Pour avoir une nouvelle chance de limiter le réchauffement climatique à 2°C, les émissions doivent commencer à baisser le plus tôt possible. Plus le pic est tardif, plus la baisse que nous devons réaliser plus tard est forte.
Depuis plusieurs années maintenant, un jour quelque part à la mi-novembre, le rapport du Global Carbon Project paraît. Ce rapport fait le point sur, entre autres, les émissions humaines de gaz à effet de serre et de CO2 concentration dans l'atmosphère. Jusqu'à il y a quelques années, c'était invariablement une mauvaise nouvelle :à moins d'être en pleine crise mondiale, les émissions de CO augmentaient2 (et d'autres gaz à effet de serre) à un rythme sans précédent. Le protocole de Kyoto et les mesures (limitées) pour réduire nos émissions semblaient n'avoir aucun effet. C'était comme si dans une voiture sans freins on se dirigeait de plus en plus vite vers le mur des 2°C de réchauffement, et plus encore. En 2014, cela a soudainement changé. Les émissions mondiales ont peu ou pas augmenté en 2014, 2015 et 2016. La voiture a cessé d'accélérer et c'était d'autant plus encourageant que cette stagnation s'est accompagnée d'une croissance économique et n'était donc pas due à une crise économique passagère. Signe que le pic était atteint et que nous étions sur la voie irréversible d'une transition vers une économie et une société zéro carbone ?
Cependant, le rapport publié aujourd'hui a apporté de mauvaises nouvelles. Le CO2 les émissions devraient augmenter de 2 % cette année. Nos émissions atteignent ainsi un nouveau record. Et le CO2 aussi concentration dans notre atmosphère. Il n'a jamais augmenté aussi vite que cette année et reste maintenant supérieur à 400 parties par million en été. La voiture accélère donc encore, alors qu'elle a vraiment besoin de ralentir de toute urgence. Quelle déception !
L'une des principales raisons de l'augmentation en 2017 est l'augmentation de 3,5 % des émissions en Chine. Ces émissions avaient légèrement diminué ces dernières années, mais cette année, la consommation de charbon, de pétrole et de gaz a de nouveau augmenté. De plus, les réductions actuelles, entre autres en Europe et aux États-Unis, sont minimes :seulement 0,2 % et 0,4 % respectivement.
Ce nouveau rapport est un signal d'alarme clair. Nous ne faisons pas assez pour limiter le réchauffement climatique à 2°C. De toute évidence, plus d'une dent doit être ajoutée. Le temps presse pour limiter le réchauffement « bien en dessous de 2 degrés », comme convenu à Paris il y a deux ans. Si les émissions actuelles continuent, la voiture aura atteint le mur de réchauffement de 2 degrés d'ici 20 ans. Même pour serrer le frein à main, il est alors beaucoup trop tard. Des points de basculement importants seront alors très probablement dépassés, ce qui rendra les processus auto-renforçants d'autant plus difficiles à atténuer le changement climatique.
Cependant, il est possible de maintenir une économie en marche, voire en croissance, tout en réduisant les émissions en même temps. Au cours des 10 dernières années, les émissions de 22 pays ont diminué alors que l'économie a progressé. La Belgique fait partie de ces pays, avec la France, l'Autriche, les Pays-Bas, la Grande-Bretagne, la Suisse et les États-Unis, entre autres. Le passage nécessaire aux énergies renouvelables est toujours en cours. Mais la transition doit être plus rapide, et surtout, elle doit se produire partout.
Le rapport complet est disponible sur http://www.globalcarbonproject.org/ † Le dernier chiffre provient de Jackson et al 2017, Environmental Research Letters.
La courte vidéo résume le dernier rapport du Global Carbon Project.