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Vitamine D: les nouvelles recommandations

Les directives concernant la prise de vitamine D ont changé, mais il semble y avoir une confusion qui subsiste au sujet de la « vitamine soleil » que nous devrions prendre tous les jours. Est-ce que la récente recommandation est vraiment suffisante? Pour le savoir, nous avons interrogé les experts

Vous avez probablement beaucoup lu à propos des bienfaits de la vitamine D pour la santé. Mais la quantité de ce qu’on appelle la vitamine soleil que l’on doit prendre pour être en bonne santé reste incertaine. Alors que Santé Canada recommande aux adultes de moins de 50 ans de prendre un supplément quotidien de 200 unités internationales (400 UI pour les adultes de plus de 50 ans), des organisations comme Ostéoporose Canada et la Société canadienne du cancer recommandent une dose de 400 à 1000 UI par jour en automne et en hiver.

De nouvelles directives concernant la vitamine D ont récemment été publiées par l’Institute of Medicine des États-Unis, mais si vous espériez de ce rapport ‘ commandée par les gouvernements canadien et américain, et attendu depuis longtemps ‘ qu’il indique clairement la quantité suffisante de vitamine D que l’on doit prendre, vous serez déçu. Le comité de l’Institute of Medecine a examiné toute la recherche disponible sur le sujet et a conclu dans son rapport intitulé « Apports nutritionnels de référence pour le calcium et la vitamine D », qu’il n’y a pas suffisamment de preuves tangibles pour justifier une augmentation significative des niveaux de vitamine D dans le but de prévenir des maladies comme les maladies coronariennes et le cancer. Le rapport préconise plutôt une augmentation légère de la consommation quotidienne de 600 UI pour un adulte moyen, sur la base de preuves indiquant que la vitamine D contribue à maintenir les os en santé.

Alors, est-ce que cette nouvelle recommandation est suffisante? Nous avons demandé à d’éminents experts des deux côtés du débat de partager avec nous leurs opinions sur le sujet pour vous aider à décider par vous-même.

Ça ne suffit pas

Susan Whiting, professeur de nutrition à l’University of Saskatchewan et coauteure de « l’Enquête canadienne sur les mesures de la santé » publiée par Statistique Canada (qui a évalué le niveau de vitamine D dans le sang auprès des Canadiens entre 2007 et 2009) : Je ne crois pas qu’ils soient allés assez loin en termes de recommandations pour l’ensemble des effets que la vitamine D a sur la santé. Ils ont fait une recommandation très prudente au sujet de la santé des os. Le comité [rapport de l’IOM] semble penser que la preuve n’est pas concluante quant à l’efficacité de la vitamine D sur le cancer du côlon et sur les risques auxquels fait face le système immunitaire. Mais en ne consultant strictement que les essais contrôlés randomisés (ECR), ils ont éliminé la possibilité de consulter d’autres preuves vraiment éloquentes. Par exemple, un essai sur le cancer au Nebraska a révélé une réduction du cancer chez ceux qui ont pris 1000 UI de vitamine D par jour, mais il n’a pas été admis en preuve, en raison d’une technicité. D’autre part, ils ont gardé l’étude Women’s Health Initiative, où les participantes ne prenaient que 400 UI par jour, ce qui suffit à peine à faire une différence. Je suis d’accord qu’il doit y avoir plus de recherches sur la vitamine D et ses différents résultats pour la santé, mais ils auraient pu augmenter la quantité recommandée de 800 ou 1000 UI pour les personnes de plus de 50 ans, assurant ainsi la santé des os et procurant des avantages tels que la prévention du cancer et la protection le système immunitaire.

C’est suffisant

Krista Eslinger, conseillère en nutrition, Santé Canada : le comité de l’IOM a vraiment examiné de près tous les éléments de preuve disponibles et la raison pour laquelle il a fait la recommandation de 600 UI pour la santé des os est que les autres preuves concernant les autres problèmes de santé comme le cancer et les maladies cardio-vasculaires étaient inégales, non concluantes et n’indiquait pas de relations évidentes entre les causes et les effets. Le comité a examiné les ECR ainsi que des études d’observation : il a évalué l’ensemble de la preuve. Ce n’est pas comme s’il avait totalement écarté les relations démontrées par la recherche entre la vitamine D et le cancer, par exemple. Mais il a conclu qu’à ce stade, les relations ne sont pas assez claires et nettes pour faire une recommandation au public à cet égard. Nous trouvons que le rapport du comité est bien documenté et nous sommes d’accord avec sa conclusion.

