Souvent appelé « clochette d’hiver », ou « goutte de lait », le perce-neige (Galanthus nivalis L.), croît naturellement en France dans les montagnes d’Auvergne. On le rencontre aussi en Suisse. Cette petite bulbeuse a longtemps fait partie de la famille des Liliaceae, avant que la classification phylogénétique ne la déplace chez les Amaryllidaceae. Perce-neige est un nom invariable que l’on emploie aussi bien au masculin qu’au féminin.
Le genre Galanthus a été créé en 1753 par l’incontournable naturaliste suédois Carl von Linné (1707-1778). Le mot vient du grec gala (lait) et anthos (fleur), qui font allusion à la couleur blanc lacté de la fleur. La nomenclature botanique internationale reconnaît aujourd’hui 21 espèces de Galanthus et deux sous-espèces.
Dans le calendrier républicain qui attribue une plante à la plupart des jours de l’année, le perce-neige est la fleur du 4 jour du mois de pluviôse, c’est-à-dire le 23 janvier. En raison de sa période de floraison, on l’associe aussi couramment à la fête chrétienne de la Chandeleur (2 février), ce qui vaut parfois à la plante l’appellation de « violette de la Chandeleur ».
La légende veut que la naissance du perce-neige soit due un ange, descendu du ciel pour consoler Ève de la désolation de l’hiver, après qu’elle eut été chassée du jardin d’Éden. L’ange aurait attrapé un flocon de neige et soufflé dessus, le transformant en fleur.
Cette histoire explique pourquoi le langage des fleurs attribue au perce-neige le symbole de la consolation et de l’espérance. Mais il est vrai aussi que Galanthus nivalis est l’une des toutes premières fleurs de l’année à s’épanouir (dès janvier). Apportant une note de gaité, le perce-neige sort le jardin de sa torpeur hivernale, sa floraison réconfortante portant les promesses du printemps.
On plantait jadis des perce-neige dans les vergers attenants aux couvents ou dans les jardins des monastères, car cette plante est dédiée à la Vierge Marie. Pour les catholiques, déposer un petit bouquet de Galanthus auprès de l’effigie de la Sainte Vierge constitue une marque de pureté et de chasteté.
Les 21 espèces de Galanthus sont principalement originaires de Turquie et du Caucase, mais la zone géographique de la plante s’étend des Pyrénées à l’Iran. Beaucoup de ces plantes sont assez localisées et rares dans la nature. Pour découvrir en détail toutes les espèces de perce-neige, cliquez sur le lien (texte en bleu souligné)
Il existe de nombreux cultivars de perce-neige. Certaines formes originales très renommées comme ‘Castle Green Dragon’, une obtention écossaise à fleurs vertes, sont vendus plus de 100 € le plant aux galanthophiles (nom donné aux passionnés de perce-neige), très nombreux en Europe, mais surtout en Angleterre.
Pouvant réussir dans tous les jardins et même sur le balcon, le perce-neige est une plante parfaitement rustique, qui donne de bons résultats dans toutes les régions et ne nécessite aucun entretien particulier. On peut dire qu’elle « pousse toute seule ». Gare toutefois à l’humidité stagnante, ainsi qu’à l’appétit des mulots.
Plantez en septembre-octobre dans un sol siliceux, un peu alcalin et enrichi en humus (mais jamais de fumier frais). Installez les plantes à mi-ombre, dans un sol humifère, frais mais bien drainé, ne séchant pas en été.
• Le conseil de NewsJardinTV : achetez les bulbes aussitôt que possible dès qu’ils sont proposés à la vente, car ils souffrent de la sécheresse. Ils donnent donc de meilleurs résultats s’ils n’ont pas été stockés trop longtemps dans les magasins.
Plantez à 5-6 cm de profondeur des taches de 50 à 100 bulbes, espacés de 3 à 4 cm environ. Installez les perce-neige, de préférence à l’ouest, pour apprécier la transparence de la fleur dans le doux contre-jour du soleil matinal.
Dans le jardin, les perce-neige peuvent constituer des tapis décoratifs en bordure des massifs de vivaces et des allées passagères. Installez-les aussi au pied des arbustes à feuillage caduc pour égayer de verdure et de fleurs les zones dégarnies.
Le perce-neige est une plante qui se naturalise très facilement et convient aussi à la décoration des sous-bois clairs. L’association avec des aconits d’hiver (Eranthis hyemalis), des roses de Noël (Helleborus niger, des cyclamens de l’île de Cos (Cyclamen coum) et des bruyères d’hiver (Erica carnea) est toujours très réussie.
• Le conseil de NewsJardinTV : divisez les touffes tous les trois ans à la fin du printemps lorsque le feuillage s’est complètement développé et qu’il commence à jaunir, sinon la floraison devient plus clairsemée.
Le semis est possible en automne, en terrine, sous châssis froid. Mais attention, les espèces de Galanthus s’hybrident naturellement ; les plantes obtenues par semis ne sont donc pas toujours fidèles au type.
En raison de leur petite taille (10/15 cm de haut), les perce-neige sont particulièrement appréciés sur le balcon. Plantez une vingtaine de bulbes dans un pot de 18/20 cm de diamètre, rempli d’un mélange à parts égales de sable et de terreau léger. Dans une jardinière, vous pouvez associer aux perce-neige : crocus, muscari, primevères et pensées.
Les Galanthus ne sont pas comestibles. Ils peuvent causer de légers troubles digestifs en cas d’ingestion, veillez à ce que les enfants ne les « touchent que des yeux », d’autant que le contact des bulbes occasionne parfois des allergies cutanées chez les personnes sensibles.
Côté bioagresseurs, les larves de la mouche du narcisse (Merodon equestris) se nourrissent des bulbes et creusent des galeries qui favorisent le développement de la pourriture grise (Botrytis galanthina). Cette maladie peut aussi se développer sur les plantes en culture par temps humide, lorsque le sol est trop compact ou en présence de matière organique non décomposée. Ce sont des affections assez fréquentes.
La collection nationale de Galanthus est détenue par Mark W. Brown « La Berquerie », route du Manoir d’Ango 76119 Varangeville sur Mer (02 35 85 13 10) qui en cultive 311 espèces et variétés différentes. Ce jardin se visite sur rendez-vous en février.