Les femmes perçoivent leurs règles comme une malédiction et beaucoup souhaitent les interrompre, mais avant de prendre cette décision, il est important de se demander si cela pourrait constituer un danger.
La suppression des règles est une affaire personnelle, affirme le docteur Roger Pierson, directeur de recherche en obstétrique et gynécologie à l’université de la Saskatchewan. «Il n’y a aucun bienfait connu à interrompre ses règles mais il n’y a pas non plus de risque connu», souligne-t-il.
Voici quelques faits qui vous aideront à prendre votre décision.
Bien que le corps réagisse différemment d’une femme à l’autre, on réussit habituellement à supprimer les règles au moyen de divers moyens de contraception pris en continu, explique la docteure Amanda Black, obstétricienne et gynécologue d’Ottawa et membre du comité du consensus canadien sur la contraception de longue durée de la Société des obstétriciens et gynécologues du Canada (SOGC). Les timbres, les contraceptifs oraux et les anneaux vaginaux les interrompront si vous les prenez en continu. Le Depo Provera, traitement hormonal administré par injection, et le Mirena, stérilet hormonal, pourraient également avoir cet effet.
Seasonale est le seul contraceptif oral à cycle prolongé à être mis en marché au pays. Approuvé par Santé Canada en 2007, il permet aux femmes de n’avoir leurs règles que quatre fois par année.
«Certains pensent que c’est naturel d’être menstruée tous les mois quand on prend la pilule, mais ces règles-là sont artificielles», rappelle Amanda Black. Quand vous interrompez la contraception pendant sept jours, vous faites ce que les médecins appellent une «hémorragie de privation», c’est-à-dire que les saignements sont provoqués par l’arrêt des comprimés. Ces saignements simulent ce qui se produit à la fin d’un cycle menstruel ordinaire, quand les taux d’strogène et de progestérone chutent.
Cependant, quand vous prenez un contraceptif en continu, vous maintenez des taux normaux de ces hormones et l’hémorragie de privation ne se produit pas, explique le médecin. Par conséquent, ce que vous supprimez ce sont ces saignements de privation et non vos règles naturelles.
Si Seasonale a été spécifiquement approuvé par Santé Canada pour la suppression des règles, rien n’oblige à prendre ce contraceptif en particulier; les autres font tout aussi bien l’affaire, explique Amanda Black. «Il n’y a pas de raison que la contraception à cycle prolongé présente plus de risques que celle à cycle mensuel.»
Tout comme les autres contraceptifs oraux, par exemple Alesse, Seasonale renferme du lévonorgestrel (progestine) et de l’éthinyl stradiol (strogène).
La seule différence c’est que Seasonale est vendu en boîtier de 84 pilules actives, c’est-à-dire ce qu’il faut pour une période de trois mois*, à l’issue de laquelle on interrompt le traitement afin de déclencher les menstruations. Selon Amanda Black, l’interruption au bout de trois mois présente l’avantage de supplanter la métrorragie (saignements entre les règles) dont bien des femmes font l’expérience après avoir pris la pilule en continu pendant quelques mois.
«Si nos reculons de quelques millénaires, les femmes avaient une vie sexuelle depuis leurs premières règles jusqu’à la ménopause», rappelle Roger Pierson. Ne disposant pas de contraceptifs, elles étaient donc presque toujours enceintes ou en train d’allaiter. Le chercheur estime que, dans toute leur existence, elles n’avaient peut-être pas plus de cinq ou six menstruations. «C’est à partir du moment où nous avons disposé de moyens contraceptifs efficaces qu’on s’est mis à penser que les menstruations régulières étaient une chose normale. Quand quelqu’un affirme qu’elles sont essentielles, il se trompe», ajoute-t-il.
Selon les lignes directrices de la SOGC sur la contraception à cycle prolongé, prendre la pilule pour supprimer les règles pendant une période de quelques mois n’est pas plus dangereux que de la prendre en suivant un cycle de 21 jours. Par contre, le document indique qu’il n’existe pas pour l’heure de preuve de l’innocuité de la contraception à cycle prolongé.
La plus longue période pendant laquelle des chercheurs ont suivi des femmes prenant la pilule en continu est de trois ans, souligne Amanda Black. «Mais les premières études qu’on a publiées à ce sujet remontent à 1977, ce qui, en science, est habituellement considéré comme trop éloigné dans le temps. Cependant, nous n’avons aucune raison de croire que le risque serait plus élevé que pour la contraception habituelle.»