Cette mignonne plante bulbeuse à floraison hivernale que l’on nomme parfois « goutte de lait » et que les botanistes affublent du nom Galanthus (littéralement « fleur de lait »), a donné lieu à de très jolies formulations de la part d’auteurs célèbres ou anonymes. Le mot perce-neige est apparu dans la littérature en 1641 avec la fameuse Guirlande de Julie. Nous vous laissons découvrir ci-dessous quelques morceaux choisis, en espérant qu’elles sauront cous toucher…
Si cette plante vous inspire ou que vous connaissez d’autres extraits littéraires qui la mettent en scène, n’hésitez pas à nous en faire part. Merci…
• « Du perce-neige, la blanche fleur
Est la violette de la Chandeleur. »
(Anonyme)
• « L’audacieux perce-neige que l’on attend avec impatience car il est la première fleur du printemps, représente la consolation lorsqu’on le place au sommet du bouquet ».
(Anonyme)
« Je voudrais être enterré sous des couches de neige,
Et me laisser aller et nettoyer
De toute la boue dont la vie m’a recouvert,
Puis revivre au printemps, comme une perce-neige. »
(Anonyme)
• « Le perce-neige montre à nos yeux surpris ses clochettes d’ivoire, qui portent en leur sein un léger point de verdure, comme si elles avaient été marquées par l’espérance. »
(Anonyme xix siècle)
« Perce-neige ! Oh ! Précoce enfant de la Nature,
Candide fleur, à l’âme aussi blanche que pure,
Lève ta tête, au sol penchée en abat-jour,
Et parles-nous du Dieu qui te donna le jour ! »
Grêle, pâle, abattue et timide et tremblante,
Bien rudement bercée, et mainte fois souffrante.
Par Dieu je fus choisie entre toutes les fleurs
Pour proclamer sa gloire, annoncer ses splendeurs. »
(Anonyme anglais, 1864)
« Les perce-neige sont comme des petits guerriers blancs. Ils vont juste de l’avant et sans crainte marchent tout droit à travers la neige, pour voir le soleil. »
(Anonyme Anglais, juillet 2015)
« Salut, fleur de la Vierge ! Aimable avant-courrière
Qui des champs endormis présages le réveil ;
La terre au loin tressaille et sort d’un long sommeil,
Comme autrefois Lazare échappé de la bière.
… Salut, fleur de la Vierge, humble fleur, toi qui rends
L’espoir de jours meilleurs à nos esprits souffrants. »
(Léon Barat. En passant par la Lorraine, 1892)
« C’est depuis toujours qu’elle essuie
Averses, gels et tourbillons,
La perce-neige des sillons
Qu’un fil de tige, à peine appuie,
Contre le vent, contre la pluie. »
(Charles-Nérée Beauchemin, 1850-1931, poète québécois. Patrie intime, 1928)
« Sous un voile d’argent, la terre ensevelie
Me produit, malgré sa fraîcheur,
La neige conserve ma vie,
Et, me donnant son nom, me donne sa blancheur,
Mais celle de ton sein, adorable Julie,
Me fait perdre aux yeux éblouis
La gloire désormais ternie
Que je ne cédais pas au lis. »
(Isaac de Benserade, 1612-1691, Madrigal, La Guirlande de Julie)
« Cette plante que je figure,
Malgré des vents pernicieux
Les efforts les plus furieux,
S’éclot, et paraît toute pure.
Quoi que l’Aquilon envieux
Tâche d’effacer sa peinture,
Il ne peut ravir à nos yeux
L’unique fleur dans la froidure. »
(Mr. Brouhault, chanoine régulier de Caen, 1670. Recueil d’œuvres)
« Nous attendons tous avec impatience les perce-neige,
Le signe avant-coureur du printemps
Dans leurs nombreuses nuances de blanc
Délicatement teintées de vert
Belles, oh si belles ! »
(Joe Cole, Angleterre, mars 2015)
« Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid
Sans souci d’heure ni d’endroit
Ma pensée est un perce-neige.
Si son terrain est bien étroit
La feuille morte le protège,
Ma pensée est un perce-neige
Qui pousse et rit malgré le froid. »
Charles Cros, 1842-1888. Le collier de griffes, 1908 (publication posthume).
« Que j’aime à voir le Perce-neige !
Il nous dit que dans peu d’instants
Des hivers, le triste cortège
Va se fondre aux feux du printemps
Cette fleur à la voix de flore
Est enfin prête à scintiller
Doux rossignols, chantez encore,
Le Perce-neige va briller ! »
(Paul-Émile Debraux, 1796-1831. Le Momusien, 1828)
« Violette de la Chandeleur,
Perce, perce, perce-neige,
Annonces-tu la Chandeleur,
Le soleil et son cortège
De chansons, de fruits, de fleurs ?
Perce, perce, perce-neige
A la Chandeleur. »
(Robert Desnos, 1900-1945, Chantefables et chantefleurs – Le Perce-neige, 1944)
« Avec la tendre clef d’un bouton tendrelet,
Sortant de son étui un fleuron tout douillet,
Qui porte seulement pour tout son équipage
Deux feuilles de verdure, et jamais d’avantage.
Mais la fleur en a trois, plus blanches que le lait
Et son petit feuillage au milieu plus parfait
Taille trois petits cœurs en petites feuillettes :
Ainsi par deux fois trois se forment ces fleurettes. »
(Jean Franeau, né en 1577. Jardin d’hyver ou Cabinet des fleurs, 1616.)
