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Attrapé par le détecteur de mensonge

La police belge, la seule en Europe, utilise encore le polygraphe. Qu'est-ce que ça fait de s'asseoir soi-même devant le détecteur de mensonge ?

Attrapé par le détecteur de mensonge

"Ça marche", c'est à peu près la première chose que me dit le polygraphiste. "C'est dommage que les Pays-Bas aient raté cette opportunité." La Belgique est le seul pays d'Europe où la police utilise le polygraphe et peut le présenter comme preuve au tribunal. Je vais à la Police Fédérale à Bruxelles pour jeter un coup d'œil. Je suis assez sceptique quant au polygraphe car je connais beaucoup de critiques. Ce détecteur de mensonges ne serait pas fiable et pourrait assez facilement identifier des innocents comme menteurs. Pourquoi alors la police en Belgique utilise-t-elle le polygraphe ?

Le polygraphiste avec qui j'ai rendez-vous me raconte avec enthousiasme ce qui est au programme aujourd'hui. D'abord, je vois les espaces polygraphiques. Petites pièces avec ni plus ni moins qu'il n'en faut pour prendre le polygraphe. Je veux aussi découvrir comment fonctionne le polygraphe. La chaise sur laquelle je suis assis est littéralement dans un coin. Pas de coïncidence. Le polygraphiste est assis juste en face de moi, explique tout et souligne qu'il est extrêmement important que tout se passe exactement de la même manière avec chaque suspect. Sur l'Association canadienne des policiers polygraphistes école au Canada, chaque polygraphe en herbe mémorise environ 30 pages. Par exemple, le test de deux à trois heures est entièrement standardisé.

D'accord, le polygraphiste me branche avec toutes sortes d'équipements. Deux bandes sur le ventre et la poitrine pour respirer, un tensiomètre pour mon rythme cardiaque, des conducteurs cutanés pour ma transpiration et un capteur qui mesure le volume sanguin de mon petit doigt. La cerise sur le gâteau est que la chaise sur laquelle je suis assis est recouverte de détecteurs de mouvement invisibles. Ainsi, rien ne passe inaperçu. Je pioche une carte dans une rangée de sept. Seulement, je vois que le nombre "dix" est écrit sur cette carte et je la mets sous ma main droite. Pendant que je ferme les yeux, le polygraphiste me pose quelques questions. « Était-ce le numéro huit ? Était-ce le numéro seize ? » Et plusieurs autres. Je dois mentir quand la carte tirée arrive. Le polygraphiste s'aperçoit plus tard, d'après mes réactions physiques, que j'ai vu le chiffre dix. Je suis un menteur émotionnel. Ma réaction de sueur m'a trahi. Il a fortement augmenté après que j'ai menti au polygraphiste. Un menteur rationnel ferait en fait battre le cœur plus vite en mentant. La pensée que je ne peux même pas mentir avec permission parce que mon corps me trahit immédiatement est légèrement terrifiante. Bien qu'il soit un peu plus difficile pour une personne de savoir quel numéro elle a tiré, cela fonctionne toujours. Je suis surpris, mais une petite voix dans ma tête me dit que le principe de ce test est différent du vrai test polygraphique. Là, vous ne posez pas de questions à choix multiples, mais plutôt des questions fermées. Les polygraphistes en sont conscients et utilisent le test de la carte, entre autres, pour faire savoir aux suspects que le polygraphe voit la vérité. Les innocents deviendront ainsi plus détendus, tandis que les coupables seront plus stressés. Détendez les innocents, stressez les trompeurs. Ainsi, vous pourrez faire une meilleure distinction entre les coupables et les innocents.

Alors qu'un article scientifique cite une précision de 80 %, une autre étude classe correctement plus de 90 % des suspects. La fiabilité dépend de toutes sortes de facteurs, c'est pourquoi ce nombre peut être si différent. L'attitude et les actions du polygraphiste jouent un rôle très important. Il faudra aussi se poser les bonnes questions. Au fur et à mesure que la journée avance, mon hésitation à propos du polygraphe s'estompe. De plus, l'utilisation du polygraphe est toujours volontaire, il ne peut jamais être utilisé comme seule charge de la preuve pour condamner qui que ce soit, et il n'y a pas d'autre preuve qui soit sans erreur. Je ne peux pas tout à fait abandonner les critiques du polygraphe pour l'instant. Mais maintenant, je sais que les polygraphistes de Bruxelles font tout ce qu'ils peuvent pour maintenir la fiabilité aussi élevée que possible et protéger les innocents.

Un article détaillé sur la détection des mensonges paraîtra dans le prochain numéro d'Eos Psyche&Brain (sortie le 1er juin).


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