Votre boisson, yogourt et pain préférés sont-ils réellement riches en ingrédients actifs ou s’agit-il d’un simple battage publicitaire? Voici quelques éléments de réponse.
Voyez-vous le supermarché comme un cabinet de médecine moderne qui peut non seulement vous nourrir mais également vous protéger contre les maux et les maladies chroniques? Si c’est le cas, vous n’êtes pas la seule. Lors d’une enquête menée en 2006 par le gouvernement, 65 pour cent des Canadiens ont dit choisir d’abord leurs aliments pour leur valeur santé plutôt que pour leur saveur, et 42 pour cent, pour des raisons médicales.
Cependant, étant donné la multitude de choix qui s’offrent à nous, il n’est pas toujours aisé de faire la différence entre les produits possédant de véritables vertus et ceux qu’on nous présente comme tels. Nous avons mené notre petite enquête pour découvrir que certains promettent beaucoup mais ne sont pas à la hauteur de ce qu’on en attend.
Les boissons gazeuses, et leurs fabricants, n’échappent certes pas à la controverse mais, cette fois-ci, ce ne sont pas les plus populaires que ciblent les défenseurs de la bonne alimentation. Il s’agit plutôt de la VitaminWater de Glacéau, propriété de Coca-Cola; cette eau embouteillée enrichie de vitamines et de minéraux, et présentée dans un emballage fluo, est soutenue par une publicité jouant la carte de l’ironie.
Allégations controversées: en 2009 le groupe de pression américain Center for Science in the Public Interest (CSPI) intentait une action collective contre Coca-Cola. Il accusait le fabricant de faire des allégations exagérées pour sa gamme de boissons VitaminWater, par exemple qu’elles «diminuaient, selon le cas, le risque de maladie chronique et de maladie de l’œil, qu’elles favorisaient la santé des articulations et contribuaient à une fonction immunitaire optimale». La même année, l’Advertising Standards Association du Royaume-Uni bannissait diverses publicités imprimées après avoir reçu des plaintes voulant qu’elles «laissent entendre de façon trompeuse que les vitamines des boissons VitaminWater confèrent les mêmes bienfaits que les légumes, voire leur sont supérieures».
En conclusion: Si vous recherchez une boisson saine, évitez la VitaminWater et ses calories vides. Une bouteille de 591 ml en fournit 120, qui proviennent surtout du sucre de canne (soit environ 30 g de sucre ou 23 pour cent de l’apport quotidien recommandé en glucides). Prenez plutôt des aliments complets et de l’eau.
Allégations controversées: ce nouveau pain renferme du DHA, acide gras oméga-3 essentiel à la santé cardiaque et au développement du cerveau et de l’œil. Mais combien exactement? Six milligrammes par tranche, ce qui, selon un communiqué de presse émis par l’entreprise «correspond à au moins 10% de l’apport quotidien recommandé par l’Institute of Medicine (IOM) des États-Unis pour les enfants, selon qu’ils sont âgés de 1 à 13 ans.» Comme Santé Canada et cet institut ont mis au point ensemble leurs lignes directrices, les mêmes quantités s’appliquent pour le Canada. Le problème, comme le souligne le docteur Yoni Freedhoff sur son blogue Weighty Matters, c’est que l’IOM «ne recommande pas d’apport quotidien de DHA pour les enfants».
En conclusion: Restez vigilante quand il est question de DHA. Songez, par exemple, qu’une portion de 90 grammes de saumon en fournit en moyenne 1,2 gramme (sans mentionner l’EPA, un autre oméga-3), ce qui correspond à 100 fois la quantité qu’on trouve dans deux tranches de pain Sara Lee. Les oméga-3 sont présentement les chouchous de l’industrie alimentaire, si bien que les fabricants font la promotion d’une multitude de produits censés en renfermer, par exemple le yogourt avec DHA Li’1 Ones de Dairyland. Or, selon le docteur Freedhoff, sur le tableau de la valeur nutritive figurant sur l’étiquette de ce produit, il est indiqué qu’il renferme 0 grammes d’oméga-3, la quantité de DHA qu’il contient étant trop faible pour satisfaire aux règlements du Canada sur l’étiquetage. Le pain Wonder + Headstart avec DHA, de même que les jus Tropicana Essentiels avec oméga-3 en renferment également. Cependant, avant de consommer ces aliments ou boissons, il est important de mettre en balance les bienfaits qu’on retirera du DHA ajouté et les inconvénients que présentent une augmentation de la consommation d’ingrédients tels que le sucre et les gras saturés.
