Pour la première fois, des physiciens ont daté un tableau sur la base de la courbe du « pic de la bombe » :un pic de carbone vers 1960, causé par un nombre massif d'essais nucléaires.
Pour la première fois, des physiciens ont daté un tableau sur la base de la courbe du "pic de la bombe" :un pic de carbone vers 1960, causé par un nombre massif d'essais nucléaires.
Le Français Fernand Léger (1881-1955) était un représentant de l'art abstrait. Une toile présumée de Léger, qui ferait partie de sa série Contrast of Shapes, est exposée au musée Peggy Guggenheim à Venise. Mais il apparaît maintenant que l'œuvre n'était pas du peintre français. La solution est venue d'une source inattendue :la guerre froide.
Au cours des années 1950 et 1960, la guerre froide a déclenché une course aux armements sans précédent, qui a abouti à d'innombrables essais avec des bombes atomiques. Ces explosions ont eu un effet saisissant sur l'atmosphère :en moins de dix ans, la teneur en carbone 14 a doublé.
Ceci est bien visible dans ce tableau. La ligne bleue indique le contenu normal :100 pMC (percent Modern Carbon). En raison de la succession d'essais nucléaires, la part de C14 dans l'atmosphère a culminé en 1963 à un peu moins de 200 pMC. Cette courbe frappante est connue sous le nom de « pic de la bombe ». Après 1963, la courbe recommence à baisser, avec l'entrée en vigueur d'un traité interdisant les essais nucléaires en surface :le Traité d'interdiction limitée des essais nucléaires (LTBT).
Tissu de 1959
Revenons au tableau de Léger. Des chercheurs de l'INFN, l'Institut national italien de physique nucléaire, ont soumis un échantillon de la toile utilisée à une datation au carbone 14.
L'analyse a montré que la teneur en C14 des fibres était anormalement élevée. Conclusion :la toile date au plus tôt de 1959. Quatre ans après la mort de Léger, et plus de quarante ans après la série Contrast van Vormen (1913-'14). Jamais auparavant un tableau n'avait été examiné selon la méthode « bompiek ». Les résultats ont été publiés dans la revue The European Physical Journal Plus. (adw)