Avec certains problèmes de santé, vous pouvez vous économiser une longue attente aux urgences. Voilà cinq cas dans lesquels vous pourriez aussi bien vous soigner par vous-même.
«Si vous voulez que les choses soient bien faites, faites-les vous-même», dit la sagesse populaire. De nos jours, grâce à Internet qui met le monde à la portée de nos doigts, il est de plus en plus facile de faire des choses soi-même. Finances personnelles, planification de voyages et travaux de rénovation en sont les exemples les plus courants. Il n’est donc pas surprenant que de plus en plus de gens se demandent s’ils ne pourraient pas court-circuiter la file d’attente des urgences en se soignant eux-mêmes.
Dès lors se pose la question de savoir si l’on peut avoir confiance en soi lorsqu’il s’agit de se soigner soi-même. La sagesse veut pourtant que même un médecin ne se soigne pas lui-même et qu’il ne soigne pas non plus sa famille, car il risque alors de ne pas être absolument objectif, et un excès de confiance ou de peur pourrait lui faire commettre de regrettables bêtises. À l’évidence, si l’on vient de vous tirer dessus, vous n’essayerez pas de retirer la balle vous-même, et si un passant faisait une crise cardiaque sous vos yeux, vous ne tenteriez pas de lui faire redémarrer le cur à l’aide du câble de démarrage de votre auto.
Cela dit, il y a tout de même de nombreuses affections que l’on peut traiter soi-même, à domicile, en toute sécurité. Voilà cinq conseils qui valent la peine d’être suivis.
Ayez toujours un EpiPen avec vous. Un choc anaphylactique est une réaction allergique grave dont les facteurs de déclenchement les plus courants sont les aliments, le latex, les piqûres d’insectes et les médicaments. Les symptômes typiques de cette affection comprennent l’urticaire, l’enflure des lèvres, de la langue et de la luette, ainsi que des difficultés respiratoires. Si vous êtes sujet à l’anaphylaxie, le traitement le plus efficace est une rapide injection d’épinéphrine.
On peut mourir d’un choc anaphylactique, et le risque augmente avec le temps qui s’écoule avant de recevoir le traitement. Les compagnies pharmaceutiques ont donc développé un traitement à l’épinéphrine conçu pour être injecté par le patient lui-même, par un proche ou par n’importe qui. Il s’agit d’un auto-injecteur facile à utiliser, composé d’une seringue d’épinéphrine avec une aiguille que l’on plante sous la peau et un bouton que l’on presse pour que l’injection du médicament se fasse automatiquement.
Chez la plupart des patients, l’épinéphrine agit après une seule injection. Cependant, les symptômes peuvent réapparaître et un traitement complémentaire est parfois nécessaire pour maîtriser la réaction. On peut donc s’auto-injecter une seconde dose d’épinéphrine après 5 à 15 minutes. Dans l’intervalle, il vous faut tout de même appeler le 911 pour être conduit à l’hôpital le plus proche, même si vous vous sentez mieux. En attendant l’ambulance, vous saurez que le traitement que vous vous êtes donné vous aura peut-être sauvé la vie.
Voilà comment les professionnels tranchent. La pharyngite à streptocoques (plus connue sous le nom d’angine streptococcique) est une infection bactérienne de la gorge. Ses symptômes sont en général de la fièvre, une gorge très douloureuse (comme si vous avaliez du verre pilé) et enflée, ainsi que des ganglions du cou sensibles au toucher. L’angine streptococcique se soigne avec des antibiotiques pour accélérer la guérison et prévenir les complications telles que la fièvre rhumatismale et les troubles rénaux.
Beaucoup de patients se précipitent aux urgences avec des maux de gorge parce qu’ils présument qu’ils souffrent d’une angine streptococcique qui ne se soignera qu’avec des antibiotiques. En fait, la majorité d’entre eux ont une pharyngite virale, un rhume ou une infection virale des voies respiratoires supérieures. Les virus disparaissent en général d’eux-mêmes, sans traitement aux antibiotiques. Ainsi, ce n’est que si vous avez réellement une angine streptococcique qui demande des antibiotiques que cela vaut la peine de vous rendre aux urgences.
Les médecins utilisent le score de Centor pour évaluer la probabilité qu’il s’agisse d’une angine streptococcique ou virale. Ce score comptabilise cinq critères, et chaque critère vaut un point. Voici ces critères :
‘ La toux. Si vous n’avez pas la toux, vous marquez un point; si vous toussez, vous n’en marquez pas.
‘ Les ganglions. Si vous avez des ganglions enflés et sensibles sur les côtés du cou, vous marquez un point, sinon, vous n’en marquez pas.