Allégations controversées: Dans une lettre d’avertissement qu’elle lui faisait parvenir en mars 2010, la FDA américaine faisait savoir à POM que les textes promotionnels qu’elle publiait sur ses sites web violaient divers règlements, notamment en ce qui à trait aux allégations voulant que les antioxydants de son jus pouvaient être utiles contre l’athérosclérose, le cancer de la prostate et la dysfonction érectile, et qu’ils contribuaient à réguler la pression artérielle. Pour qu’un produit puisse faire l’objet de telles allégations aux États-Unis, il doit être approuvé comme médicament et être soumis à un processus rigoureux d’approbation.
En conclusion: Selon un article publié en 2009 dans le Washington Post, POM a dépensé au moins 30 millions de dollars en travaux de recherche sur les vertus de la grenade. Ainsi, les résultats d’une étude publiée en 2000 indiquent que la consommation de jus POM pendant deux semaines avait fait baisser le taux de «mauvais» cholestérol de 20 pour cent chez des hommes en santé. Selon l’entreprise, les bienfaits du jus sont dus à ses antioxydants, qui combattent les radicaux libres. S’il est vrai qu’on peut bénéficier d’une consommation élevée d’aliments riches en antioxydants, il n’est pas certain que les suppléments d’antioxydants procurent les mêmes bienfaits. Selon les résultats d’études de grande envergure, on ne peut affirmer pour l’instant que la consommation de vitamines et minéraux antioxydants (A, C, E, bêta-carotène et sélénium) retardent la mortalité chez les personnes en santé ou celles qui ont des antécédents de maladie chronique.
Allégations controversées: en 2008, un cabinet d’avocats américain intentait une action collective contre Dannon (Danone, au Canada). La poursuite prétendait que les allégations du fabricant voulant qu’il était prouvé que ses yogourts probiotiques Activia et DanActive «amélioraient le rythme intestinal» et «régulaient l’appareil digestif» étaient trompeuses et sans fondement.
En conclusion: Dannon a opté pour un règlement et accepté de verser 35 millions de dollars aux consommateurs américains qui avaient achetés ses produits depuis leur lancement en 2006 et 2007. Elle a aussi accepté de changer sa publicité. Cependant, elle continue d’affirmer que ses allégations sont vraies, citant à cet effet les résultats de nombreuses études qui indiquent que BL Regularis, sa culture bactérienne active, est efficace.
Lors d’une étude récente menée par les laboratoires Danone de France et publiée dans le British Journal of Nutrition, les femmes en santé qui avaient pris deux portions de 125 g par jour de yogourt pendant quatre semaines ont rapporté éprouver moins de malaises gastro-intestinaux que celles qui avaient consommé un produit laitier non fermenté. Indépendamment des allégations spécifiques de Danone, nous disposons de nombreuses preuves voulant que les probiotiques favorisent la santé de l’appareil digestif, mais que seules certaines souches bactériennes ont efficaces. Par conséquent, avant d’acheter un produit, lisez l’étiquette pour connaître les souches qu’il renferme et assurez-vous qu’elles ont été expérimentées séparément.
Allégations controversées: les fabricants de ces deux produits ont conçu chacun un logo santé qu’ils apposent sur les produits de leur gamme censés être meilleurs pour la santé. Le logo Solution sensée de Kraft figure sur les paquets de mini Oreo, et le logo Collation intelligente de PepsiCo, sur les sachets de croustilles légèrement salées de Lay’s. Dans ce dernier cas, PepsiCo allègue que les croustilles constituent «un choix sensé parce que chaque portion de 50 grammes contient 50% moins de sodium que les classiques de Lay’s». En octobre 2009, la Coalition québécoise sur la problématique du poids, une initiative de l’Association pour la santé publique du Québec, a condamné ces logos privés qui figurent sur le devant des emballages et qui sèment la confusion chez le consommateur, demandant du même souffle à Santé Canada de les interdire.
En conclusion: une portion de 50 grammes de croustilles Lay’s légèrement salées fournit tout de même 280 calories et 18 grammes de gras. Quant aux minis Oreo, une portion de 30 grammes fournit 6 grammes de gras et 12 grammes de sucre. Par conséquent, ne vous laissez pas tromper par les logos privés. Ils désignent peut-être, dans une gamme donnée, un produit relativement plus sain, mais cela ne change pas le fait qu’un aliment-camelote en restera toujours un.