Si vous avez des calculs biliaires, vous serez certainement rassuré d’apprendre qu’on dispose désormais de nouvelles techniques chirurgicales, moins effractives que par le passé, qui contribueront à calmer votre douleur et à vous remettre rapidement sur pied.
Imaginez votre vésicule biliaire comme une petite gare où la bile (un épais suc digestif verdâtre jaunâtre) provenant du foie est entreposée. Lorsque votre organisme en a besoin pour faciliter l’absorption des gras, la vésicule biliaire en propulse dans vos intestins. La bile contient un mélange de cholestérol, de calcium et de bilirubine, déchet provenant des vieilles cellules sanguines. Si l’un ou l’autre de ces produits s’accumule, on assiste à la formation de cristaux, qui s’agglutinent pour former un calcul biliaire. Ce dernier peut être aussi petit qu’un grain de sable ou aussi gros qu’une balle de golf.
Il y a de fortes chances que vous n’éprouviez aucun symptôme et qu’on découvre le calcul par hasard lors d’un examen que vous passez pour d’autres raisons (les examens radiographiques de la cage thoracique, par exemple, englobent souvent la vésicule biliaire). Bien que ces calculs «silencieux» soient généralement inoffensifs, ils peuvent, à l’occasion, causer des problèmes. Si, par exemple, un calcul cherche à s’introduire dans l’étroit canal qui relie votre vésicule biliaire à votre petit intestin, vous éprouverez une douleur aiguë tant qu’il ne l’aura pas traversé. Il arrive aussi que le calcul reste coincé, causant une affection plus grave, la cholécystite aiguë. En plus d’obstruer le canal, il peut entraîner une infection de la vésicule ou du canal, potentiellement fatale. On soigne cette maladie avec des antibiotiques une fois que le calcul est passé ou qu’on l’a extrait.
Si votre canal est infecté ou obstrué, vous ne l’ignorerez certainement pas : la douleur naîtra d’abord dans le côté droit supérieur de votre abdomen pour irradier dans votre dos ou votre épaule droite, empirant chaque fois que vous prendrez une respiration profonde. Quand la douleur survient par vagues successives, on lui donne le nom de «colique»; elle se produit lorsque le canal s’efforce d’expulser le calcul. Si, par contre, la douleur est constante et que cette région de votre abdomen est sensible, il s’agit peut-être de cholécystite aiguë. Les accès surviennent habituellement à l’issue d’un repas copieux ou riche en gras. Ils sont parfois accompagnés de ballonnements, de nausée et de vomissements. Une forte fièvre, la jaunisse et une douleur incessante indiquent qu’il pourrait s’agir d’une obstruction prolongée.
On ne sait pas avec certitude pourquoi certaines personnes font de calculs biliaires. Par contre, tous les étudiants en médecine connaissent le profil des personnes à risque pour en avoir appris les cinq indices les plus communs : la personne a la peau claire, c’est une femme (l’strogène stimule la sécrétion de cholestérol), elle fait de l’embonpoint (le surpoids entraîne aussi une augmentation de la sécrétion de cholestérol), elle a déjà été enceinte et elle a plus de 40 ans. Les régimes draconiens, le diabète ou une maladie inflammatoire des intestins constituent également des facteurs de risque.
Si vous avez un calcul mais pas de symptômes, le médecin vous recommandera probablement d’attendre pour voir ce qui va se passer. Les changements apportés au mode de vie, notamment un régime pauvre en gras et la perte de quelques kilos, donnent habituellement de bons résultats, surtout s’il s’agit de soulager les symptômes légers et intermittents. Si vous avez déjà passé un calcul et que la radiographie en montre d’autres, votre médecin recommandera probablement l’intervention chirurgicale. Si vous avez les symptômes de la cholécystite aiguë (douleur incessante et fièvre), il décidera de vous hospitaliser afin de vous administrer des antibiotiques et des analgésiques par voie intraveineuse. Pour les crises récurrentes ou suite à une crise de cholécystite aiguë ayant été traitée aux antibiotiques, il pourrait recommander l’ablation de la vésicule biliaire, intervention qui se trouve aujourd’hui grandement simplifiée par la laparoscopie.
