On s’étonne qu’une chose aussi petite puisse causer autant de douleur! Quoiqu’il en soit, vous pouvez réduire considérablement votre risque de faire des calculs rénaux si vous apportez quelques changements pertinents à votre mode de vie. À moins d’y être génétiquement prédisposé, ce qui est relativement rare.
Les reins sont conçus pour éliminer les particules de sels et de minéraux qui se retrouvent dans l’uretère, long conduit étroit menant à la vessie; ils seront ensuite expulsés dans l’urine. Les problèmes surgissent lorsqu’un déséquilibre chimique ou un autre processus déficient favorise l’agglutination des particules, qui se transforment en cristaux, puis en calcul rénal. Lorsque le calcul quitte le rein pour s’introduire dans l’uretère, il provoque des réactions diverses allant de la douleur légère mais tenace à une souffrance intolérable, souvent accompagnée de nausée et de vomissements. Cette obstruction peut déclencher une infection des voies urinaires. Il arrive aussi que les calculs restent coincés dans le rein, causant une infection qui ne s’accompagne habituellement pas de douleur dans l’immédiat.
Parmi les causes possibles, mentionnons une teneur élevée en calcium et en oxalate (produit chimique qui favorise la formation des calculs) dans l’urine, une absorption excessive de calcium par l’intestin, une trop grande consommation de sodium alimentaire, des déséquilibres chimiques, diverses affections (goutte, infections récurrentes des voies urinaires et hyperparathyroïdie) et même certains médicaments. Les calculs rénaux sont classés selon leur composition chimique. Ils sont habituellement faits de calcium et d’oxalate, mélange qui compose 70 à 80% d’entre eux. Environ 7% sont formés d’acide urique et un petit pourcentage de struvite (presque toujours le fait d’une infection des voies urinaires) ou de cystine; dans ce dernier cas, il s’agit d’un trouble génétique rare.
Les médecins ne s’expliquent pas exactement les divers mécanismes physiologiques qui mènent à la formation des calculs rénaux et ne savent pas pourquoi certaines personnes sont plus susceptibles que d’autres de souffrir des types les plus communs. Cependant, tout le monde s’entend sur une chose: les calculs rénaux peuvent être extrêmement douloureux. En fait, ceux qui en ont fait l’expérience disent que, de toutes les affections dont ils ont souffert, c’est la plus douloureuse. Même un calcul dont la taille atteint à peine celle de la gomme à effacer d’un crayon peut vous rendre misérable et vous conduire droit à l’urgence.
Si vous pensez être en train de passer un calcul rénal, appelez sans délai votre médecin ou rendez-vous à l’urgence. Si votre douleur est intense ou si vous montrez des signes de complications, par exemple une obstruction ou une infection, on pourrait vous hospitaliser. Cependant, près de 85% des calculs rénaux sont suffisamment petits (1 cm ou moins de diamètre) pour traverser l’uretère et entrer dans la vessie dans une période d’environ 72 heures après que la radiographie en ait révélé la présence. Une fois qu’il aura quitté l’uretère, votre douleur s’en ira aussi.
Entre-temps, votre souhait le plus cher sera d’obtenir un soulagement immédiat de la douleur. Les médicaments anti-inflammatoires et les narcotiques sont très efficaces et agissent rapidement. Si vous avez une infection urinaire, on vous mettra également sous antibiotiques. Les calculs qui se sont logés dans le rein ou l’uretère doivent être retirés, par une intervention chirurgicale ou autrement.
Votre médecin vous prescrira un antidouleur, probablement du kétorolac (Toradol) ou de la mépéridine (Demerol), un narcotique. On pourrait aussi vous administrer un antispasmodique afin de faciliter l’expulsion du calcul. Si les taux de calcium, d’oxalate ou d’acide urique de votre urine sont généralement élevés, le médecin pourrait vous prescrire des médicaments qui contribueront à prévenir la formation de calculs. Sa décision s’appuiera sur la composition chimique de votre calcul, sur les résultats des tests de laboratoire et sur votre formule sanguine, ces derniers révélant si vous êtes à risque élevé de récidive ou pas.