‘ La température. Si vous avez plus de 38 °C ou 100 °F, vous marquez un point, sinon, vous n’en marquez pas.
‘ La gorge. Placez-vous devant un miroir, ouvrez grand la bouche et braquez une lampe au fond. Si les parois du fond de votre bouche paraissent enflées ou si vous y voyez des sécrétions blanchâtres, vous marquez un point, si vous ne trouvez aucun de ces deux symptômes, vous n’en marquez pas.
‘ L’âge. Enfin, si vous avez moins de 15 ans, vous marquez un point, si vous avez plus de 44 ans, vous en retranchez un du total obtenu.
Avec un score de 4 ou de 5 points, il y a 52 % de probabilité que vous ayez une angine streptococcique et on vous prescrira des antibiotiques. Avec 2 ou 3 points, il y a 11 % à 35 % de risque; un professionnel fera alors un prélèvement de muqueuse dans votre gorge pour faire une culture bactérienne afin de vérifier s’il y a des streptocoques ou non. Vous ne recevrez des antibiotiques que si le résultat de la culture est positif. Si vous avez 0 ou 1 point, il y a moins de 10 % de probabilité que vous ayez des streptocoques, et vous n’aurez besoin ni d’antibiotiques ni de culture bactérienne, et encore moins de vous rendre aux urgences.
Soyez prévoyant et demandez à votre médecin de vous prescrire un remède « pour le cas où ». En général, je ne préconise pas l’automédication avec des antibiotiques, parce que la décision de traitement doit être fondée sur des critères cliniques, et parce que le risque de développer une résistance aux antibiotiques est trop important. Cependant, je fais une exception pour les femmes qui souffrent de cystite chronique. Une étude a montré que l’incidence de la résistance aux antibiotiques n’était pas plus élevée chez les femmes qui bénéficiaient d’une prescription à n’utiliser qu’en cas d’infection urinaire.
Beaucoup de gens accourent aux urgences avec des maux de dents. Malheureusement, la plupart des services d’urgences ne peuvent fournir des soins dentaires complets parce qu’il n’y a pas de dentiste dans leur équipe médicale. Sans dentiste, on ne peut que prescrire des antidouleurs et des antibiotiques, voire administrer un anesthésique local pour soulager provisoirement le patient en engourdissant la dent malade.
Vous pouvez vous soigner vous-même en attendant d’aller chez un dentiste, sans passer par les urgences. Les meilleurs analgésiques contre les maux de dents sont les médicaments anti-inflammatoires comme l’ibuprofène. L’acétaminophène peut aussi être efficace, mais je recommande d’essayer d’abord avec l’ibuprofène. Les anti-inflammatoires antidouleurs soulagent pendant 4 à 6 heures. Les gels anesthésiques oraux qui s’appliquent sur la zone de la dent douloureuse, dans la bouche, apportent aussi un soulagement temporaire. Si ces remèdes n’apaisent pas la douleur, il ne vous restera plus que le secours du dentiste ou des urgences. Si vos gencives ou le côté de votre visage enflent, si vous voyez du pus près de la dent douloureuse ou si vous avez de la fièvre, consultez immédiatement un dentiste ou un médecin.
Aux urgences, beaucoup de patients me consultent parce qu’ils sont sûrs qu’une coupure ne se refermera pas convenablement sans agrafes. En fait, beaucoup de coupures ne demandent qu’un bon nettoyage, du désinfectant et un pansement. C’est afin d’accélérer la guérison des blessures et de réduire les cicatrices pour des raisons esthétiques que les médecins utilisent des agrafes.
La première chose à faire, c’est d’arrêter le saignement par pression et de nettoyer la plaie avec un savon antibactérien pour enlever tous les corps étrangers afin de mieux voir et évaluer la blessure. En général, vous avez besoin d’agrafe si la coupure est sur votre visage ou très près d’une articulation, ou n’importe où ailleurs lorsqu’elle est profonde et qu’elle fait plus de 2,5 cm de long. Si la coupure permet à un morceau de peau de se soulever, on y mettra aussi des agrafes. Encore une chose : seules les coupures fraîches, qui n’ont pas plus de 10 à 12 heures, peuvent être suturées. Après ce délai, le risque d’infection dans la suture devient trop élevé.
Le Dr Brian Goldman est médecin aux urgences du Mount Sinai Hospital et auteur de The Night Shift (HarperCollins Canada).
Avertissement: Les informations données ci-dessus sont données à des fins de divertissement. Pour plus d’informations sur les troubles exposés ci-dessus, adressez-vous à votre médecin.