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Insuffisance cardiaque congestive

Un nombre croissant de personnes vivent aujourd’hui avec une insuffisance cardiaque congestive. Cette maladie grave nécessite un traitement à long terme. Dans ce domaine, la recherche médicale avance au même rythme que les percées en matière de traitement.

Ce qu’est l’insuffisance cardiaque congestive

L’insuffisance cardiaque congestive (ICC) est une maladie chronique qui a pour principale caractéristique une diminution de la capacité du cœur à pomper le sang. Elle se manifeste lorsqu’une maladie affaiblit le muscle cardiaque ou lorsque la valvule qui régule le débit sanguin vers le reste de l’organisme ne ferme plus bien. Comme il y ralentissement du débit vers le reste de l’organisme, le sang privé d’oxygène refoule, s’accumulant dans les poumons et s’infiltrant dans les tissus. De nombreux symptômes de l’ICC résultent de cette accumulation de fluides. Cependant, il faut habituellement chercher la cause sous-jacente dans une maladie cardiaque, l’hypertension artérielle, le diabète ou un rythme cardiaque anormal.

La plupart du temps, l’insuffisance cardiaque congestive touche le côté gauche du cœur, lequel reçoit le sang oxygéné des poumons et effectue la plus grande partie du travail de pompage du sang vers les organes; il arrive cependant qu’elle touche le côté droit du cœur, qui reçoit le sang privé d’oxygène et l’envoie aux poumons pour qu’il soit  réoxygéné. Comme ces deux côtés sont interdépendants, l’insuffisance de l’un conduit à l’insuffisance de l’autre.

Personnes à risque d’insuffisance cardiaque congestive

Vous êtes à risque si vous : 

  • Avez plus de 70 ans. Au-delà de cet âge, le risque d’insuffisance cardiaque congestive est de 10%.
  • Êtes d’ascendance africaine. Votre risque est 25% plus élevé que celui des Caucasiens.
  • Faites de l’hypertension artérielle, ce qui multiplie par deux votre risque.
  • Avez subi une crise cardiaque, ce qui multiplie par cinq votre risque.
  • Avez des antécédents familiaux d’insuffisance cardiaque précoce causée par des maladies causant des dommages au coeur.
  • Fumez.
  • Êtes sédentaire.
  • Prenez trop d’alcool.

 

Traitement de l’insuffisance cardiaque congestive

Malgré la terreur que le nom de cette maladie puisse inspirer, le traitement qui consiste à rétablir la capacité normale de pompage du cœur est relativement simple. Une fois que vous irez mieux, votre principale tâche sera de déterminer pourquoi votre cœur s’est mis à mal fonctionner. Il se peut que cela n’ait rien à voir avec cet organe : par exemple, ce peut être la conséquence d’une autre maladie (diabète, emphysème, maladie de la thyroïde, alcoolisme, apnée du sommeil, anémie) ou de l’utilisation de certains médicaments (notamment les stéroïdes destinés à augmenter la masse musculaire).

Mais si votre insuffisance cardiaque congestive est la conséquence, comme c’est le cas pour la plupart, d’une maladie cardiaque existante, vous devrez travailler main dans la main avec votre médecin pour prendre en charge cette dernière. Le but est de vous permettre de reprendre vos activités normales tout en vous préservant du risque de crise cardiaque, d’ACV ou d’autres complications possibles.

Pour traiter votre insuffisance cardiaque congestive, le médecin commencera probablement par vous prescrire des médicaments dont le rôle est d’évacuer les fluides de vos tissus, de dilater vos vaisseaux sanguins et de fortifier votre cœur. Le plus tôt vous les prendrez, meilleures seront vos perspectives. En outre, les pompes portatives, de même que d’autres avancées technologiques, sont en train de révolutionner le traitement de cette maladie. Ces dispositifs peuvent soulager vos symptômes et même réparer les dommages faits à votre cœur, vous évitant la greffe cardiaque. Vous augmenterez également vos chances en apportant certains changements à votre mode de vie, par exemple en pratiquant la relaxation et en faisant de l’exercice.