« …Là, dès que Février voit sourire un beau jour,
Sylphides et Follets au fortuné séjour
Reviennent empressés, et, sous leur tiède haleine,
Du milieu des frimas qui blanchissent la plaine,
Soudain la Perce-Neige offre à l’œil étonné
Son calice de miel et son front couronné… »
(Jean Baptiste Gindre de Mancy, 1797-1872. Les Deux Bourgognes, 1836)
« Rien de plus gai que le printemps,
Rien de plus joli que la rose;
Mais on les chanta de tout temps;
Mes amis, parlons d’autre chose.
L’hiver, moins triste qu’on ne croit,
Voit quelques fleurs dans son cortège:
Dussé-je paraître un peu froid,
Je vais chanter la perce-neige. »
(Armand Gouffé, 1775-1845. Encore un ballon, ou chansons et autres poésies nouvelles, 1807)
« …Je vis pure, et dans la froideur ;
Et mon teint, que la neige efface
Conserve son éclat dans l’extrême rigueur
De l’hiver couronné de glace… »
Henri-Louis Habert de Montmor, 1603-1679, La Guirlande de Julie, 1641)
« Pauvres fleurs, qui germez au soleil des hivers,
Quand son pâle rayon vient féconder la neige,
Allez. J’ai fait de vous un timide cortège,
Pour m’annoncer au seuil du lyrique univers.
Et j’ai fait un bouquet de vos frêles calices,
Pour les jeter, chétif, dans un monde moqueur ;
Heureux ! s’il peut percer, comme des froids cilices,
La neige de la terre et la neige du cœur. »
(Louis-Charles Maurice-Saint-Aguet, 1809-1873, Le Perce-Neige, 1835)
« Délicate goutte de lait qui brave les frimas,
Tinte le blanc carillon hivernal du perce-neige.
C’est la première corolle à naître sous ce climat.
Fleurir avant le printemps, étrange sacrilège !
Surgi du Paradis dans un gracieux cortège,
Voulant consoler Ève, désolée par l’hiver,
Un ange a soufflé sur un flocon de neige,
Et une fleur est éclose en saluant l’univers.
D’un blanc immaculé ses pétales entrouverts,
Évoquent la pureté, la tendresse, l’innocence.
À la Sainte Vierge Marie, ils font la révérence,
Un message d’espérance ébruité à couvert.
Les mots grecs gala, lait et anthos, la fleur,
Ont formé Galanthus, appellation galante,
Pour ce délicat bulbe dont les tendre pleurs,
En larmes de porcelaine dans le froid se lamentent. »
(Patrick Mioulane Calendrier du jardinier 2010)
« Le perce-neige sort le jardin de sa torpeur hivernale, sa floraison réconfortante portant les promesses du printemps ».
(Patrick Mioulane. NewsJardinTV, 2015)
« Qu’importe des hivers la longue tyrannie !
Disait un perce-neige, éclatant de blancheur ;
Je brave l’aquilon, les nuits et leur fraîcheur. »
Qui peut arrêter le génie ?
(Charles Louis Mollevaut, 1776-1844. Cent fables, de quatre vers chacune, 1821)
« Humble fleur qui perce la neige,
C’est toi que je chante en mes vers,
Du printemps ouvrant le cortège,
Tu viens condamner les hivers.
Avec toi tout semble renaître,
Tout s’anime aux bois d’alentour,
Et, joyeux de te reconnaître,
L’oiseau te célèbre à son tour. »
(Albert Montémont, 1788 – 1961. La Psyché, 1826)
« Lorsque la terre aux flancs arides
Dans l’hiver étale ses rides
Et frissonne au souffle de mars,
Voici déjà la perce-neige
Qu’un rayon de soleil protège,
Du gel défiant les hasards !
Sous sa feuille elle éclot cachée,
Et là, modestement penchée,
Des mortels fuyant les dédains,
Cette pâle fleur printanière
Nous semble en s’ouvrant la première
L’hirondelle de nos jardins. »
(Jean-Antoine (John) Petit-Senn, 1792-1870. Mes cheveux blancs, 1864)
« …Mais toi, fleur de l’hiver, modeste Perce-neige,
Qui, comme le sourire ébauché sous les pleurs,
Risque ta note gaie au milieu du cortège
Dont la saison de deuil s’entoure en ses rigueurs… »
(Charles Rouvin, La poésie des fleurs, 1894)
« À toi, salut, petite fleur !
J’aime ta robe virginale !
Tu viens, courrière matinale,
Nous porter des jours de bonheur.
Fille du froid et de la neige,
Ô caresse longtemps nos yeux,
Et que ton souffle radieux
De la souffrance nous allège ! »
(Hippolyte de Saint Anthoine Comte de Fleury, 1806 – 1891. Dernières Feuilles des bois, 1879)
« Sur mon front, que rien ne protège,
Toujours du givre, du verglas ;
Toujours des glaçons, des frimas ;
Encore et toujours de la neige !
Qu’importe ! Mes pétales blancs,
Qui s’épanouissent, tremblants,
Aux pâles aubes indécises,
Consolent les cœurs pleins d’amour ;
Car ils annoncent le retour
Du soleil et des tièdes brises. »
(Antonio Spinelli, Ce que disent les fleurs, 1864)