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Les nouveaux traitements de l’incontinence

L’incontinence urinaire est une source d’embarras pour de nombreux Canadiens et elle est beaucoup plus commune que vous ne le croyez. Lisez ce qui suit afin de savoir pourquoi cela arrive et ce que de nouveaux traitements peuvent faire pour vous.

Une femme sur 3 âgée de 41 à 64 ans et une sur 6 âgée de moins de 40 ans souffre d’incontinence urinaire jusqu’à un certain degré: qu’il s’agisse de quelques gouttes lors d’une toux ou d’un rire, ou d’une perte totale de contrôle de leur vessie. Pourtant, 3/4 de ces femmes ne discutent pas de traitements avec leurs médecins et ce problème a un impact réel sur leur vie.

« Parce qu’elles sont souvent trop gênées pour obtenir de l’aide, beaucoup de femmes souffrant d’incontinence restent à la maison pour éviter les activités sociales », explique Linda Irving, infirmière-conseillère en continence à la clinique Women’s Bladder Health. (Cette clinique, exploitée par le IWK Health Centre de Halifax, est la première du genre pour les femmes dans la région de l’Atlantique. Il en existe aussi à Vancouver, Edmonton, Ottawa et d’autres villes d’Ontario, ainsi qu’à Montréal.)

Les femmes aux prises avec l’incontinence sont plus à risque de faire une dépression majeure en raison des conséquences sur leur qualité de vie, affirment les chercheurs de l’University of Toronto. Le coût financier de l’incontinence est également élevé. La Fondation d’aide aux personnes incontinentes, qui soutient l’éducation et la recherche, estime que les femmes dépensent plus d’un milliard de dollars sur des produits comme des serviettes absorbantes, généralement parce qu’elles ne croient pas qu’une intervention médicale puisse les aider.

Il n’y a pourtant aucune raison de souffrir en silence, assure la directrice générale de la fondation, Jacqueline Cahill. L’incontinence est vraiment gérable et peut très souvent être soignée. Les gens doivent commencer à en parler.

Pourquoi cela se produit-il?

L’incontinence chez la femme s’inscrit généralement dans l’une de ces 3 catégories :

‘ L’incontinence liée à une hyperactivité vésicale (aussi appelée incontinence par impériosité), qui se produit lorsque les muscles de la vessie se contractent afin de créer un sentiment d’urgence, même si votre vessie n’est pas pleine.

‘ L’incontinence liée à l’effort résulte d’une pression exercée sur la vessie par la toux, le rire ou l’exercice, qui provoque une fuite à cause de la faiblesse des muscles du plancher pelvien et du sphincter

‘ L‘incontinence mixte qui emprunte des caractéristiques aux deux précédentes.

Beaucoup de femmes s’exposent sans le savoir à des irritants qui peuvent empirer l’hyperactivité vésicale : la caféine, l’alcool, les mets épicés, les jus d’agrumes, les édulcorants artificiels, le goudron des cigarettes et même le chocolat. « L’irritation de la muqueuse de la vessie peut provoquer un sentiment d’urgence », explique Jackie Wells, physiothérapeute spécialisée en dysfonction pelvienne à Richmond, en Colombie-Britannique. Connaître les déclencheurs peut vous aider à maîtriser l’urgence.

Chez les femmes âgées de 30 à 40 ans, l’accouchement est une cause majeure d’incontinence liée à l’effort. La grossesse et l’accouchement peuvent mener à un affaiblissement progressif du plancher pelvien, les muscles qui soutiennent la vessie. D’autres causes d’incontinence liée à l’effort peuvent inclure la toux chronique, l’asthme, le fait de fumer, de soulever ou de forcer, y compris à la toilette. « Dans cette tranche d’âge, la constipation est fréquente et elle agit sur l’incontinence de manière importante », ajoute Linda Irving. Les infections de la vessie en font autant, ainsi que plusieurs autres facteurs comprenant la génétique, l’excès de poids (qui exerce une pression sur la vessie) et les médicaments comme les sédatifs et les médicaments pour stabiliser la pression artérielle (qui peut avoir des effets secondaires comme provoquer le relâchement des muscles qui retiennent l’urine ou accroître la production d’urine).

Les options de traitement

En ce qui concerne les cas de perte totale de maîtrise ou de forte incontinence, il se peut qu’il n’y ait jamais de guérison complète; le meilleur choix peut être des sous-vêtements jetables (les couches pour adultes). Mais pour une incontinence légère ou modérée, qui est beaucoup plus commune, il existe des options.

Tenter d’y faire face sans avis médical pourrait aggraver les choses. « Beaucoup de femmes réduisent la prise de liquides », explique Jackie Wells. Mais une urine concentrée peut mener à une hyperactivité de la vessie, tandis que boire beaucoup d’eau, qui est bénéfique pour vous à bien des égards, peut également aider à prévenir les infections de la vessie.

