La détresse intestinale associée au syndrome du côlon irritable (SCI) entraîne plus de trois millions de consultations médicales chaque année. Bien qu’on ne puisse guérir cette affection, on peut la traiter, bien souvent en modifiant simplement son alimentation et en faisant de l’exercice.
Bien qu’on ne sache pas exactement ce qui cause cette mystérieuse maladie qui rend misérables ceux qui en souffrent, les médecins reconnaissent aujourd’hui que «ça ne se passe pas juste dans la tête». Ils vous diront également qu’il ne s’agit pas d’une maladie qui menace votre existence et qu’elle ne risque pas de se transformer en une affection plus grave, comme l’affection abdominale inflammatoire ou le cancer du côlon.
Pour mieux comprendre le SCI, il est utile de comparer son processus à celui d’une digestion normale. Lorsque les aliments partiellement digérés arrivent dans l’estomac, ils sont généralement expulsés dans les intestins par une douce alternance de mouvements de contraction et de relaxation des muscles de la paroi intestinale; c’est ce qu’on appelle le péristaltisme. Quand on souffre du SCI, les muscles du côlon (une partie du gros intestin) deviennent spasmatiques, se contractant trop souvent et violemment (causant de la diarrhée) ou insuffisamment et faiblement (causant de la constipation).
Les épisodes de diarrhée et de constipation alternés qui sont associés au syndrome du côlon irritable apparaissent à la fin de l’adolescence ou au début de la vingtaine, essentiellement chez les femmes. Cependant, de nombreuses personnes qui en souffrent ne reçoivent jamais de diagnostic, les tests médicaux ordinaires ne révélant aucune anomalie particulière.
On spécule beaucoup sur les causes de ce dérèglement du côlon. Certains pensent que les problèmes hormonaux pourraient être en cause (les femmes qui souffrent du syndrome semblent être aussi plus sujettes au syndrome prémenstruel) ou encore, un déséquilibre chimique dans le cerveau. Chez certains, les crises semblent être déclenchées par des aliments, ou des substances, notamment le lactose contenus dans les produits laitiers. L’abus d’antibiotiques pourrait également être en cause, de même qu’une infection bactérienne, virale ou parasitaire.
Le stress semble aussi jouer un rôle clé. Même une personne en santé se retrouvant dans une situation particulièrement stressante aura des spasmes intestinaux et, à la limite, pourra même relâcher ses intestins. La différence, c’est que les personnes souffrant de SCI font l’expérience de cette réponse intestinale au stress de manière excessive.
Le médecin commencera probablement par vous faire passer des tests qui permettront d’écarter, le cas échéant, les affections intestinales plus graves, telles que la maladie de Chrohn, la recto-colite hémorragique (ou colite ulcéreuse), la diverticulite et le cancer du côlon. Une fois ces maladies exclues, votre programme de traitement dépendra de vos principaux symptômes: diarrhée, constipation, douleur abdominale et ballonnements. Si votre syndrome est léger (c’est le cas des deux tiers des patients), le médecin vous conseillera probablement de commencer par des approches non médicamenteuses: changement dans l’alimentation, techniques de gestion du stress, exercice. Si elles ne parviennent pas à vous soulager, on vous recommandera des médicaments.
Si vos symptômes persistent malgré les changements que vous avez apportés à votre mode de vie, votre médecin pourrait vous recommander l’un ou l’autre des médicaments suivants (n’oubliez pas de parler avec lui de leurs effets secondaires et assurez-vous d’en respecter scrupuleusement le mode d’emploi):
De nombreuses personnes se sentent mieux simplement en changeant leur alimentation. En essence, évitez les aliments qui aggravent vos symptômes et limitez-vous à ceux qui ne vous posent pas de problèmes. Il pourrait être utile de tenir un journal afin de dégager des liens éventuels entre vos symptômes et ce que vous mangez. Notez ce que vous consommez et les aliments qui déclenchent un symptôme en particulier. Vous pourriez, par exemple, digérer mal les produits laitiers, le blé ou les produits à base de maïs, ou encore, les aliments acides ou les plats épicés. Les édulcorants artificiels, tels que le sorbitol et le mannitol, ainsi que le café, l’alcool et même le chocolat, peuvent également provoquer des spasmes.
