
  • Combien va me coûter le traitement? Est-ce que les coûts sont couverts par mon assurance médicale?

Vivre avec l’infertilité

Voici quelques conseils qui vous aideront à mieux prendre en charge votre infertilité:

  • Ne perdez pas de temps. Si vous avez plus de 30 ans et que votre infertilité constitue pour vous un enjeu, n’attendez pas toute une année pour consulter un médecin. Si vous avez plus de 35 ans, consultez au bout de six mois de tentatives infructueuses à procréer. Consultez en tout temps si vous n’avez plus de menstruations, avez fait trois fausses couches ou plus, ou faites une infection des organes génitaux.
  • Ne vous laissez pas intimider par les coûts de l’intervention. Avant d’entreprendre un traitement, vérifiez les clauses de votre assurance médicale. Il y a de fortes variations d’une entreprise à l’autre pour les examens et les traitements couverts par l’assurance, particulièrement en présence d’une maladie préexistante.
  • Exprimez vos sentiments. L’infertilité peut miner votre sentiment de féminité, de confiance en vous-même et d’identité. Il se peut que vous éprouviez de la tristesse, de la colère ou le désir de vous replier sur vous-même. Ne reniez pas ces sentiments: bien d’autres femmes les éprouvent. Il existe de nombreuses solutions qui contribueront à soulager votre chagrin. Demandez à votre médecin de vous diriger vers un thérapeute en counselling ou un groupe d’entraide.
  • Méfiez-vous des suppléments ou autres remèdes populaires. De nombreux remèdes traditionnels (vitex, racine de fausse licorne, etc.) pourraient ne pas être efficaces. Quant au millepertuis, à l’échinacée et au ginkgo, à hautes doses, ces plantes pourraient exercer des effets néfastes sur les ovules, le sperme ou le processus de fertilisation.


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