D’autres femmes peuvent essayer de prévenir les accidents en allant à la salle de bains dès qu’elles le peuvent. « Mais, ce faisant, elles conditionnent leur vessie à envoyer le signal qu’elles doivent uriner, même si elles n’ont que 6 ou 9 centilitres d’accumulés », note le Dr Wells. (Une vessie normale contient de 35 à 47 centilitres, ou deux tasses).

Les physiothérapeutes spécialisés en incontinence urinaire et les médecins (gynécologues, urologues et certains médecins de famille) peuvent vous aider. Même si les options de traitement ne sont pas toutes couvertes par l’assurance maladie provinciale ou privée, ça peut valoir la peine de payer pour obtenir de l’aide, compte tenu des économies réalisées sur les produits d’incontinence, pour ne citer qu’un exemple. « Mes patients disent que d’être moins anxieux de subir un incident n’a pas de prix », indique Jackie Wells. Un physiothérapeute peut facturer de 65 $ à 120 $ la visite, dit-elle.

Voici quelques solutions que votre assurance santé peut vous suggérer:

Les exercices de Kegel ou du plancher pelvien. Ils peuvent aider à réduire l’incontinence liée à l’effort. Souvent recommandé après que la femme ait donné naissance, ils provoquent le renforcement des muscles qui soutiennent la vessie par des contractions et des relâchements systématiques. « Quand les exercices sont effectués avec assiduité, ils entraînent la réussite jusqu’à 70 % », selon Linda Irving. Par contre, plusieurs femmes n’utilisent pas la bonne technique ou abandonnent trop tôt (cela peut prendre 3 mois avant de remarquer une différence). Votre professionnel de la santé peut vous aider à faire correctement les exercices de Kegel. En fait, une recherche australienne a démontré que de faire les exercices du plancher pelvien avec un physiothérapeute spécialisé peut réduire l’incontinence liée à l’effort chez environ 80 % des femmes, sans médicaments ni chirurgie.

Les appareils de biofeedback, qui enregistrent des signaux provenant de capteurs installés à l’intérieur ou à l’extérieur du vagin, peuvent aussi être utiles. Ils indiquent si vous faites bien les exercices de Kegel et détectent les spasmes musculaires. Parlez-en à votre médecin.

Accessoire. Votre fournisseur de soins de santé peut vous recommander un pessaire : un implant amovible de caoutchouc ou de silicone qu’on place à l’intérieur du vagin pour soutenir la vessie. Demandez à votre pharmacien s’il en a.

Médicaments d’ordonnance. Des médicaments comme Enablex et Ditropan peuvent parfois aider à détendre la vessie hyperactive en neutralisant les nerfs qui commandent les contractions musculaires. Mais les résultats varient et de nombreuses femmes arrêtent le traitement en raison des effets secondaires tels que la bouche sèche et la constipation.

Modifications du régime alimentaire et du mode de vie. Cela peut faire une grande différence. Votre spécialiste pourrait vous recommander de réduire les irritants de la vessie comme les cigarettes et la caféine et d’apprendre à prévenir la constipation (en mangeant plus de fibres, par exemple) et les infections de la vessie (en essuyant de l’avant vers l’arrière après être allé aux toilettes, par exemple).

Conditionnement de la vessie. Lorsque vous sentez que vous devez uriner, essayez de retarder de quelques minutes votre visite à la salle de bain. Puis augmentez cet intervalle de cinq minutes tous les jours. Pendant que vous vous retenez, vous pouvez faire de rapides contractions pelviennes ou des respirations relaxantes pour calmer l’envie d’uriner.

Solutions chirurgicales

Si les autres traitements échouent, votre spécialiste peut recommander une intervention chirurgicale. La plupart des procédures visent à traiter l’incontinence liée à l’effort. Le processus de la bandelette, par exemple, consiste à soutenir l’urètre (le tube par lequel l’urine est évacuée de la vessie) avec une bandelette de matière synthétique pour l’aider à rester fermée lorsque vous n’exercez pas de pression sur la région du plancher pelvien. Cette chirurgie peut être faite de manière ambulatoire. Elle est efficace chez 85 % des femmes, mais elle s’avère moins efficace au fil du temps et les interventions répétées diminuent les chances de succès. De plus, toutes les interventions chirurgicales représentent des risques.

Une injection de collagène à l’extérieur de l’urètre peut aider à la garder fermée en gonflant les tissus qui l’entourent. Ce traitement réussit chez 70 % des femmes souffrant d’incontinence liée à l’effort. Le collagène est absorbé par le corps au bout d’un an ou deux explique Linda Irving. « Mais si ça fonctionne et qu’après peu ça relâche, on peut le refaire. »  De nouveaux traitements sont toujours en développement.

Jaqueline Cahill invite les femmes à parler plus ouvertement de l’incontinence et à demander de l’aide. Cela peut aussi faire en sorte que vous vous sentiez moins seule. « Il y a beaucoup de personnes qui vivent avec le même problème, » précise-t-elle.


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