Il y a 20 ans, les médecins nous procuraient l’essentiel de notre information sur nos petits et grands maux. Pour comprendre les diagnostics, les traitements et les perspectives d’évolution, nous n’avions alors d’autre choix que de plonger le nez dans une encyclopédie poussiéreuse.
Aujourd’hui, le moindre bobo nous métamorphose en cyber-Sherlock Holmes: au Canada, plus de 70 pour 100 des utilisateurs d’Internet naviguent sur la Toile pour analyser leurs symptômes, déchiffrer des résultats cliniques, débusquer des traitements alternatifs ou échanger avec un groupe de soutien. Grâce au web, nous découvrons le courageux parcours d’autres patients et livrons nos réflexions à la planète entière. La terminologie médicale nous intimide moins qu’auparavant. Le clavier nous ouvre des millions de publications scientifiques et sites de vulgarisation.
Gratuit, pratique, rassembleur, Internet offre un gigantesque terrain de jeu aux passionnés d’information médicale. Oui, mais par où commencer? En tapant «grippe saisonnière» dans Google, on obtient plus de 2,5 millions de résultats! «Mal de tête» mène à l’incontournable Wikipédia, à quelques vidéos sur YouTube, à des milliers de pages sur la migraine, le stress, l’alimentation, la malaria, les traumatismes crâniens et les tumeurs cérébrales – sans oublier les remboursements hypothécaires!
Comme pour ajouter à la confusion, les moteurs de recherche déterminent l’ordre d’affichage des pages selon un savant calcul qui tient notamment compte du nombre des visites et des mots clés choisis par les auteurs. Autrement dit, vos pérégrinations internautiques peuvent vous mener à des textes sur le mal dont vous souffrez effectivement, mais aussi à des descriptions horrifiantes de complications mortelles, quoique extrêmement rares.
En dépit de sa réputation de caverne d’Ali Baba de la désinformation, la Toile dit souvent vrai. La revue Cancer mentionne une étude qui, portant sur 343 pages relatives au cancer du sein, n’a constaté que 5,2 pour 100 d’erreurs. Par contre, la probabilité que vous récoltiez une information trompeuse est 15 fois plus élevée sur les sites vantant des traitements non traditionnels. Dans cette masse de données, comment démêler le vrai du faux? Réponse: en fréquentant des sites reconnus – voir nos encadrés pages 74, 75 et 77.
En septembre 2008, Nicole Giroux apprend qu’elle a une masse sur un rein. Une recherche sur la Toile l’informe qu’il s’agit vraisemblablement d’une tumeur maligne. Aussi, quand le diagnostic tombe dans le bureau du médecin, la conseillère en scénarisation de 59 ans est préparée.
«Si je n’avais pas fait de recherches sur Internet, la nouvelle m’aurait assommée, et ce n’est que de retour à la maison que les questions importantes auraient surgi», confie-t-elle.
Quelques mois et une néphrectomie plus tard, on lui trouve une métastase au fémur droit. Les spécialistes ne lui donnent pas plus de 18 mois à vivre. Son moral tombe au plus bas. Plus de six mois s’écoulent avant qu’elle ne découvre le site web de l’Association canadienne du cancer du rein. En désespoir de cause, elle laisse un message sur leur boîte vocale. Le président de l’association la rappelle plusieurs jours plus tard. Lui aussi a eu une tumeur osseuse et obtenu le même pronostic… il y a cinq ans. «Ça a été un tournant!» se souvient Nicole Giroux.
Elle reprend espoir et trouve du soutien auprès des membres de l’association, qui lui prodiguent conseils et informations sur cette maladie rare. «La recherche a beaucoup progressé au cours des dernières années, dit-elle. Il est essentiel de se renseigner.»
Nous n’avons pas tous besoin de nous documenter autant, mais, lorsque nous le faisons, l’information glanée sur Internet fait souvent pencher la balance. Plus du tiers des utilisateurs américains de sites sur la santé affirment que ce qu’ils y ont lu a influencé leur décision de consulter ou non un médecin.
Combien de ces internautes ont commis une erreur en s’autodiagnostiquant? Impossible de le savoir.
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