Les Canadiens ont-ils une carence en vitamine D?

Susan Whiting : Le défi est de mettre en équation les niveaux de sang avec les niveaux de consommation et de déterminer un seuil de carence. (En d’autres termes, nous n’en savons pas suffisamment pour dire exactement quelle est la quantité de vitamine D nécessaire à une condition donnée et donc, il est difficile d’identifier avec exactitude ce qu’est une carence.) Dans le monde clinique, il y a des seuils pour un cholestérol élevé ou une carence en fer, mais nous n’en avons pas pour la vitamine D. Certains spécialistes arguent qu’il faut au moins 50 nanomoles par litre (nmol/L) pour la santé des os, mais le rapport de l’IOM indique que 50 nmol/L, c’est plus que suffisant. En se basant sur cette donnée, le comité de l’IOM a statué que 87 % des Canadiens ont un taux de vitamine D supérieur au taux nécessaire requis pour la santé osseuse. Mais le comité doit déterminer pourquoi le taux de certaines personnes était supérieur durant l’hiver alors que celui de certaines autres était inférieur. Peut-être que les Canadiens qui ont été testés prenaient déjà des suppléments vitaminiques en hiver (le comité n’a pas posé cette question). Il y a bien sûr des sous-groupes : les personnes qui ne sont pas d’origine européenne, les personnes qui ne s’exposent jamais au soleil même en été et les personnes âgées qui sont à risque d’être carencés en vitamine D. Prétendre que tout est parfait en ce qui concerne les niveaux de vitamine D, comme l’annonçait récemment Santé Canada, n’est pas acceptable. Il y a encore 15 % de gens, peut-être plus, qui ont une carence en vitamine D.

Krista Eslinger : L’étude sur les mesures de la santé n’a évalué que l’état du sang. Il y a bien une question qui a été posée afin de savoir si les participants prenaient des suppléments vitaminiques, mais c’était une question générique et non pas spécifique à la vitamine D. À l’avenir, nous allons tenter d’approfondir cette question. Ce sera une information importante pour établir les futurs politiques. Nous savons aussi que 10 à 15 % de la population souffre d’une carence en vitamine D selon le seuil approprié qui a été déterminé pour la santé osseuse. Mais nous ne connaissons pas exactement leur profil.

En réponse à ce nouveau rapport, la Société canadienne du cancer va-t-elle revoir à la baisse ses recommandations d’apport en vitamine D?

Heather Chappell, directrice des politiques de lutte contre le cancer à la Société canadienne du cancer : En 2007, pour la période automne-hiver, nous avons fait une recommandation de 1000 UI de vitamine D pour les adultes canadiens en nous basant sur les recherches de l’époque. Nous étions tout à fait à l’aise avec cette recommandation et nous le sommes toujours, parce que la recherche a montré une relation entre la vitamine D et les cancers du côlon et du sein. Nous reconnaissons qu’il n’existe pas de preuve faisant autorité (cause à effet prouvé) en fonction de la dose optimale de vitamine D, mais nous pensons également qu’il y a suffisamment de preuves scientifiques pour maintenir ces directives alors que la recherche continue.

Krista Eslinger : Je ne peux pas me prononcer quant à la façon dont la Société canadienne du cancer a évalué le rapport. Ce que je peux dire, c’est que les quantités recommandées par d’autres organismes de santé sont bien dans les limites de ce qui est considéré comme un niveau de consommation sans risque supérieur (le rapport de l’IOM a porté la quantité à 2500 UI par jour pour les adultes âgés de 19 à 50 ans).

Quelle est la limite pour un Canadien moyen?

Susan Whiting et Krista Eslinger : À l’heure actuelle, le message clé est que la quantité nécessaire de vitamine D sera différente pour chaque personne en fonction de son profil de risque. Avant d’ajouter un supplément de vitamine D à votre régime quotidien, parlez-en à votre médecin. Un professionnel peut vous aider à évaluer la quantité de vitamine D que vous obtenez à partir de l’alimentation et de l’ensoleillement. Il peut également prendre en compte les directives nationales et vos facteurs de risque de carence en vitamine D afin de vous faire la meilleure recommandation possible.


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