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LE GROSEILLIER, PLANTE DU 5 JUILLET

Le dix-septième jour du mois de messidor du calendrier républicain est dédié à la groseille. Qu’ils soient à à grappes ou à maquereaux, les groseilliers ainsi que le cassissier que l’on nommait autrefois « groseillier noir », appartiennent au genre botanique Ribes (famille des Grossulariaceae).

Ce sont des petits arbustes buissonnants d’environ 1,50 m de haut, dont les baies à la saveur acidulée sont non seulement très appréciées des gourmets, mais possèdent aussi des vertus diététiques non négligeables.

 

 

Ribes, la plante aux fruits aigres

L’origine du nom botanique Ribes est contestée. Selon certains écrits, il dériverait du danois « rib » qui désigne la plante. Pour d’autres auteurs, Ribes serait d’origine arabe et signifierait « aigre », allusion à l’acidité naturelle des baies.

Le nom aurait été introduit en Europe avec la plante (groseille à grappes), après la conquête de l’Espagne par les Maures. Il a été mentionné pour la première fois dans un écrit au seizième siècle par le botaniste allemand Johannes Thal (1542 – 1583), puis repris et officialisé près de deux siècles plus tard par le naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778), lors de la publication de son célèbre Genera Plantarum en 1753. Il classait alors le groseillier dans la famille des Saxifragacées.

Le fruit qui aromatise les maquereaux

Le groseillier à maquereaux (Ribes uva-crispa) pousse spontanément en Europe du Nord. Il doit son nom commun au fait que ses baies vertes au goût acidulé étaient utilisées en Europe du Nord dans les sauces aigres-douces qui accompagnaient les maquereaux. Le nom d’espèce dérive du latin uva, raisin et crispa, crépu, car le fruit ressemble à un grain de raisin hérissé de poils.

Le groseillier à maquereaux a sans doute été introduit en France par les Danois. Jusqu’à la fin du seizième siècle, on a appelé ce fruit « groselle » ou « greuzelle ».

Selon les régions, la plante a porté de nombreux noms populaires : agrimolier, ballon, claque poux, croque poux, croupoux, groseille ballon, groseille verte, pétasse, etc.

La groseille rouge, un fruit âpre

Le groseillier à grappes (Ribes rubrum) est plus méridional. On le rencontre même en Afrique du Nord. Totalement absente des textes anciens et même de la majeure partie du Moyen-Âge, on trouve seulement la première mention de cette espèce en 1486 dans l’Herbier de Mayence publié. Sa culture aurait débuté au nord de la France et en Belgique, gagnant l’Allemagne vers 1560, puis l’Italie à la fin du seizième siècle.

Le groseillier à grappes (groseillier rouge) était appelé « gadelier », du breton gardiz : âpre, aigre, rude. On lui a aussi attribué les vocables : castillier (le fruit étant la castille), cassis rouge, grade, gradille, guédelle ou raisin de mars. En Suisse romande, la groseille rouge est nommée « raisinet » et au Québec, c’est la gadelle. Dans ces pays le terme groseille s’applique à la groseille à maquereaux.

Les groseilles à grappes ont été autrefois appelées « baies de Saint Jean » car elles commencent à mûrir vers le 24 juin.

Traditions et superstitions avec les groseilliers

Comme toutes les plantes comestibles, le groseillier fa fait l’objet de beaucoup d’utilisations populaires plus ou moins étranges et entachées de superstition. Au Moyen-Âge on le considérait même comme un remède contre la peste ! Voici pêle-mêle d’autres usages à prendre avec toutes les réserves qui s’imposent…

• Pour avoir deux floraisons de groseilliers dans l’année, il faut les effeuiller la veille de la Saint-Jean à midi précis.

• Un dicton affirme : peu de fruits au groseillier, peu de blé dans le grenier

• On dit que rêver de groseilles à maquereaux mûres annonce la fortune et une grande fidélité de votre bien aimé(e), une progéniture nombreuse (surtout des fils) et la réalisation de vos rêves.

• Dans certaines régions d’Angleterre, on disait que les enfants naissaient dans les buissons de groseillier.

• Les jeunes filles qui mangent beaucoup de groseilles, dit-on, feront des épouses jalouses.

• Dans la ville de Dijon, il se disait que : « s’il y a beaucoup plus de groseilliers à grappes que d’habitude, la fille de la maison trouvera un riche parti cette année-là. »

• Selon certaines croyances, le groseillier protège du diable et des démons.

• Un rameau de groseillier suspendu à l’âtre est supposé soigner les dartres.

Dans certaines régions, on piquait d’une branche de groseillier blanc passé dans le feu de la Saint-Jean les animaux souffrant d’enflures.

• La ville de Bar-le-Duc (Meuse) est célèbre pour sa confiture de groseilles dont la recette date de 1344 ! Sa particularité : chaque baie est épininée (en moyenne 7 pépins par groseille) manuellement avec une plume d’oie (3 heures sont nécessaires pour obtenir 1 kg de groseilles épépinées). Appelée le « caviar de Bar », cette confiture est encore fabriquée par un artisan. Son prix avoisine les 200 €/kg.


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