Quand les articulations font mal et sont sensibles, la moindre activité, aussi simple soit-elle, devient une pénible corvée. Heureusement, les dernières percées en pharmacologie ont révolutionné le traitement de cette maladie inflammatoire qu’est l’arthrite rhumatoïde, permettant à ceux qui en souffrent de mener à nouveau un vie active et productive.
ShutterstockNormalement, les os, et le cartilage qui les revêt, glissent l’un contre l’autre en douceur et les mouvements se font sans douleur. Cependant, chez ceux qui souffrent d’arthrite rhumatoïde (AR), le cartilage s’enflamme et se dégrade, provoquant de la douleur, de la raideur et de l’enflure. Si la maladie progresse, les os et les ligaments risquent l’usure permanente. Elle cause des lésions au coeur, aux poumons, aux muscles et à la peau, et les personnes qui en sont atteintes courent un risque plus élevé de souffrir du cancer du sang ou de la lymphe.
A la différence de la simple usure articulaire caractéristique de l’arthrose, l’arthrite rhumatoïde résulte d’une défaillance du système immunitaire, qui s’attaque aux tissus sains des articulations. Personne ne sait ce qui la déclenche. Les scientifiques ont émis l’hypothèse qu’elle pouvait résulter d’une infection, ou encore, d’une infection se doublant de facteurs génétiques exacerbant la susceptibilité. Lors d’une crise d’arthrite rhumatoïde, les globules blancs s’accumulent dans les articulations et lancent une attaque inflammatoire, secrétant en cours de route des cytokines, substances qui se joignent au combat. Le facteur onconécrosant-α, protéine destructive, et l’interleukine 1, appartiennent à cette catégorie. Pour se défendre, les cellules des articulations attaquées libèrent des substances chimiques appelées prostaglandines, qui provoquent de la rougeur, de la douleur et de l’enflure. Ce processus inflammatoire est caractéristique de la maladie, bien qu’il en existe des formes moins graves que d’autres.
Le traitement vise en premier lieu à stopper l’inflammation. Au cours des dix dernières années, on a vu apparaître de nouveaux médicaments capables de freiner l’inflammation et la progression de la maladie. Les autosoins sont également importants. Pour les cas les plus graves, on a recours à divers traitements chirurgicaux et non chirurgicaux. Les possibilités de traitement sont telles qu’il serait avisé d’en parler avec votre médecin afin qu’il vous recommande celui qui serait le mieux approprié à votre problème. Bien qu’aucun ne guérisse la maladie, certains peuvent apporter un soulagement à long terme.
Dans le passé, l’approche classique consistait à recommander en premier lieu les médicaments les moins toxiques, par exemple l’aspirine. Si cela ne fonctionnait pas, on avait recours à des médicaments de plus en plus puissants et, par conséquent, présentant des effets secondaires de plus en plus marqués. De nos jours, les médecins prescrivent des traitements puissants dès le départ afin de stopper l’inflammation et freiner l’évolution de la maladie à un stade précoce, avant que les lésions ne s’aggravent. Ce traitement pourrait être particulièrement utile si votre arthrite rhumatoïde est grave. Gardez toutefois à l’esprit que vous connaîtrez des bons et des mauvais jours et de longues périodes de rémission où vous aurez l’impression que la maladie est complètement guérie.
De nombreux médicaments contre l’arthrite rhumatoïde sont apparus au cours des dernières années. L’important est de trouver celui qui vous convient. Vous pourriez obtenir un soulagement rapide en prenant un simple antidouleur, par exemple de l’aspirine ou un autre anti-inflammatoire non stéroïdien (AINS) en vente libre ou d’ordonnance, tels que le naproxène, l’ibuprofène ou l’indométhacine. Les inhibiteurs de la COX-2, nouvelle famille d’AINS, qui ont pour effet de moduler l’action inflammatoire des prostaglandines, pourraient causer moins d’effets indésirables. Le célécoxib (Celebrex) et le valdécoxib (Bextra) en font partie. Si les AINS n’arrivent pas à combattre l’inflammation, vous devrez peut-être prendre des médicaments plus puissants.
