Le 16 octobre 1820 naissait à Greenock en Écosse, John Sanderson, journaliste et collecteur de plantes, mort le 03 mars 1881 à Durban, Afrique du Sud. Après avoir émigré dans la province du Natal en mars 1850, il se passionna pour la botanique, suite à sa rencontre avec Mark Johnston McKen (1823-1872) un « chasseur de plantes » sud-africain. Ensemble, ils herborisèrent beaucoup, récoltant de nombreux échantillons de plantes encore inconnues à l’époque.
Au cours d’une de ses explorations dans le KwaZulu-Natal, John Sanderson découvrit en décembre 1851 une plante bulbeuse à port grimpant pour laquelle Sir William Jackson Hooker (1785-1865), qui à l’époque, dirigeait les Jardins botaniques royaux de Kew à Londres, créa en son honneur, en 1853 dans le fameux Curtis’s Botanical Magazine, le genre monospécifique Sandersonia aurantiaca (clochette de Noël, Colchicaceae).
L’intérêt scientifique pour la botanique de John Sanderson le conduisit, en juillet 1851, à devenir membre du comité de la Natal Agricultural and Horticultural Society, fondée en 1848. Il en fut ensuite le président de 1860 à 1881. John Sanderson a également siégé au comité de la Durban Horticultural Society de 1868 à 1871. Il correspondait avec William Henry Harvey (1811-1866) qui était le conservateur de l’herbier du Trinity College de Dublin en Irlande et avec Sir William Jackson Hooker déjà cité plus haut.
Durant 30 ans, il leur a fait parvenir des spécimens de plantes séchées, des graines et des bulbes. Dans la préface du Volume 1 de Flora Capensis (1860), Harvey a reconnu la contribution de John Sanderson pour ses : « collections très intéressantes et précieuses de la colonie de Natal et du Transvaal, contenant beaucoup de nouveaux genres et espèces », tandis que McKen l’a mentionné en 1870 comme l’un des principaux collecteurs de fougères du Natal. Les spécimens recueillis par Sanderson sont précieusement conservés dans les Jardins botaniques royaux de Kew à Londres, mais aussi à l’Institut de recherche botanique de Durban et dans l’herbier Compton à Cape Town.
John Sanderson écrivit : « Rough notes on the flora of Natal », qui fut publié en annexe aux Voyages de James Chapman dans l’Afrique du Sud (1868). Il a aussi donné des conférences sur les orchidées durant cette période, envoyant vers la fin des années 1860 au moins 80 espèces différentes d’orchidées à Kew Gardens. Sanderson était un artiste accompli. On lui doit de nombreux croquis botaniques au crayon conservés à l’Institut botanique national de Pretoria et à Kew Gardens.
Plusieurs espèces de plantes, toujours validées par la nomenclature botanique internationale, honorent la mémoire de John Sanderson. On peut citer deux Apocynacées : Ceropegia sandersonii décrit et nommé en 1869 par le Français Joseph Decaisne (1807-1882) et Brachystelma sandersonii que l’on doit, en 1908, au botaniste britannique Nicholas Edward Brown (1849-1934).
Chez les Asteraceae (Composées) nous avons Hymenoclea sandersonii nommé en 1994 par le botaniste et explorateur américain Noël Hermann Holmgren (né en 1937 à Salt Lake City, Utah) et Senecio sandersonii nommé par William Henry Harvey en 1865.
On retrouve aussi l’évocation de John Sanderson dans des familles très diverses : tels les Aspleniaceae avec Asplenium sandersonii, une fougère d’Afrique australe décrite et nommée en 1860 par William Jackson Hooker (1785-1865) ou bien les Lentibulariaceae avec Utricularia sandersonii une plante carnivore sud-africaine au port étalé, dont la dénomination scientifique datant de 1865 est due à Daniel Oliver (1830-1916).
Les Passifloraceae sont représentées par Basananthe sandersonii, que William Henry Harvey avait classé en 1859 dans le genre Tryphostemma aujourd’hui invalide. Cette plante au port rampant que l’on rencontre à l’est de l’Afrique du Sud et au Swaziland, bénéficie de son nom actuel depuis 1973, suite au travail de Jan Jacobus Friedrich Egmond de Wilde (né en 1932).
Il ne faut pas oublier Hermannia sandersonii (Malvaceae), un sous-arbrisseau devenu vulnérable dans son biotope de la région de Durban en Afrique du Sud. Formant un buisson érigé et branche, il pousse sur les sables bourbeux de la côte. La plante a été nommée par William Henry Harvey en 1860.
D’autres plantes bulbeuses que le Sandersonia portent aussi le nom de John Sanderson. C’est le cas de Ledebouria sandersonii (Asparagaceae) d’abord décrite sus le nom de Scilla sandersonii en 1870 par John Gilbert Baker (1834-1920) et renommée en 2003 dans la nomenclature d’aujourd’hui par S.Venter & T.J.Edwards. Citons également une plante du Botswana aux belles fleurs bleues : Lapeirousia sandersonii (Iridaceae) que l’on doit à John Gilbert Baker en 1892.
Chez les Fabaceae (Légumineuses) : Argyrolobium sandersonii a été nommé par William Henry Harvey en 1862, Hoffmannseggia sandersonii en 1888 par Heinrich Gustav Adolf Engler (1844-1930). Quant à Pomaria sandersonii c’est une plante aux propriétés médicinales prometteuses, dont le nom a été créé par Beryl Britnall Simpson & Gwilym Peter Lewis en 2003.
Chez les Orchidaceae chères à John Sanderson, on retiendra : Bulbophyllum sandersonii. Cette espèce épiphyte aux fleurs curieuses, pousse en touffes généreuses dans de nombreux pays d’Afrique. Elle a été nommée en 1878 par le botaniste allemand Heinrich Gustav Reichenbach (1824-1899). Dans la même famille, n’oublions pas aussi Polystachya sandersonii nommé par William Henry Harvey en 1863, une orchidée épiphyte miniature, endémique des forêts côtières du Natal et du Transvaal.
Les plantes suivantes ne sont plus valides du point de vue de la nomenclature botanique internationale : l’orchidée Lissochilus sandersonii décrite et nommée en 1878 par Heinrich Gustav Reichenbach, s’appelle officiellement depuis 1936 : Eulophia horsfallii, nom que lui a attribué Victor Samuel Summerhayes (1897-1974). Toujours dans la famille des Orchidaceae, Cymbidium sandersonii nommé par William Henry Harvey en 1868, s’est avéré être Ansellia africana, plante que le fameux botaniste britannique John Lindley (1799-1865) avait décrite et nommée en 1844.
Terminons cette revue d’effectif des plantes anciennement attribuées à Sanderson, avec Cissus sandersonii (Vitaceae) auquel William Henry Harvey avait donné ce nom en 1860, mais qui est devenu en 1966 : Cyphostemma cirrhosum subsp. transvaalense après les description et reclassification de Hiram Wild (1917-1982) & Robert Bailey Drummond (1924-2008). Quant à Loranthus sandersonii (Loranthaceae) nommé en 1880 par William Henry Harvey, il a pris le nom d’Helixanthera woodii suite au travail en 1933, du néerlandais Benedictus Hubertus Danser (1891-1943).