Traits de comportement, de caractère, de personnalité… notre écriture parle – et peut même nous trahir.
Selon l’ex-professeure de sciences, Graziella Pettinati, l’écriture est le reflet de l’âme. Dans son bureau de Montréal, elle établit, à partir de spécimens manuscrits, des profils de personnalité pour des particuliers et des entreprises, et offre son expertise aux instituts de médecine légale et laboratoires de criminalistique.
En 2005, elle a étudié le profil psychologique de Victor Lelièvre, un prêtre de Québec décédé en 1956 et proposé à la béatification. Munie d’un spécimen d’écriture, l’experte certifiée en écriture et documents a étudié la taille, l’inclinaison et la courbure des lettres, la rapidité et le degré de pression des hampes et des jambages supérieurs et inférieurs, ainsi que l’espacement entre les mots. Conclusion ? Victor Lelièvre était un passionné plein d’assurance et était très actif au sein de sa paroisse.
Pratiquée depuis des siècles, la graphologie est respectée et enseignée dans plusieurs universités européennes, ce qui n’est pas le cas en Amérique du Nord. Parlez-en à la maître graphologue, Annette Poizner. Celle qui a cofondé le Colloque international de graphologie, organisme qui s’emploie à faire reconnaître la profession, s’efforce de libérer la discipline de son image négative de psychologie de quatre sous. À son avis, la bataille est loin d’être gagnée.
Selon la professeure émérite de l’Université Simon Fraser, Marilyn Bowman, il n’existe aucune preuve irréfutable qui puisse démontrer une corrélation entre tracés graphiques et personnalité. Mais, bien que la graphologie soit souvent perçue ici comme un divertissement de salon, les experts en écriture peuvent aider à repérer des caractéristiques graphologiques importantes. «Ils peuvent confirmer que deux spécimens d’écriture ont suffisamment de traits communs pour en déduire qu’ils appartiennent à la même personne», dit-elle, persuadée qu’il s’agisse d’un élément crucial dans l’analyse de documents judiciaires.
Pour sa part, le graphologue et expert judiciaire en écritures, Dor Gauthier, traduit le mouvement figé dans l’écriture en comportement psychologique. «J’étudie les dimensions verticales et horizontales des lettres, examine si elles sont attachées ou pas, anguleuses ou arrondies. Puis j’analyse la continuité et la rapidité des tracés», révèle-t-il. En 34 ans de carrière, il a examiné une multitude de spécimens d’écriture dans le cadre de procès criminels. Il a même poussé une femme accusée d’avoir enlevé une personnalité en vue à passer aux aveux.
Psychothérapeute à Toronto, Annette Poizner incorpore la graphologie à sa pratique thérapeutique. «Je l’utilise en complément d’autres tests de personnalité afin de mieux comprendre les comportements de mes patients et de détecter les problèmes qui font obstacle à leur épanouissement, souligne-t-elle. Ces tests fonctionnent comme des rayons X et me permettent d’adapter ma thérapie de façon à accélérer le processus de guérison.»
Auparavant enseignante au secondaire, Graziella Pettinati s’est d’abord passionnée pour l’écriture de ses élèves, véritable fenêtre ouverte sur leur personnalité, ainsi que sur leurs processus et difficultés d’apprentissage. Pendant six ans, elle s’est adonnée à l’étude de la graphologie à temps partiel dans des écoles privées du Québec, puis a transmis ses connaissances à d’autres professeurs intéressés. «Il faut être déterminé pour se lancer dans l’aventure», avoue-t-elle.
Voici quelques traits typiques selon les caractéristiques graphologiques:
• Une écriture minuscule dénote la capacité de se concentrer sur une tâche.
• Une grande écriture caractérise des personnes qui cherchent à attirer l’attention.
• Une écriture arrondie reflète un tempérament chaleureux.
• Une écriture anguleuse trahit un esprit critique, analytique et technique.
• Un espacement régulier entre les mots ou les lettres indique un sens de l’organisation.
• Un espacement irrégulier est un signe de confusion, voire de problèmes d’ordre mental.
• Une écriture régulière dénote un équilibre émotionnel et une bonne maîtrise de soi.
• Une écriture irrégulière révèle une instabilité et une propension à changer d’humeur.
• Une écriture lente indique habituellement une attention aux détails et appartient souvent à une personne qui aime travailler à son propre rythme.
• Une écriture rapide reflète une vivacité de pensée, une patience limitée pour les détails et, peut-être aussi, une certaine frivolité.