Médicaments contre l’insuffisance cardiaque congestive

Si vous avez reçu un diagnostic d’insuffisance cardiaque congestive, votre médecin vous prescrira probablement une foule de médicaments destinés à la prendre en charge. Ces médicaments apportent un soulagement rapide et, pris à long terme, peuvent diminuer votre risque de complications. Ce qui ne signifie pas que vous les prendrez forcément  tout au long de votre vie : cela dépendra de vos réactions au traitement et du degré de résersibilité des dommages cardiaques.

En haut de la liste, on trouve les diurétiques, qui aident l’organisme à évacuer les surplus de fluides qui se sont accumulés dans les jambes, les poumons et l’abdomen. Cela permet de soulager les symptômes de toux, d’enflure et d’essoufflement, et de rétablir, du moins partiellement, la fonction de pompage du cœur. On prescrit habituellement à cet effet le spironolactone (Aldactone), l’hydrochlorothiazide (HydroDiuril) ainsi que le furosémide (Lasix). Votre médecin ajustera graduellement votre dose de façon à favoriser une évacuation optimale des fluides; il vous suivra également de près, ces médicaments pouvant provoquer des  effets indésirables, par exemple de la fatigue ou des irrégularités du rythme cardiaque.
En plus d’un diurétique, on administre habituellement un inhibiteur de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (IECA), tel que le captotril (Capoten), le ramipril (Altace) ou le lisinopril (Privinil, Zestril). En dilatant les vaisseaux sanguins, ces médicaments font baisser la pression artérielle et allègent le travail du cœur. Il est malheureux que ces médicaments ne soient pas prescrits plus souvent. Cela est dû, en partie du moins, à leurs effets indésirables, particulièrement une toux sèche persistante. Si vous ne pouvez les tolérer, vous pourriez tirer des bienfaits semblables d’un bloqueur des récepteurs de l’angiotensine, par exemple le losartan (Cozaar, Hyzaar) et le valsartan (Diovan), qui sont plus chers mais présentent moins d’effets indésirables, ou d’un vasodilatateur, par exemple l’hydralazine ou les nitrates.

Une fois votre état stabilisé grâce au diurétique et à un IECA, un bêta-bloquant, qui agit en ralentissant le cœur et en facilitant le pompage, pourrait s’avérer utile. Selon les chercheurs qui les étudient présentement, les bêta-bloquants, qui font également baisser la tension artérielle et normalisent le rythme cardiaque, pourraient aussi contribuer à fortifier le cœur dans la mesure où ils atténuent les symptômes et contribuent à prolonger l’existence des personnes souffrant d’insuffisance cardiaque. Les résultats d’études indiquent que ces médicaments diminuent le risque de réhospitalisation, voire même de décès consécutif à une insuffisance cardiaque congestive. Les plus couramment prescrits sont le carvédilol (Coreg) et le métoprolol (Lopressor, Toprol). Au début, votre médecin devra vous suivre de près car, dans de rares cas, ils aggravent l’insuffisance cardiaque et provoquent des cauchemars, de la dépression, de la fatigue et d’autres effets indésirables. Chose étonnante, les bêta-bloquants pourraient être plus efficaces chez les Blancs que chez les Afro-américains.

Les médicaments à base de digitale, par exemple la digoxine (Lanoxin), pourraient être utiles aux personnes qui ne répondent pas aux autres médicaments. Il s’agit de glucosides dont l’effet est de fortifier le pouls et d’augmenter le débit sanguin vers les reins, favorisant l’évacuation des fluides. Votre médecin sous examinera souvent pour savoir si votre pouls est irrégulier, si vous avez des malaises digestifs, des troubles de la vision ou d’autres effets indésirables résultant de leur action.

Parmi les autres médicaments prescrits pour l’insuffisance cardiaque congestive, citons les vasodilatateurs injectables, qui permettent de faire face aux urgences, l’amiodarone (Cardarone) que l’on administre en cas de battements irréguliers et des médicaments antiasthmatiques pour fortifier les poumons.

Changements dans le mode de vie

Quelques changements simples contribueront à améliorer votre qualité de vie et à vous éviter les séjours à l’hôpital.

  • Limitez votre consommation de sel. Ne consommez pas plus de 2000 mg de sodium par jour. Le sel retient les fluides, ce qui a pour effet d’élever la pression artérielle. Il peut aussi resserrer les vaisseaux sanguins.
  • Faites de l’exercice. Autrefois, on le déconseillait aux personnes souffrant d’insuffisance cardiaque mais aujourd’hui, on estime que l’exercice modéré leur est bénéfique. Il suffit bien souvent de quelques minutes de marche ou à soulever des poids légers, deux à cinq fois par semaine, pour faire la différence. Cependant, consultez votre médecin avant d’entreprendre un programme d’exercices.
  • Demandez du soutien. Les personnes mariées ou qui ont un réseau social bien développé s’en tirent habituellement beaucoup mieux que les personnes qui restent seules avec leur problème. Cultivez les amitiés et inscrivez-vous à un groupe d’entraide.
  • Gérez votre stress. Les techniques telles que le yoga, la relaxation musculaire progressive et la méditation se sont toutes avérées utiles aux personnes souffrant d’insuffisance cardiaque congestive. Elles ont pour effet de faire baisser la pression artérielle et d’être bénéfiques pour le cœur.

 

Interventions pour le traitement de l’insuffisance cardiaque congestive

Si votre état s’aggrave et que les médicaments ne soulagent plus vos symptômes, il vous faudra peut-être subir une greffe du cœur.

La greffe du coeur est habituellement réservée aux personnes atteintes d’une maladie grave qui éprouvent des malaises au moindre effort physique et dont les symptômes sont manifestes même au repos. Pour subir une greffe, la personne ne doit pas être atteinte d’une autre maladie grave et ne pas être âgée de plus de 60 ans (bien qu’on l’ait pratiquée avec succès chez des personnes plus âgées)  Grâce aux avancées en chirurgie, 85% des receveurs sont encore en vie au bout d’un an et 65% survivent plus de cinq ans.

À cause de la pénurie d’organes, de nombreux patients très malades doivent attendre des mois avant d’obtenir le cœur d’un donneur. Cependant, grâce à un nombre croissant de dispositifs permettant de stabiliser le cœur, elles peuvent mener une vie plus normale en  attendant la greffe. Ainsi, on implante chirurgicalement dans le torse ou l’abdomen un dispositif appelé système d’assistance cardiaque; il s’agit d’une pompe reliée au ventricule gauche du cœur qui assure la fonction de pompage. (Parmi les dispositifs offerts, citons le HeartMate, le Thoratec et le Novacor.) Il arrive que ce système d’assistance permette au coeur de guérir, soulageant les symptômes au point que la greffe ne soit plus nécessaire.

Un autre dispositif, le stimulateur cardiaque biventriculaire (par exemple, le système InSync), est conçu pour les quelque 50% de personnes souffrant d’insuffisance cardiaque congestive dont les deux ventricules ne travaillent pas ensemble. Ce petit appareil implanté sous l’épaule est doté de fils qui envoient des signaux électriques aux deux côtés du cœur. Les patients qui en portent un ont généralement une meilleure qualité de vie, peuvent couvrir de plus grandes distances à pied et passent deux fois moins de temps à l’hôpital que ceux qui n’en ont pas. On s’intéresse également de plus en plus au défibrillateur implantable comme traitement contre les arythmies potentiellement fatales chez les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque.

Malgré les saignements, la formation de caillots, les infections et d’autres complications qui peuvent résulter de ces dispositifs, on y a de plus en plus recours comme traitement en soi, éliminant le besoin de recourir à la greffe.

Approches alternatives pour le traitement de l’insuffisance cardiaque congestive

Les résultats de quelques études de faible envergure indiquent que la taurine (500 mg de L-taurine deux fois par jour) et l’arginine (1000 mg deux fois par jour), deux acides aminés, pourraient apporter quelques bienfaits thérapeutiques aux personnes souffrant d’insuffisance cardiaque congestive. Le coenzyme Q10 (100 mg deux fois par jour), de même que d’autres suppléments ont également été proposés en traitement. Cependant, on n’a pas mené d’études de grande envergure sur ces substances; il faut savoir en outre qu’aucune ne peut guérir l’insuffisance cardiaque. Chose certaine, il est toujours conseillé d’adopter une alimentation saine, riche en grains entiers, en poisson, en huile d’olive et en fruits et légumes frais.

Questions à poser à votre médecin

  • Quelle est la véritable cause de mon insuffisance cardiaque congestive? Puis-je faire quelque chose pour éviter qu’elle ne s’aggrave?
  • Quels dommages mon cœur a-t-il subi? Pendant combien de temps devrai-je prendre des médicaments?
  • Le stimulateur cardiaque pourrait-il m’aider?
  • Suis-je un bon candidat pour une greffe du coeur?

 

Vivre avec de l’insuffisance cardiaque congestive

Voici quelques conseils qui vous aideront à maîtriser votre insuffisance cardiaque congestive:

  • Consultez un cardiologue. Les généralistes sont moins portés à prescrire des IECA et d’autres médicaments utiles, probablement à cause de croyances erronées sur leurs effets indésirables.
  • Pesez-vous tous les jours. Si vous prenez plus de 1,3 kg au cours d’une semaine, c’est peut-être que vous faites de la rétention de fluides; votre docteur pourrait alors devoir vous prescrire un autre médicament ou augmenter votre dose. Par contre, si vous perdez rapidement du poids (4,5 à 7 kg sur une période de six mois), c’est peut-être signe d’un problème grave.
  • Faites preuve de prudence vis-à-vis des AINS tels que l’aspirine, l’ibuprofène (Advil) et le naproxène (Aleve). En cas d’insuffisance cardiaque congestive, ces analgésiques communs pourraient provoquer une rechute. Avant d’en prendre, parlez-en à votre médecin.
  • Soyez prudent en hiver. Les résultats d’enquêtes indiquent que les personnes souffrant d’insuffisance cardiaque se retrouvent plus souvent à l’urgence des hôpitaux durant les mois froids. Il est possible que cela soit dû à des activités ardues comme celles d’enlever la neige à la pelle. Les autres moments à risque sont les lundis et tous les autres jours entre 8 et 15 heures.
  • Évitez les longues expositions au chaud. Autrefois interdits à ceux qui souffraient d’insuffisance cardiaque congestive, les bains chauds (jusqu’à 48º C) et les saunas (jusqu’à 68º C) pourraient en fait vous être utiles à la condition qu’ils ne durent pas plus d’une dizaine de minutes. Demandez conseil à votre médecin et ne prenez jamais un bain chaud ni un sauna sans en avoir informé quelqu’un.
  • Surveillez vos symptômes. Si votre peau devient soudainement moite et pâle, si votre respiration est pénible, si vos symptômes s’aggravent rapidement, rendez-vous immédiatement à l’urgence.

 

Prévention de l’insuffisance cardiaque congestive

  • Diminuez votre consommation de sel. Il provoque de la rétention d’eau. N’en prenez pas plus de 4 à 6 grammes par jour.
  • Limitez votre consommation d’alcool. Ne prenez pas plus d’un verre par jour. La consommation excessive d’alcool peut affecter la fonction de pompage de votre coeur.
  • Bougez. L’exercice contribue à prévenir l’insuffisance cardiaque congestive. Bien qu’il était jadis interdit aux personnes souffrant d’ICC, l’exercice modéré est désormais recommandé car, selon les résultats d’études, il renforcerait le cœur. Parlez-en à votre médecin avant d’entreprendre un programme d’exercices.
  • Gérez votre stress. En vous attaquant au stress, vous pourriez diminuer les taux de certaines hormones qui exercent un effet négatif sur votre système immunitaire et votre coeur. Le yoga, le tai chi, la visualisation guidée et la méditation sont de bonnes techniques de gestion du stress.
  • Pesez-vous tous les jours. Si vous prenez déjà des médicaments pour l’ICC, pesez-vous  avant le déjeuner mais après avoir uriné. Si vous prenez soudainement du poids, il se peut que vous fassiez de la rétention de fluides. Dans ce cas, communiquez avec votre médecin sans tarder.
  • Demandez de l’aide. Si vous vivez seul ou ne pouvez compter sur du soutien à la maison, vous courez plus de risques de devoir retourner à l’hôpital ou de mourir d’une insuffisance cardiaque congestive non maîtrisée. De nombreux hôpitaux offrent des programmes de suivi qui vous aideront à apporter des changements positifs à votre mode de vie et à prendre vos médicaments tel que l’a prescrit le médecin.

 


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