Les scientifiques cherchent sans relâche de nouveaux traitements contre la cécité. Voici les résultats des récents travaux scientifiques qui visent à soulager les troubles de la vision causés par la maladie génétique.
Pour pratiquement chacun des troubles de la vue, il y a une armée de scientifiques qui travaillent avec passion sur de nouveaux traitements. Plaisirs Santé a étudié les progrès réalisés à travers le monde dans ce domaine et nous avons découvert un traitement qui consiste à redonner la vue à des personnes souffrant de déficience génétique.
Lorsque l’on a retiré le pansement de l’il de Dale Turner après une opération expérimentale pratiquée en 2008, le jeune homme de 24 ans, résidant à Richmond Hill en Ontario, ne pouvait en croire ses yeux. «C’était impressionnant quand je marchais dehors. Je découvrais des couleurs beaucoup plus vives que jamais auparavant.»
Depuis sa naissance, Dale Turner était atteint de cécité légale, soit une vision inférieure à 20/100, causée par une maladie génétique appelée amaurose congénitale de Leber. Une personne sur 80 000 souffre de cette maladie qui affecte la réaction de la rétine à la lumière. Mais sa vision s’était grandement améliorée après un essai clinique réalisé à l’Université de Pennsylvanie trois ans auparavant. Une équipe, composée de trois ophtalmologistes et d’un généticien moléculaire, avait injecté dans une partie de sa rétine droite un virus porteur de copies du gène sain. Après ce traitement, il pouvait plus facilement distinguer les couleurs et voir dans un environnement sombre, deux fonctions problématiques auparavant. «L’expérience s’est avérée très positive», affirme Dale Turner, qui croit que sa participation à ce traitement expérimental a certainement pavé la voie de la guérison pour d’autres personnes atteintes de la même maladie. Il aimerait bien recevoir le même traitement à l’autre il, mais il doit attendre qu’il devienne disponible.
Artur Cideciyan, professeur en ophtalmologie et chercheur à l’Institut Scheie Eye de l’Université de Pennsylvanie est aussi investigateur secondaire de l’essai clinique. Il affirme avoir constaté des résultats aussi impressionnants sur d’autres personnes. Après l’opération, la vision diurne était 50 fois meilleure chez les personnes atteintes de l’amaurose congénitale de Leber et la vision nocturne était 63 fois meilleure. «Les effets du traitement sont demeurés stables pendant au moins une année», affirme Artur Cideciyan. Comme aucun traitement à base de gène humain n’a encore été approuvé par la U.S. Food and Drug Administration, il faudra peut-être plusieurs années avant que ce traitement ne devienne la norme.
Les troubles génétiques ne sont pas la cause unique de la cécité. La perte de vision est souvent causée par une détérioration de la cornée, la fenêtre en forme de dôme à l’avant de l’il, à la suite d’une blessure ou d’une maladie. La transplantation de la cornée est parfois une solution adéquate, mais «il y a un manque de cornées disponibles à travers le monde, à cause du vieillissement de la population,» explique May Griffith, ingénieur tissulaire affiliée à Institut de l’il de l’Université d’Ottawa.
May Griffith travaille actuellement à l’Université de Linköping en Suède; elle a obtenu des résultats révolutionnaires avec des cornées biosynthétiques développées au Canada. Ces cornées sont fabriquées avec du collagène humain recombiné, traité chimiquement et moulé de façon à épouser la forme d’une cornée naturelle. Lorsque les tissus endommagés sont retirés et que la cornée biosynthétique est mise en place, les nerfs et les cellules du patient vont se développer à l’intérieur de l’implant et fonctionner normalement.
Dernièrement, May Griffith et ses collègues, ont évalué la sécurité des cornées biosynthétiques sur dix sujets, dont six ont amélioré leur vision de 20/400 à 20/100. «En comparaison avec les patients qui reçoivent une cornée d’un donneur, nous avons découvert que nos patient peuvent enlever leurs points de suture plus rapidement et cesser le traitement antirejet beaucoup plus tôt.», explique May Griffith. Les dix sujets sont capables de porter confortablement des lentilles cornéennes, ce qui était impossible avec leur cornée endommagée. May Griffith envisage raffiner la technique au cours d’essais futurs pour aider un échantillon plus large de personnes. «Il faudra au moins cinq ans avant que le traitement ne soit disponible pour un plus grand nombre d’essais cliniques, notamment dans des centres de recherche au Canada.», espère-t-elle.
Dans une recherche publiée l’an dernier dans The New England Journal of Medicine, une équipe de chercheurs italiens a réussi à utiliser les cellules souches des patients pour restaurer leur vision après une brûlure de la cornée. Les cellules souches ont été cultivées en laboratoire et greffées sur la cornée endommagée. Le trois-quarts des sujets ont pu récupérer une vision de 20/20 en l’espace d’une année et les résultats sont demeurés stables pendant dix ans.
Une nouvelle procédure, connue sous le nom de ostéo-odonto-prostokératoplastie modifiée peut redonner la vue aux personnes qui l’ont perdue à cause d’un accident à la cornée, par l’insertion d’une de leurs propres dents dans leur il. La dent est arrachée et l’os qui l’entoure est aplati pour soutenir une prothèse qui permet à la personne de voir. Cette procédure a été élaborée dans les années 60 mais dernièrement, elle e a été reprise par un ophtalmologiste italien qui a restauré la vue de personnes qui ne pouvaient recevoir une transplantation de cornée. En 2009, une femme de 60 ans qui vivaient au Mississippi et dont les cornées étaient gravement endommagées par l’ectodermose érosive pluri-orificielle (une maladie de la peau qui affecte la peau et les tissus) est devenue la première personne aux États-Unis à suivre ce traitement. Après coup, elle a pu voir pour la première fois le plus jeune de ses petits-fils. Ce traitement n’est pas accessible au Canada.
Les chercheurs de l’Institut de technologie du Massachusetts (MIT) ont travaillé sur l’implant d’une puce dans l’il. L’implant capte des images d’une caméra montée sur des lunettes que la personne porte et les transmet au cerveau par le nerf optique. Cet implant ne produit pas une vision normale comme l’implant cochléaire ne redonne pas une audition parfaite. Mais l’équipe de chercheurs espère que l’information transmise par l’implant donnera plus d’indépendance aux personnes qui souffrent des formes les plus courantes de cécité causées par le vieillissement comme la rétinite pigmentaire et la dégénérescence maculaire. Les chercheurs espèrent expérimenter leur implant sur des sujets aveugles d’ici les deux prochaines années.