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A la recherche du soldat Henri Devaux

Un quart de million de personnes sont mortes dans la bataille de Verdun en 1916 seulement. Des traces peuvent être trouvées à ce jour. Comme la plaque d'identification d'Henri Devaux, 'mort pour la France'.

A la recherche du soldat Henri Devaux

Un quart de million de personnes sont mortes dans la bataille de Verdun en 1916 seulement. À ce jour, des traces des bombardements intensifs et des combats peuvent être trouvées. Des bombes et des grenades, mais aussi des objets personnels des soldats. Comme la plaque d'identification d'Henri Devaux, 'mort pour la France'.

En 2012, dans une salle souterraine près d'une tranchée, nous avons trouvé une arme qui avait été cachée pendant près de 100 ans et qui était maintenant cachée parmi les racines d'un arbre. Le fusil était encore en bon état. La crosse en bois avait disparu, mais le canon, le chargeur et autres étaient encore raisonnablement bien conservés. Il était également inhabituel qu'une sorte de modification ait été apportée pour protéger le mécanisme de verrouillage sensible de la boue alors omniprésente dans les tranchées. C'était quelque chose que le propriétaire de l'arme lui-même avait fait ou avait fait, car nous n'avions jamais vu cela auparavant.

Un an plus tard, nous avons décidé de retourner à Verdun pour explorer davantage l'espace souterrain. Nous avons commencé à creuser soigneusement. Après tout, il y avait pas mal de matière explosive sous les pierres. En plus de plusieurs grenades à main, notre recherche a révélé un certain nombre d'objets uniques :une plaque d'identification, des chaussures raisonnablement intactes, des ustensiles de cuisine et des restes de squelette. En particulier, les restes de dents indiquaient qu'il devait s'agir d'un jeune soldat. Comme le fusil se trouvait à l'entrée et que l'espace était assez réduit, il y a de fortes chances que tout appartienne à une seule et même personne et il s'avère, d'après la plaque d'identification, qu'il s'agit d'Henri Devaux, appelé au service militaire actif en 1916 .

Soldat-mineur

Nous sommes tombés sous le charme de ce jeune homme. Par internet nous sommes tombés sur l'Archive Départementale Nord. Avec les données sur l'image, nous avons obtenu un extrait. Cela montrait qu'Henri Devaux était né le 18 février 1896 à Rumégies, dans le nord de la France. Ainsi, à l'âge de 20 ans, il est enrôlé dans la guerre, qui bat son plein en 1916. Le formulaire indiquait également qu'il mourut finalement le 29 avril 1918 :'mort pour la France, par l'ennemi'.

Cela nous a d'abord surpris, car nous avons toujours supposé qu'Henri était mort en 1916. Après tout, la grande bataille de Verdun avait eu lieu cette année-là. Nous avons donc continué à chercher. Devaux s'est avéré avoir été soldat de 2e classe au 2e régiment d'infanterie, dont nous avons appris plus via Facebook. Il s'avère maintenant qu'il avait initialement été stationné près de la Somme.

À l'âge de 20 ans, Henri Devaux est enrôlé dans la guerre

En plus des informations sur son régiment, nous avons reçu son acte de naissance de la commune de Rumégies. Il s'avère qu'il s'est marié en août 1916 à Alais, aujourd'hui Alès dans le sud de la France. L'acte de mariage demandé à cette commune renseigne davantage sur sa jeune épouse et sur le fait qu'Henri est mineur de profession. Il a ensuite vécu à Méricourt, une région très minière. D'où vient ce mariage précipité en temps de guerre ? Il arrivait souvent à cette époque que de jeunes soldats, avec les horreurs de la guerre à venir et l'incertitude quant à leur retour, se marient bientôt. Sa femme était-elle peut-être enceinte lorsqu'il a été mobilisé ? En tout cas, elle ne l'a jamais revu après la guerre.

Tué

Après qu'Henri ait survécu aux horreurs de la Somme, qui étaient déjà effrayantes en soi, lui et son régiment ont traversé la légendaire Voie Sacrée (la soi-disant Route Sainte) jusqu'à Verdun. C'était la seule route que les Français avaient pour entretenir et ravitailler cette partie du front. Lors des grandes batailles de 1916, un camion passait toutes les 14 secondes, chargé de matériel, de canons et de nouveaux soldats. Les soldats qui avaient souvent combattu dans la Somme étaient désormais envoyés la peur au cœur dans l'Enfer de Verdun. Cela a dû être ressenti comme un véritable sacrifice. Ironiquement, le nom Voie Sacrée est également dérivé de la Via Dolorosa, le chemin de la passion du Christ, lors de son voyage vers la crucifixion (ou le sacrifice).

A la recherche du soldat Henri Devaux

Même après 1916, Verdun demeure une région agitée. Pour les militaires qui y étaient stationnés, cela restait une situation très précaire. Selon le document du 2e régiment d'infanterie, des bombardements avaient encore lieu en 1918 dans le bois de Chaumes, au nord de Verdun, (où l'on a retrouvé sa plaque signalétique). Et ici Henri Devaux est mort quelques mois avant la fin de la guerre.

Son nom est mentionné parmi les autres morts de Méricourt sur le monument aux morts local. Nous tentons toujours de localiser les éventuels parents survivants, assistés d'un historien des communes de Rumégies et de Méricourt, qui travaille sur un projet autour de 100 ans de la Première Guerre mondiale. Il essaie maintenant d'enquêter, sur la base des informations que nous avons trouvées, sur ce qui est arrivé à la femme d'Henri, si des enfants sont nés et s'il y a peut-être encore des petits-enfants en vie.


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