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EMMENOPTERYS HENRYI UNE FLORAISON RARISSIME EN EUROPE

Lorsqu’un Emmenopterys henryi fleurit dans un jardin européen, c’est toujours un grand moment car cet arbre, déjà rare dans son biotope en Chine, et très peu présent en culture, ne fleurit que de manière épisodique et très occasionnelle. Voir un Emmenopterys en fleurs reste un événement aussi exceptionnel qu’extraordinaire, non seulement pour les botanistes mais aussi pour tous les passionnés de jardins et de plantes car cet arbre fleurit de façon très aléatoire, ses grandes panicules se faisant souvent attendre pendant 20 ans… voire jusqu’à 70 ans !

 

Une des floraisons les plus capricieuses du monde végétal

La plus récente floraison d’Emmenopterys henryi date de l’été 2013. Elle s’est produite à l’Arboretum Kalmthout en Belgique. Il s’agissait d’une des rares floraisons répertoriées en Europe, depuis l’introduction de cet arbre en Angleterre (1907) par le botaniste explorateur Ernest Henry Wilson (1876-1930) qui travaillait pour le compte des jardins de Kew à Londres.

La première floraison européenne a été obtenue en Italie en 1971 dans le sublime jardin de la Villa Taranto en Italie (Lac Majeur), l’arbre a de nouveau fleuri en septembre 2010.

L’arbre envoyé par Ernest Wilson a fleuri à Kew gardens en 1977 (70 ans pour une première floraison !). On a ensuite enregistré l’épanouissement d’Emmenopterys henryi à Wakehurst Place (Sussex, Angleterre) en 1987, un spécimen âgé de 75 ans qui n’a pas refleuri depuis, et deux à Kalmthout en 1987 et 2006. En 2010, puis en 2011, les deux sujets plantés en 1928 dans les jardins de Borde Hill à Haywards Heath (Sussex) ont également fleuri.

Le pépiniériste français Maurice Laurent a obtenu (à Saint-Romain en Gal dans le Rhône) une floraison en juillet 2012 et en août de la même année le spécimen du jardin botanique de l’université de Strasbourg a fait de même. Ces deux plantes avaient été acquises au début des années 1990 auprès des pépinières Esveld de Boskoop (Pays-Bas). Ceci explique sans doute la quasi-simultanéité de leur floraison.

Un spécimen âgé de 19 ans a également fleuri en même temps que celui de Strasbourg, dans le parc Victor Thuillat à Limoges (Haute-Vienne). En septembre 2012, un Emmenopterys âgé d’une trentaine d’années, a fleuri dans le jardin botanique de l’université de Cambridge en Grande-Bretagne. 2012, une année faste pour les amateurs de cet arbre !

Une merveille de la forêt chinoise

Lorsque le botaniste et « chasseur de plantes » Ernest Henry Wilson découvrit la plante, il la désigna comme : « One of the most strikingly beautiful trees of Chinese forests… » (L’un des arbres à la beauté la plus saisissante des forêts chinoises). Il est vrai que les panicules sont très spectaculaires avec leurs fleurs blanc crème en trompette accompagnées de grands sépales blancs qui ressemblent étrangement à ceux du faux hortensia grimpant (Schizophragma hydrangeoides). Apparaissant toujours dans la partie supérieure de l’arbre, elles exhalent un puissant parfum qui embaume alentour. L’épanouissement des corolles se fait de manière progressive, d’où une période de floraison d’au moins trois semaines.

L’arbre forme un houppier ovoïde porté par un tronc à l’écorce grise et crevassée qui s’exfolie. Les feuilles caduques, opposées, coriaces, portées par des pétioles pourpres, naissent dans une tonalité cuivrée, avant d’évoluer en vert foncé. Pouvant mesurer plus de 20 cm de long, elles se caractérisent par leurs nervures bien marquées.

Un très rare cousin du caféier

On doit au botaniste britannique Daniel Oliver (1830-1918) la création du genre Emmenopterys en janvier 1889, du grec emmeno, préserver et pterys aile, allusion à l’aspect précieux et fragile des sépales de l’inflorescence. Dans le même temps, il a dédié le nom d’espèce au collecteur de plantes britannique Augustine Henry (1857-1930), grand spécialiste de la flore chinoise.

Le genre Emmenopterys compte seulement deux espèces, la seconde étant E. rehderi, encore plus rare, qui a été décrit en 1932 par le botaniste américain Franklin Post Metcalf (1892-1965). Il appartient à la famille des Rubiaceae, ce qui en fait un cousin du caféier (Coffea arabica), mais aussi du Gardenia.

Les Emmenopterys sont originaires du centre et au sud-ouest de la Chine, jusqu’au nord du Myanmar (Birmanie) et en Thaïlande. On les rencontre dans des zones forestières entre 500 m et 1 600 m d’altitude, dans des régions sévèrement exploitées pour leur bois et soumises à une agriculture intensive, d’où leur raréfaction en raison de la destruction de leur biotope. On considère aujourd’hui ce genre comme gravement menacé d’extinction, d’où les mesures de protection dont il bénéficie dans son biotope.

Un arbre d’une longévité assez exceptionnelle

Emmenopterys henryi vit très longtemps. En 2004, les membres d’une expédition botanique en ont découvert un exemplaire mesurant 45 m de haut… qui était probablement millénaire. Les quelques spécimens centenaires actuellement en cultures ne dépassent guère 12 m.

Cet arbre, que les chinois nomment « Xiang guo shu », se montre parfaitement rustique sous notre climat. Il semble même apprécier les hivers longs et rigoureux qui, lorsqu’ils sont suivis d’un beau printemps ensoleillé favorisent la mise à fleur.


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