Si votre médecin vous conseille d’attendre que le calcul passe, vous pourriez raccourcir la période d’attente en buvant beaucoup de liquides, soit trois ou quatre litres par jour. Marcher pourrait aussi accélérer le transit du calcul. Il est important que vous filtriez votre urine (le médecin vous donnera une trousse à cet effet) afin de recueillir le calcul et le faire analyser en laboratoire. Gardez à l’esprit que le risque de récidive d’une personne qui a déjà eu un calcul est de 50% dans les cinq années suivantes (à moins quelle prenne un médicament préventif). Cependant, vous pouvez diminuer considérablement ce risque en adoptant les mesures suivantes:
Il n’y a pas si longtemps, seule une intervention chirurgicale majeure laissant une très longue cicatrice et suivie d’une interminable convalescence pouvait venir à bout d’un gros calcul rénal. Aujourd’hui, les médecins disposent de solutions de rechange beaucoup plus douces. La lithotripsie extracorporelle par ondes de choc (LEOC) est la technique à laquelle on a recours le plus souvent pour fragmenter les calculs dans le rein ou la partie supérieure de l’uretère. Le médecin pourrait installer dans votre uretère un extenseur dans le but de le dilater et de faciliter le passage des calculs. Dans certains cas, vous pourrez retourner à la maison au bout de quelques heures; dans d’autres, on vous gardera un ou deux jours à l’hôpital par mesure de précaution. Le taux de succès de la LEOC oscille entre 50 et 90%, selon l’emplacement du calcul et sa composition chimique. Cette technique n’est cependant pas efficace pour les calculs de cystine ou pour ceux qui ont plus de 2,5 centimètres. Pendant les quelques jours qui suivent l’intervention, il se peut qu’il y ait du sang dans votre urine ou que vous éprouviez une douleur au côté ou à l’abdomen.
Cette intervention n’est pas très efficace, non plus, pour les calculs qui sont coincés au milieu ou dans la partie inférieure de l’uretère. Dans ces cas, le médecin pourra tenter une urétéroscopie, intervention minimalement effractive qui consiste à introduire dans l’uretère et la vessie un petit fibroscope (que l’on appelle urétéroscope). On retire alors les petits calculs au moyen de paniers ou de pinces. Les plus gros seront d’abord pulvérisés au laser, par des ondes de choc ultrasoniques ou par des chocs électriques, administrés à travers le fibroscope. Le taux de succès de cette intervention est de 90%. On a parfois d’abord recours à la LEOC pour fragmenter les calculs et en faciliter l’extraction par urétéroscopie.
Les gros calculs qui sont coincés dans le rein ou la partie supérieure de l’uretère ainsi que ceux qui sont trop tenaces pour la LEOC ou pour l’urétéroscopie pourront être traités par néphrolithotomie percutanée (NLP). C’est la méthode de prédilection pour extraire les calculs de cystine. Pour l’effectuer, l’urologue pratique une petite incision dans le dos, s’ouvre un étroit chemin dans le rein et, à l’aide d’un néphroscope, localise le calcul et l’extrait. S’il s’agit d’un gros calcul, il devra peut-être d’abord le fragmenter aux ultrasons ou au laser. Le taux de succès de cette intervention est de 98% pour les calculs du rein et 88% pour ceux de l’uretère. Les complications sérieuses sont très rares.
Les calculs composés d’acide urique, de struvite ou de cystine, beaucoup moins communs, pourront être dissous par chimiolyse. Ce procédé consiste à administrer, en une série de traitements, des produits chimiques par un cathéter introduit dans l’uretère. On peut avoir recours à la chimiolyse comme traitement primaire ou en association avec d’autres, mais elle n’est pas efficace pour les calculs composés de calcium. Quant à la néphrolithotomie, intervention chirurgicale effractive, moins de 2% des patients devront la subir. On n’y a recours que lorsque les autres méthodes pour pulvériser ou retirer le calcul ont échoué, ou dans certaines situations, par exemple si la personne est obèse ou si la structure de son rein est anormale.