Les repas copieux peuvent déclencher les contractions intestinales; il est donc préférable de manger souvent mais peu à la fois. Vous pourriez également augmenter votre consommation de fibres. Faites-le graduellement, sur une période de quelques semaines. Vous en bénéficierez grandement si la constipation ou les crampes abdominales sont vos principaux symptômes. En absorbant l’eau des intestins, les fibres ramollissent les selles et en facilitent l’expulsion. Elles leur donnent également du volume; le côlon étant plein, les risques de spasmes sont moindres. Les flocons et le son d’avoine, les produits du soya, l’orge et les haricots sont tous riches en fibres solubles. Si vous décidez de prendre un laxatif de lest, par exemple de la graine de psyllium (Metamucil, Citrucel), assurez-vous de boire beaucoup d’eau en même temps et prenez d’autres liquides tout au long de la journée.
Si les gaz constituent votre principal symptôme, essayez d’éliminer les aliments qui provoquent les flatulences, notamment les haricots, les pois, les lentilles, le brocoli, le chou-fleur, l’oignon, le concombre et les légumes feuilles. Quand vous irez mieux, réintroduisez-les graduellement dans votre alimentation et observez ce qui se passe.
Faites plus d’exercice. Les résultats d’études menées auprès de femmes souffrant de SCI indiquent que celles qui faisaient de l’exercice avaient moins de symptômes que les autres. Non seulement l’exercice stimule-t-il la digestion, mais il raffermit les muscles abdominaux, contribuant à maintenir en place ces intestins dissipés. C’est aussi un excellent moyen d’évacuer le stress. Pratiquez un exercice aérobique trois fois par semaine, à raison d’au moins 30 minutes par séance.
Si le stress aggrave votre syndrome du côlon irritable, les techniques de relaxation telles que le biofeedback et l’hypnose pourraient vous aider. Vous pouvez les apprendre auprès de professionnels puis les pratiquer vous-même à la maison. Au cours d’une séance de biofeedback, on vous branche sur un appareil qui prend les mesures de vos diverses fonctions, par exemple votre fréquence cardiaque, votre pression artérielle et votre tension musculaire. Pendant que vous pratiquez des exercices de relaxation, l’appareil vous fournit continuellement du feedback, vous laissant savoir à quel degré votre organisme est détendu. A la longue, vous arriverez à produire les mêmes résultats sans l’appareil. Quant à l’hypnose, elle a pour but de vous faire entrer dans un état de profonde relaxation. L’hypnothérapeute vous guide dans ce processus, vous indiquant de visualiser vos muscles intestinaux en train de se détendre. A l’issue de quelques séances, vous pourrez entrer et sortir à volonté de l’état hypnotique et arriverez, par autosuggestion, à reproduire l’expérience de relaxation.
Pour de nombreuses personnes souffrant de SCI, l’essence de menthe poivrée, qui agit comme relaxant musculaire, apporte un soulagement. Au cours d’une étude menée auprès de 110 personnes atteintes de cette affection, on a observé que celles qui prenaient une capsule d’essence 15 à 20 minutes avant le repas avaient moins de ballonnements, de diarrhée et de douleur au bout d’un mois de ce régime. Optez pour un supplément entéro-soluble afin que l’essence agisse dans votre intestin et non ailleurs. Prenez une ou deux capsules (contenant chacune 0,2 ml d’essence) deux ou trois fois par jour, avant les repas. Par contre, ne prenez pas ce produit si vous êtes enceinte (elle a pour effet de détendre l’utérus) ou si vous souffrez d’une hernie hiatale. Évitez, en outre, l’infusion de menthe poivrée, qui pourrait aggraver vos symptômes de SCI.
Voici quelques conseils qui vous aideront à mieux prendre en charge votre syndrome du côlon irritable: