Cela semblait si prometteur, peu après le tournant du siècle. L'énorme flux de déchets de couches produit chaque année par les ménages, les crèches et les centres de soins pour personnes âgées pourrait enfin être recyclé.
Mais les choses se sont passées différemment :collecter suffisamment de déchets de couches à grande échelle a été décevant, tout comme la vente de produits recyclés. Lorsqu'en 2007, suite à un rapport du bureau de Delft CE, des doutes s'élèvent sur les bénéfices environnementaux – CE déclare que l'incinération avec récupération d'énergie est en fait encore meilleure – une contre-étude, qui révèle l'approche limitée de CE, n'est plus réussi. Le rideau est tombé pour Knowaste aux Pays-Bas. Quelque chose de similaire est arrivé à l'entreprise en Angleterre. Les tentatives persistantes de Knowaste pour inverser la tendance échouent toujours.
Aux Pays-Bas, l'incinération est toujours moins chère que le recyclage aujourd'hui :90 contre 110 euros la tonne de déchets de couches. Seul un petit flux en diminution est en quelque sorte recyclé par Orgaworld à Lelystad, où les couches sont co-fermentées avec des déchets organiques pour en faire du compost.
La qualité de ce compost fait également l'objet de discussions. En partie à cause des résidus de plastique présents, mais plus encore parce que l'urine et les matières fécales des couches pour adultes en particulier contiennent pas mal de résidus de médicaments, tels que des substances altérant les hormones et des antibiotiques. Les résidus d'antibiotiques dans l'environnement sont en partie responsables de la résistance croissante des bactéries aux médicaments.
Aux Pays-Bas et en Belgique, le compost issu de la fermentation des couches ou du compostage ne peut pas être utilisé à des fins agricoles. L'application est interdite en Allemagne. La Commission européenne travaille sur des réglementations similaires.
Pourtant, l'ambiance autour du recyclage des couches a de nouveau changé. La cause en est l'objectif européen de créer une économie circulaire. Par exemple, les Pays-Bas veulent recycler les trois quarts de tous les déchets d'ici 2020. Désormais, la Belgique et les Pays-Bas se situent autour de 65%, la Belgique faisant légèrement mieux. Si on veut atteindre 75%, il faudra quand même inclure quelques gros flux dans les cycles, argumente le monde des déchets. Pas étonnant que les couches (plus de 5 % de notre flux de déchets) réapparaissent.
L'astuce consiste à rentabiliser le tout. Et ce n'est pas facile. La proportion de cellulose dans les couches diminue rapidement :la couche devient de plus en plus un panneau de construction composé de diverses pièces en plastique. Ceux-ci doivent être démontés avec soin et de manière rentable avant qu'une réutilisation de haute qualité ne soit possible.
La question de savoir si le recyclage des couches a une nouvelle chance dépend donc principalement des économies de coûts et de la recherche de bons acheteurs pour les produits finaux. Des techniques récentes, à relativement petite échelle, telles que le compostage de HotRot/Envirocomp en collaboration avec le fabricant Huggies Kumberly-Clark et les modules de recyclage de l'italien Fater, en collaboration avec le principal adversaire de KC, Procter &Gamble, peuvent offrir des perspectives d'utilité dans -maison de traitement des couches à l'échelle régionale ou municipale.
Mais en fin de compte, c'est aux fabricants de décider. Ce n'est que lorsqu'ils conçoivent des couches de manière à ce que le recyclage devienne rentable qu'une nouvelle perspective se présente. Ou va-t-il jusque-là ? Pour l'instant, l'organisation faîtière Edana y voit peu, et les industriels non plus. Ils croient que trop de coûts d'investissement et d'efforts pour peu de retour environnemental décisif.
Le projet de couches d'Eos Magazine a été réalisé avec le soutien du Fonds Pascal Decroos pour le journalisme spécial.