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Les tatouages, le vernis à ongles et le granola sont-ils dangereux ?

L'espérance de vie a augmenté ces dernières années, mais nous sommes confrontés plus souvent que par le passé à des maladies de civilisation, notamment les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2 et le cancer. Selon des experts belges, des substances perturbatrices hormonales et cancérigènes en sont responsables.

Des experts du Conseil Supérieur de la Santé de Belgique ont dressé une liste des produits chimiques avec lesquels nous pouvons entrer en contact quotidiennement et qui sont potentiellement dangereux pour la santé. Cela concerne les substances cancérigènes et les perturbateurs endocriniens, ce sont des produits chimiques qui imitent les propres hormones de l'organisme et peuvent ainsi déséquilibrer les fonctions corporelles. Sur la base de cette liste, le Conseil Supérieur de la Santé a émis des recommandations pour limiter les maladies de civilisation.

La liste contient près d'une trentaine de recommandations, dont certaines sont connues depuis longtemps, tandis que d'autres sont étonnamment nouvelles, comme éviter les tatouages ​​et le vernis à ongles, réduire le granola , et de préférence manger des aliments issus de l'agriculture biologique"

La liste contient près d'une trentaine de recommandations, dont certaines sont connues de longue date et se sont également avérées utiles, comme ne pas fumer et éviter la fumée secondaire, tandis que d'autres sont étonnamment nouvelles et médiatisées, comme éviter les tatouages, éviter vernis à ongles et granola limitant. Il est également recommandé d'éviter le plastique, de laver les vêtements neufs avant de les porter, d'aérer votre maison pendant 10 minutes par jour et de manger de préférence des aliments issus de l'agriculture biologique. L'objectif de ces mesures est de faire en sorte que nous entrions le moins possible en contact avec des substances cancérigènes et perturbatrices endocriniennes.

Comment devons-nous interpréter cette nouvelle ?

Lors de l'émission de ces recommandations, seuls les produits susceptibles de contenir des substances nocives ont été pris en compte, sans vérifier s'il existe réellement un lien entre ces produits et la survenue de maladies de civilisation. En d'autres termes, il n'a jamais été démontré que se peindre les ongles ou manger du granola augmentait le risque de cancer ou de toute autre maladie de la civilisation. Les recommandations ne reposent pas sur des recherches épidémiologiques scientifiques montrant que le risque de maladies de civilisation augmente chez les utilisateurs des produits ciblés. Par exemple, il n'a pas été vérifié si les personnes qui boivent de l'eau de bouteilles en plastique ont plus de problèmes de santé que les personnes qui boivent de l'eau de bouteilles en verre.

Or, le principe de précaution peut aller loin :par exemple, voler pourrait être supprimé en raison des accidents qui pourraient survenir, alors que l'on sait que le risque de mourir en avion est très faible. Cela concerne 1 accident d'avion pour 100 000 heures de vol, ce qui est considéré comme un risque acceptable. Cet aspect est totalement absent de ce rapport du Conseil Supérieur de la Santé. La plupart de ces recommandations sont basées sur des études toxicologiques, des expérimentations animales et des études observationnelles chez l'homme. Ce dernier type de recherche convient pour démontrer des relations, mais pas pour établir des relations causales.

Certaines des références scientifiques du rapport sont surprenantes :elles renvoient à des hypothèses ou datent de plusieurs décennies. Le rapport affirme que des épidémiologistes et des spécialistes de la nutrition étaient présents lors de la compilation des recommandations. Ce n'est pas correct selon la liste des auteurs du rapport, qui mentionne principalement des toxicologues. La recommandation de consommer des aliments biologiques pour éviter les maladies de civilisation est basée sur une recherche observationnelle discutée dans un article précédent :l'étude de Baudry et ses collègues présentait de graves lacunes qui ne permettaient pas de tirer des conclusions. Les consommateurs d'aliments biologiques fument moins, ont un poids corporel inférieur et mangent moins de viande rouge et de charcuterie; bref, toutes les habitudes alimentaires et de vie qui sont liées à moins de cancer.

Il appartient bien sûr au Conseil Supérieur de la Santé de répertorier les éléments et comportements nocifs dans notre société et d'enquêter plus avant sur les éventuels risques sanitaires. Cependant, formuler près de trente recommandations sans preuves tangibles d'un lien avec la maladie, la qualité de vie ou la survie, puis diffuser ces recommandations au public par le biais de la presse, sape la crédibilité de cette institution.

Conclusion

Un certain nombre de nouvelles recommandations qui mettent en garde contre les aspects nocifs du vernis à ongles, des poêles antiadhésives, du granola ou des tatouages ​​s'appuient sur un rapport du Conseil supérieur de la santé qui ne montre que la présence de substances potentiellement nocives. Le lien entre l'exposition à ces substances et les maladies de civilisation n'a jamais été établi. Interdire sans preuves tangibles que la santé pourrait être affectée est alarmiste et sape la crédibilité d'un organisme gouvernemental.


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