Au Canada, plus de la moitié des cancers de la bouche sont dépistés à un stade avancé. La prévention commence par un examen dentaire régulier: voici pourquoi.
Si l’examen dentaire régulier contribue à la prévention de la carie et de l’infection des gencives, il augmente également les chances de dépistage précoce du cancer de la bouche. On appelle ainsi toute lésion maligne sur et à l’intérieur de la cavité, qu’il s’agisse des lèvres, des joues, du palais, du plancher, de la langue ou des gencives. S’il ne figure pas parmi les plus répandus, c’est un cancer tout de même assez commun : au Canada, on diagnostique autour de 4700 nouveaux cas chaque année.
S’il est pris très tôt, le taux de survie à cinq ans d’un cancer des lèvres est de 93 %, et de 75 % pour ceux qui souffrent d’un cancer de la bouche et de la langue. Mais le stade atteint par la tumeur est un facteur déterminant. Voilà pourquoi l’examen régulier est important. Le dentiste peut ainsi examiner les zones moins visibles de la cavité buccale et détecter facilement des taches rouges ou blanches et d’autres symptômes précoces.
Mais on peut être soi-même attentif aux symptômes : douleurs à la bouche, grosseur ou plaie qui ne guérit pas, mal d’oreilles, gencives gonflées, traces de sang dans la salive, dent qui bouge, voix enrouée, difficulté à déglutir. Le Dr Brano Bystricky, de la Société européenne d’oncologie, suggère de consulter un médecin si l’un de ces symptômes s’étire sur plus de trois semaines. Même pour des petites tumeurs, il n’est pas rare d’observer une enflure des ganglions. « Les patients la sentiront aisément : elle se présente sous forme de grosseurs au cou ou sous le menton qui augmentent ou ne disparaissent pas après une prise d’antibiotiques », précise-t-il.
Les risques de cancer buccal sont plus élevés chez les fumeurs – ce qui vaut sans doute aussi pour les adeptes de la cigarette électronique qui contient certains des mêmes produits cancérigènes. La consommation excessive d’alcool est un autre facteur de risque important, car le produit irrite les cellules de la bouche. On pense que l’alcool accroît l’effet du tabac en facilitant la pénétration dans les cellules de substances chimiques nocives.
Un nombre croissant de cas de cancers de la bouche s’explique par les papillomavirus (HPV) qui se transmettent parfois à la bouche, à la langue et à la gorge lors d’une relation bucco-génitale – et même d’un baiser profond. (La recherche se poursuit à cet égard.) Pendant un an ou deux, le système immunitaire arrive à combattre les infections HPV, qui sont souvent asymptomatiques et ne causent pas de problèmes de santé. Mais quand elles persistent plusieurs années, elles peuvent donner lieu à des transformations cellulaires cancéreuses.
Le cancer de la bouche touche deux fois plus d’hommes que de femmes. Le fait qu’ils consomment en moyenne plus d’alcool et de tabac y est pour quelque chose, mais ils sont également plus sujets aux cancers de la bouche et de la gorge transmis par HPV. « On pense qu’ils fabriquent moins d’anticorps pour combattre ces infections », explique le Dr Bystricky, en ajoutant toutefois qu’il n’existe encore aucune certitude à ce sujet.
Il existe maintenant des vaccins pour contrer les souches de HPV les plus dangereuses. Ces vaccins se sont montrés efficaces dans la prévention du cancer du col de l’utérus – surtout s’ils sont administrés à des jeunes qui ne sont pas encore sexuellement actifs. Les résultats prouvant leur efficacité contre le cancer de la bouche restent préliminaires, mais on a essentiellement affaire aux mêmes souches virales. Il y a donc bon espoir que les programmes d’immunisation systématique permettront bientôt d’éviter plus facilement ces cancers.
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