Bien qu’ils présentent plus d’effets indésirables, les corticostéroïdes administrés par voie orale combattent rapidement l’inflammation. Pour minimiser les effets du prednisone, corticostéroïde fréquemment prescrit, on recommande de le prendre lorsque l’organisme produit naturellement des stéroïdes, soit tôt le matin, entre 5 et 7 heures. On peut également injecter directement le stéroïde dans les articulations pour soulager les accès inflammatoires. On ne doit toutefois pas y avoir recours trop souvent, cette pratique risquant de causer des lésions.
Habituellement, on entreprend rapidement le traitement au moyen de médicaments plus puissants afin de protéger les articulations et les organes des lésions à long terme. Les antirhumatismaux modificateurs de la maladie, ou ARMM, sont utilisés à cette fin. Le méthotrexate (Rheumatrex), à l’origine un anticancéreux, est celui que l’on prescrit le plus souvent. Administré à faibles doses, il combat l’inflammation, soulageant la douleur et les autres symptômes Le sulfasalazine (Azulfidine), l’or, administré par voie orale ou intraveineuse, l’hydroxychloroquine (Plaquenil), le pénicillamine (Cuprimine, Depen) et la cyclosporine (Sandimmune, Neoral), un immunodépresseur, sont également utilisés. Quant au léflunomide (Arava), il soulage l’inflammation en bloquant l’action de l’interleukine-1. Cependant, il augmente le risque d’infections sériques. Les ARMM sont parfois administrés en association.
Les modificateurs de la réponse biologique, une nouvelle famille d’antirhumatismaux, pourraient également vous soulager. Utilisés dans les stades précoces, ils préviennent l’érosion progressive des articulations. L’infliximab (Remicade), qui est administré par intraveineuse toutes les quatre à six semaines par le médecin, l’étanercept (Enbrel), que vous pouvez vous injecter vous-même deux fois par semaine, et l’adalimumab (Humira) font partie de cette famille de médicaments. Ils ont tous pour effet de bloquer l’action du facteur onconécrosant-α et, pour cette raison, portent aussi le nom de bloqueurs du TNF-α. L’anikinra (Kineret), un autre modificateur de la réponse biologique, pourrait également être utile. Lors d’essais, on a observé que les patients se sentaient mieux après avoir pris ces médicaments et, dans certains cas, on a obtenu un soulagement complet de certains symptômes Il serait peut-être plus efficace de les associer au méthotrexate ou à d’autres ARMM. Pour les crises plus graves et en cas de rechute, le médecin pourrait vous administrer de puissants immunodépresseurs, tels que l’azathioprine (Imuran), le chlorambucil (Leukeran) ou le cyclophosphamide (Cytoxan). Ces médicaments suppriment l’activité du système immunitaire mais peuvent être très toxiques.
N’importe lequel de ces médicaments pourrait vous soulager en quelques semaines mais le traitement est habituellement administré sur le long terme. Au bout d’un certain temps, le médecin pourra décider de diminuer votre dosage ou de vous administrer une nouvelle association de médicaments.
Bien que l’arthrite rhumatoïde soit une maladie grave, certaines mesures pourraient contribuer à vous soulager.
Le prosorba, une nouvelle technique de filtration du sang (immunoadsorption de la protéine A) constitue une solution pour ceux que les médicaments ne soulagent pas. Elle consiste à retirer le sang par un bras, là e filtrer dans une colonne où il est séparé des substances inflammatoires, puis à le retourner dans l’organisme par l’autre bras. Les séances s’étendent sur 12 semaines, à raison d’une par semaine. Vous devriez commencer à aller mieux peu de temps après votre dernier traitement et les bienfaits devraient se prolonger sur une période de 18 mois. Seulement lorsque la détérioration est très grave, aura-t-on recours à des interventions chirurgicales consistant à remplacer l’articulation d’une hanche, d’un genou ou d’un doigt (arthroplastie par remplacement).
Grâce à ses propriétés anti-inflammatoires, l’huile d’onagre (1000 mg, trois fois par jour) peut soulager les articulations endolories. Le boswellia (150 mg, trois fois par jour) est utilisé de longue date en Inde pour traiter l’inflammation. Vous pouvez également appliquer de la crème de capsicine (composé présent dans les piments forts) sur les articulations malades trois ou quatre fois par jour. En outre, les médecins ayant une approche nutritionnelle de la maladie recommandent d’adopter une alimentation d’où sont exclus les aliments susceptibles de déclencher les symptômes de l’arthrite rhumatoïde.
Voici quelques conseils qui vous aideront à mieux prendre en charge votre arthrite rhumatoïde: