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UNE PLANTE CARNIVORE NOUVELLE DÉCOUVERTE GRÂCE À FACEBOOK

Et si la science botanique progressait grâce réseaux sociaux… C’est l’étonnante expérience et l’aventure qu’a vécues Paulo Gonella, un doctorant en biologie, travaillant au laboratoire de systématique végétale de l’université de São Paulo au Brésil. En 2012, regardant des photos de Drosera postées sur Facebook par son ami Reginaldo Vasconcelos, également botaniste amateur et orchidophile, Paulo Gonella trouva que les plantes présentées différaient des espèces brésiliennes qu’il connaissait. Elles paraissaient plus grandes et présentaient des différences sur la nervation des feuilles et des fleurs en cymes multiples.

 

 

Expédition dans les montagnes du Minas Gerais

Avec Fernando Rivadavia un spécialiste reconnu des plantes carnivores brésiliennes, Paulo Gonella partit à la recherche de la plante mystérieuse… Après plusieurs mois d’explorations dans la région de Minas Gerais au sud-est du Brésil, ils retrouvèrent les plantes, poussant sur des affleurements de grès, à environ 1 500 m d’altitude sur le « Pico Padre Angelo », et récoltèrent des échantillons.

Une nouvelle espèce officialisée le 24 juillet 2015

Après un minutieux travail de classification de la part des taxonomistes, il s’avéra qu’il s’agissait d’une espèce nouvelle qui a été nommée Drosera magnifica et publiée officiellement le 24 juillet dernier dans revue scientifique botanique Phytotaxa.

Les Drosera que l’on nomme rossolis en français, sont des plantes insectivores qui se déclinent en 250 espèces réparties sur tous les continents, sauf en Antarctique. 14 espèces brésiliennes sont répertoriées sur la base de référence en ligne « Lista da Flora do Brasil », mais certains scientifiques, dont Fernando Rivadavia, estiment qu’il existerait une trentaine d’espèces de droséras dans le pays.

La plus grande plante carnivore d’Amérique du Sud

Avec Drosera regia d’Afrique du Sud et D. gigantea d’Australie, D. magnifica fait partie des trois plus grandes espèces du genre, c’est aussi la plus grande du Nouveau monde. Si un œil profane peut trouver une vague ressemblance entre les feuilles de D. magnifica et celles du très connu D. capensis, voire de D. regia, une inspection minutieuse révèle une relation claire avec deux autres espèces brésiliennes D. graminifolia et D. spiralis auxquelles elle est forcément apparentée.

Une des particularités marquantes de Drosera magnifica est la forme de chandelier de son inflorescence. Bien que la plante produise un grand nombre de graines, aucun semis naturel n’a pu être trouvé lors de l’exploration du site. En revanche, de jeunes pousses adventives se développent à la périphérie des plantes adultes.

Les plantes adultes sont tout simplement énormes, puisqu’elles forment des touffes atteignant près de 1,50 m de haut avec une énorme tige d’environ 1,20 m. Munies de tentacules collants et mobiles comme tous les Drosera, les feuilles carnivores de D. magnifica mesurent jusqu’à 24 cm de long, ce qui leur permet de capturer des insectes de la taille d’une libellule.

Une toute petite zone de répartition qui menace sa survie

En raison de son micro-endémisme (la population principale pousse seulement sur une pente à 45° couvrant une zone de 50 m de diamètre), elle est considérée en « état critique d’extinction ». En effet, des plantations de café et d’eucalyptus dominent le paysage environnant dont la majeure partie de la couverture forestière a été détruite par les exploitants.

Deux nouveaux êtres vivants ont désormais été découverts grâce à Internet

Il est étonnant que cette plante, très localisée, mais qui pousse dans un endroit relativement accessible n’ait jamais été observée auparavant. Les scientifiques qui ont travaillé sur la détermination de la plante et en particulier Andreas Fleischmann de la Collection nationale botanique de Munich et Daniel Burnham de l’Université de San Francisco en Californie, ont officiellement déclaré qu’il s’agissait de : « la première espèce de plantes à être enregistrée comme ayant été découverte grâce à des photographies postées sur un réseau social ».

En revanche, ce n’est pas le premier être vivant à être découvert grâce à Facebook puisque ce fut le cas précédemment de la chrysope malaise Semachrysa jade décrite en 2012 par Shaun L. Winterton du département d’agriculture de Sacramento, Californie, à partir d’une photo prise par un amateur en 2011 et postée sur Internet. À quand la prochaine découverte…


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