Dans son nouvel ouvrage intitulé Tout se joue avant 100 ans!, le psychologue Jean-François Vézina nous invite à réveiller notre sens du jeu.
Il s’agit de la capacité de faire de l’espace en nous en créant à partir de ce qui nous arrive, plutôt qu’en restant victime de ce qui survient dans notre vie. Par exemple ? Prenons cette anecdote personnelle : j’ai longtemps passé la vadrouille dans un hôpital… Ce n’était pas le boulot le plus excitant au monde ! Je me suis alors demandé comment ce travail pourrait devenir un terrain de jeux. J’ai décidé d’entrer dans la chambre des patients souffrants afin de les écouter. Simplement. J’ai joué à être psychologue, alors qu’en réalité j’étais « mopologue » ! C’est à chacun de trouver son jeu dans une situation désagréable et d’en tirer profit.
Songez à ce qui vous a blessé, manqué ou déçu dans la vie. Jean-Paul Sartre disait qu’on peut toujours faire quelque chose avec ce que l’on a fait de nous. Ainsi, donnez et créez ce que vous n’avez jamais reçu. Si vous avez souffert d’un manque d’écoute, prêtez l’oreille. Ne laissez pas la peur vous dominer. Cherchez plutôt à l’apprivoiser en jouant avec elle. À l’enfant qui craint les fantômes, par exemple, je propose de participer à un jeu où on aurait affaire à eux afin de changer la perception qu’il en a.
Principalement aux gens souffrant d’anxiété et à ceux qui évitent de regarder la réalité en face. Nous vivons dans une société de perfectionnistes qui voient d’un mauvais œil les faiblesses d’autrui. Avoir peur est de nos jours une tare à endormir au plus vite avec des pilules…
Les joueurs sont généralement des opportunistes qui savent saisir ce qui leur plaît de la réalité, si dure soit-elle, et ils s’en servent comme d’un terrain de jeux.
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Arriver à synchroniser nos jeux est un défi collectif. Il existe de plus en plus d’instruments technologiques et de communication, téléphones et ordinateurs par exemple, qui nous donnent le sentiment d’être plus en contact avec les autres. C’est une « illusion » – comme celle de l’enfant qui oublie que son ours en peluche n’est pas sa mère – qui nous fait sentir très seuls en réalité. Sans le sens du jeu bien éveillé, ces outils nous empêchent de faire face à nous-mêmes et à la réalité. Ce sont donc des moyens d’aller vers les autres et non des buts. Ainsi, j’encourage les gens à chercher à exploiter ces jeux au lieu d’en être les jouets. Et la façon de savoir si nous jouons ou si nous sommes joués, c’est de vérifier notre capacité à vivre dans le monde réel plutôt que le fuir.
Plus vous êtes cultivé, plus votre inventaire de réponses, d’expérience, de vécu et de références pour jouer sera foisonnant. Comparez l’exercice aux cartes : à un an, nous détenons une seule carte dans notre jeu, à deux ans, 2… à 100 ans, 100. Plus nous vieillissons, plus nous sommes capables de jouer avec ce que nous possédons, plutôt qu’avec ce que nous n’avons pas. Jouer aide à mieux vivre, pas de doute là-dessus !