Si vous éprouvez une douleur intense dans la partie supérieure de l’abdomen, appelez immédiatement votre médecin ou rendez-vous à l’urgence. On vous mettra probablement sous médication intraveineuse, comprenant un analgésique, tel que la mépéridine (Demerol) ou la pentazocine (Talwin), un médicament qui arrête les vomissements et, si vous montrez des signes d’infection, un antibiotique. On vous administrera également des électrolytes et des liquides par voie intraveineuse. Si votre douleur disparaît et que les analyses en laboratoire ne révèlent aucune complication, on vous renverra probablement à la maison avec des analgésiques et, au besoin, des antibiotiques. Prenez rendez-vous avec votre médecin pour discuter avec lui d’une possible intervention chirurgicale.
L’ acide ursodéoxycholique, ou ursodiol (Actigall), dissout les calculs biliaires. Ce médicament n’est guère utilisé car il n’est efficace que dans environ 10% des cas, mais si vous souhaitez ou devez, pour des raisons médicales, éviter l’intervention chirurgicale, votre médecin pourrait vous le recommander. Il s’administre par voie orale et dissout les calculs sur une période d’un an ou deux. Il n’agit que sur les petits calculs composés de cholestérol. Une mise en garde s’impose toutefois : comme les risques de rechute au bout de cinq ans sont d’environ 50% , vous pourriez devoir prendre une dose d’entretien à long terme.
La première priorité des personnes qui ont eu un calcul biliaire c’est d’éviter d’en avoir d’autres. Vous pouvez diminuer vos risques de rechute, et même les prévenir, en suivant les conseils suivants :
Pour les calculs problématiques, le traitement le plus courant consiste à éliminer le problème à la source en pratiquant l’ablation de la vésicule biliaire. Cette intervention porte le nom de «cholécystectomie». Jusqu’en 1990, on l’effectuait en pratiquant une longue incision dans l’abdomen (cholécystectomie ouverte). De nos jours, 90% des ablations sont effectuées par une technique moins effractive, la cholécystectomie laparoscopique. Elle consiste à pratiquer quatre petites incisions dans l’abdomen, puis à retirer la vésicule à l’aide d’instruments chirurgicaux flexibles assistés d’une minuscule caméra. En cas de difficultés, le chirurgien peut toujours se rabattre sur la cholécystectomie ouverte.
Si vous subissez une cholécystectomie laparoscopique, vous n’aurez à passer qu’une journée à l’hôpital, moins si l’intervention se fait en clinique externe, par opposition aux cinq jours requis pour une cholécystectomie ouverte. Vous devriez vous rétablir rapidement; de nombreuses personnes reprennent leurs activités normales au bout d’une semaine. (Avec l’intervention classique, il faut compter une période de quatre à six semaines). L’intervention n’étant généralement pas considérée comme urgente, vous pourrez décider du moment où vous la subirez. Cependant, si, alors que vous êtes hospitalisée, les analyses de laboratoire indiquent que vous souffrez d’une grave complication, par exemple un abcès ou une perforation de la vésicule, vous devrez la subir dans les plus brefs délais.
Si votre médecin pense qu’un calcul est coincé dans votre canal mais qu’il n’y a pas d’infection, il pourrait recommander une cholangiopancréatographie rétrograde endoscopique (CPRE). Cette intervention consiste à passer par la bouche, l’oesophage, l’estomac et le petit intestin, un tuyau mince et flexible muni d’une caméra et d’instruments chirurgicaux, et de le diriger vers la minuscule ouverture où aboutit le canal biliaire. Le médecin peut voir le calcul, le saisir à l’aide des instruments chirurgicaux et l’extraire du canal.
Chez un petit nombre de personnes, on peut traiter les calculs biliaires au moyen d’interventions moins effractives que la chirurgie. L’une d’entre elles consiste à pulvériser les calculs à l’aide d’ondes ultrasoniques (processus que l’on appelle «lithotritie extracorporelle par ondes de choc») afin d’en réduire la taille; les fragments pourront passer dans les canaux ou, au besoin, être dissous par les médicaments. Pour vous qualifier, votre calcul doit être très petit et votre vésicule saine. Les médecins ne la recommandent que rarement, les chances que les calculs réapparaissent au bout de cinq ans étant de 50%. Une autre intervention, également destinée aux petits calculs, consiste à infuser un solvant directement dans la vésicule au moyen d’une longue aiguille fine. Le solvant, de l’oxyde de méthyle et de tert-butyle, dissout les calculs en un jour ou deux. Comme c’est le cas pour les autres traitements non chirurgicaux, les calculs pourraient réapparaître.
Voici quelques conseils qui vous aideront à mieux prendre en charge vos calculs biliaires: