Une Montréalaise raconte son entrée dans l’univers de l’infinitésimal.
L’homéopathie, ça vous intéresse ? Nous aussi, et nous cherchions quelqu’un qui en avait fait l’expérience. Joanie Michel, une directrice des ressources humaines de 45 ans vivant à Montréal, s’est portée volontaire. Incapable de trouver remède à une série de troubles chroniques, elle s’était adressée à Lisa Samet, dans l’espoir que l’homéopathie aide son corps à se guérir lui-même. Voici la suite de son histoire.
Joanie Michel Pendant presque toute ma vie adulte, j’ai souffert d’une série de problèmes chroniques qui me gâchaient la vie. Migraines, violentes crampes menstruelles et fatigue extrême étaient les pires, mais j’avais bien d’autres symptômes pénibles : entre autres, une peau sèche, rouge qui me démangeait et des brûlures aux bras.
J’ai vu beaucoup de médecins. On m’a prescrit un truc contre les crampes menstruelles, un autre contre la migraine. Rien n’y faisait. Pour mon médecin, ma fatigue était normale : une mère qui travaille est forcément épuisée, croyait-il. Je savais qu’il y avait autre chose et qu’il fallait absolument régler ça une fois pour toutes. Il y a neuf ans, une amie m’a donné le nom de Lisa Samet. J’ai beaucoup hésité parce que je ne connaissais rien à l’homéopathie. J’avais peur que ça ne fasse plus de mal que de bien. Enfin, j’ai rassemblé mon courage et j’ai pris rendez-vous.
Lisa Samet Je suis naturopathe et je pratique l’homéopathie depuis une douzaine d’années. Beaucoup de mes patients ont vécu ce genre de calvaire. Contrairement aux produits pharmaceutiques, les remèdes homéopathiques ne visent pas à apaiser ou pallier les symptômes, mais à inciter l’organisme à se guérir lui-même. Pour nous, un malade chronique, c’est quelqu’un qui essaie de guérir, et nos traitements lui en donnent les moyens. Ce que je dois trouver, c’est la « clé » homéopathique qui « débloquera » le système interne d’autoguérison.
JM Mon premier rendez-vous a duré trois heures. Lisa a fait un bilan de santé physiologique et affectif complet et m’a posé des questions très précises sur mes symptômes. J’ai dû les décrire en détail : leur localisation, leur fréquence, ce qui les aggravait ou atténuait.
LS Quand j’ai affaire à un malade chronique adulte, je consacre la première consultation à faire un bilan complet. Ce que je cherche, ce sont les symptômes inusités, particuliers, qui m’indiqueront le remède approprié. Je n’essaie pas de soigner la maladie, mais le malade.
Au vu des symptômes de Joanie, j’ai prescrit du natrum muriaticum. C’est du sel dilué et brassé des centaines de fois si bien qu’il n’en reste que le principe actif, imprégné dans des grains de sucre. Comme il est administré en dose infinitésimale, il n’y aucun risque d’intoxication ou de réaction avec des médicaments ordinaires.
JM J’ai quitté le cabinet de Lisa partagée entre l’espoir et le doute : était-il possible que ces granules améliorent mon état ? C’est cela que j’ai eu le plus de mal à accepter. Tous les médicaments qu’on m’avait prescrits étaient restés sans effet, et cette petite pilule blanche réglerait tout ?
LS Je prescris ce qui correspond le mieux à l’ensemble des symptômes du patient. Pas quelque chose contre les maux de tête, autre chose contre les crampes, et ainsi de suite, mais un remède pour tout l’organisme. À mesure que le corps guérit, les symptômes disparaissent. Trouver le remède homéopathique qui guérira tel malade, c’est beaucoup plus difficile que prescrire un cocktail antibiotique, un mélange d’herbes médicinales ou un supplément vitaminique pour combattre telle maladie.
JM Quelques semaines après, j’allais mieux ; mes forces augmentaient de jour en jour. Je n’arrivais pas à y croire, mon mari non plus. Il était persuadé que l’effet était purement psychologique. J’avais pris une pilule qui devait me remettre d’aplomb et j’y croyais. Je n’avais plus de maux de tête, ni de crampes, ni de brûlures aux bras, ni de plaques rouges et cuisantes.
Persuadée d’être sur la bonne voie, j’ai continué le traitement pour mes problèmes chroniques et j’ai commencé à employer l’homéopathie pour soigner des inflammations aiguës : rhume, gastroentérite, sinusite, laryngite. Avec le même succès.
À présent, nous appliquons les recettes homéopathiques d’abord, et 95 % du temps, elles suffisent. Un exemple : le traitement homéopathique des otites de ma fille lui a évité des visites chez le pédiatre et à l’urgence, de même que, très probablement, la prise d’antibiotiques ‘ que j’utiliserais encore si c’était nécessaire.
Car je n’ai pas renoncé à la médecine classique. Je fait toujours un bilan de santé annuel (comme mon mari et mes deux enfants), de même qu’un test de Pap. J’essaie simplement de marier les deux philosophies. L’an dernier, quand il a été question de m’enlever la thyroïde, j’aurais préféré éviter la chirurgie, mais je m’y suis résignée après avoir examiné toutes les options, car c’était la meilleure. J’y ai ajouté un traitement homéopathique qui m’a permis de me passer d’analgésiques, a favorisé la cicatrisation et m’a remise sur pied en un rien de temps ‘ à la grande surprise de mon médecin.
Diplômée du Southwest College of Naturopathic Medicine d’Arizona, Lisa Samet pratique l’homéopathie à Montréal.
Si vous décidez de consulter un homéopathe, continuez à voir votre médecin de famille pour vos bilans de santé et vos tests habituels.
C’est une méthode thérapeutique élaborée par un médecin allemand, Samuel Hahnemann, vers la fin du dix-huitième siècle. Il en a défini les deux principes encore appliqués aujourd’hui.
Le premier, c’est celui de la similitude : une substance qui provoque dans un corps sain une réaction similaire au symptôme d’une maladie peut guérir ce symptôme. Pour soigner le larmoiement, par exemple, on appliquera un extrait d’oignon, légume qui fait pleurer.
Le second, c’est celui de l’infinitésimalité : les extraits naturels végétaux, animaux et minéraux utilisés comme remèdes sont dilués dans l’eau et l’alcool et remués un si grand nombre de fois qu’il n’en reste que des quantités minuscules. Certaines concentrations sont même trop faible pour être décelables par les moyens scientifiques ordinaires. Selon l’institut américain d’homéopathie, l’idée qu’un produit sans ingrédient actif décelable puisse être efficace est l’aspect le plus controversé de la méthode.
Le corps médical est plutôt sceptique. « L’ensemble de la preuve discrédite la thèse homéopathique », tranche le docteur Lloyd Oppel, président d’un comité de l’association médicale de Colombie-Britannique qui examine entre autres les médecines douces. Il a également participé à la rédaction de la politique de l’Association médicale canadienne sur les traitements complémentaires et alternatifs. Il ne voit pas de danger dans les remèdes eux-mêmes, mais craint que les patients ne soient mal informés. « Certains commencent à douter de leur médecin et ne reçoivent plus les soins nécessaires. »
Il y a danger, dit-il, quand un patient atteint d’une maladie grave comme le cancer préfère l’homéopathie ou une autre méthode alternative au traitement reconnu : « Le risque, c’est qu’il consulte trop tard, quand le mal est devenu incurable. » Avant d’essayer un traitement homéopathique, mieux vaut parler à son médecin.
Si vous décidez de prendre un remède homéopathique, assurez-vous qu’il possède le numéro d’identification à huit chiffres (DIN-HM) accordé par Santé Canada aux produits dont l’efficacité, l’innocuité et la qualité ont été contrôlées.
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