Vous croyez que vos oreilles servent uniquement à entendre ? Détrompez-vous. Elles peuvent aussi être la porte de la guérison, selon l’auriculothérapie.
ShutterstockL’auriculothérapie consiste à traiter des maladies par une action physique – piqûre, pression, courant électrique, champ magnétique, radiation lumineuse – appliquée sur des points précis du pavillon des oreilles. Elle constitue un élargissement moderne du champ d’action de l’auriculopuncture et dérive donc de l’acupuncture.
L’auriculothérapie considère que le corps se projette de façon symétrique au niveau des pavillons des oreilles, et que tout organe ou tissu correspond à un point de l’oreille. Il y aurait ainsi plus de 200 points par pavillon.
Tant que l’organisme fonctionne normalement, les pavillons des oreilles seraient muets: aucun point n’y serait détectable. Mais, si un désordre survient dans une partie du corps, des points deviennent décelables dans la zone correspondante des oreilles, soit du côté malade, soit du côté opposé, voire des deux côtés à la fois. Une action sur ces points permettrait de traiter la partie du corps à laquelle ils correspondent.
De nombreuses hypothèses ont été formulées pour tenter d’expliquer comment la stimulation de ces points agirait sur des éléments du corps, mais aucune n’a été confirmée. Pour la médecine traditionnelle chinoise, la transmission passerait par les méridiens qui, tous, envoient des ramifications dans les pavillons auriculaires. Certains praticiens ont évoqué une transmission nerveuse, les pavillons étant très richement innervés. À l’heure actuelle, les auriculothérapeutes évoquent plutôt la libération d’endorphines et/ou de neuromédiateurs, comme cela se produit avec l’acupuncture.
Selon les principes de l’auriculothérapie, le pavillon de l’oreille figure, grossièrement, l’image d’un foetus tête en bas. La localisation des points découle de cette similarité.
Il commence juste après l’examen. En général, le médecin traite deux ou trois points du côté des troubles, plus rarement du côté opposé, avec des aiguilles stériles. Si vous souffrez de douleurs chroniques, notamment, il ajoutera une stimulation électrique de très faible intensité sur les aiguilles.
Il peut aussi choisir de poser des aiguilles dites semipermanentes. Il en existe de deux types : les premières ressemblent à une mini-punaise munie d’une pointe longue de 1 à 1,5 mm, les secondes à un petit harpon plat. Ces aiguilles ont l’avantage de rester en place jusqu’à s’éliminer d’elles-mêmes sous l’effet de la cicatrisation (de quelques jours à deux, voire trois semaines). Une fois posées, elles sont protégées par un léger pansement adhésif ou par une goutte de colle chirurgicale.
Le médecin auriculothérapeute procède tout d’abord à un interrogatoire précis et détaillé : motif de votre consultation, ce dont vous souffrez ou avez souffert, maladies de vos parents, grands-parents et collatéraux, votre vie au travail et votre vie familiale, votre mode de vie (alimentation, activité physique, addictions, etc.).
Il fait un examen classique si nécessaire, puis un examen visuel des oreilles à la recherche de lésions, et enfin recherche les points à traiter. Pour cela, il se place derrière votre tête et palpe rapidement les pavillons de vos oreilles. Puis il entreprend une détection précise avec un palpeur à pression, sorte de sonde à ressort (comme un stylo à la pointe rétractable) qui permet de parcourir l’oreille en maintenant une pression constante. Les points correspondant à la partie malade de l’organisme sont souvent douloureux. Parfois, on en vérifie le caractère pathologique en prenant en même temps le pouls radial.
L’auriculothérapeute peut aussi examiner vos oreilles avec un détecteur de points, un boîtier électronique, relié à deux électrodes. Vous tenez l’une d’elles à la main, tandis qu’avec l’autre le thérapeute explore vos oreilles. En passant sur un point pathologique, l’appareil émet un microsignal électrique.
Le massage auriculaire fait partie des techniques de l’auriculopuncture, mais les points sont traités par massages ou par étirements.
Consultez même si vous êtes complètement soulagé, sauf si votre problème est connu et diagnostiqué. Le massage auriculaire est surtout utilisé pour soulager rapidement certaines douleurs, en attendant un traitement de fond.
Cette méthode originale d’aide au diagnostic est issue des travaux du docteur Paul Nogier. Elle oriente l’auriculothérapeute vers le type de traitement qu’il va conseiller : alternatif ou classique.
Médecin homéopathe-acupuncteur lyonnais, le docteur Paul Nogier (1908-1996) observe que, dans sa clientèle, beaucoup de malades portent des traces de brûlures ponctuelles aux oreilles. Il mène son enquête et découvre que des guérisseurs locaux soulagent par cautérisation des névralgies, des sciatiques, des maux de dos, etc. En comparant les points cautérisés aux points d’oreille décrits par la médecine traditionnelle chinoise, il se rend compte que le corps se projette au niveau du pavillon de l’oreille sous l’image d’un foetus inversé. En 1951, il formule la base de l’auriculothérapie : «Chaque point du corps a sa correspondance auriculaire. »
Poursuivant ses investigations, il constate, en 1967, que la détection d’un point perturbé entraîne unemodification du pouls pris au poignet. Il désigne cette réponse sous le terme de réflexe auriculocardiaque (RAC). En 1968, il découvre, avec la collaboration de son élève, le docteur René Bourdiol, que le RAC peut être provoqué par une stimulation infraliminaire (c’est-à-dire restant inférieure aux seuils de perception et de réaction conscientes de l’organisme) de n’importe quel point cutané. À partir de cette constatation, il met au point une méthode diagnostique qu’il appelle « auriculomédecine ». Il rebaptise alors le RAC réflexe autonome circulatoire.
Cette méthode est pratiquée exclusivement par des médecins spécialement formés : il s’agit souvent d’homéopathes-acupuncteurs et allopathes.
Elle repose sur la prise du pouls au poignet. Si un organe fonctionne mal, la stimulation du point correspondant à cet organe provoque une perturbation prolongée du pouls.
L’auriculomédecine, en comparant les points détectés, parvient ainsi à affiner le diagnostic de la cause d’une souffrance ou d’une maladie.
Toujours grâce au RAC, il est possible de tester les traitements. Une fois la modification prolongée du pouls obtenue, des disques imprégnés chacun d’un remède différent (chimique, homéopathique, à base de plantes, etc.) sont présentés au niveau du point. Les remèdes bénéfiques provoqueraient le retour du pouls à la normale, alors qu’un médicament inadapté serait sans effet, voire perturberait encore plus le pouls. L’auriculomédecine permettrait ainsi de choisir le médicament le plus adapté au patient. Elle serait une approche intéressante dans les douleurs anciennes, complexes, dans la spasmophilie, les allergies, la fatigue chronique, les états dépressifs, les intolérances et allergies alimentaires et nombre de troubles fonctionnels chroniques.
L’auriculopuncture, ou acupuncture auriculaire, fait partie de l’arsenal de la médecine traditionnelle chinoise.
Au Québec, elle est pratiquée par les acupuncteurs, qui utilisent les moyens classiques de l’acupuncture : pose d’aiguilles, cautérisation, massage (à l’aide d’un bâtonnet de verre), etc., et emploient parfois la stimulation électrique des aiguilles.
L’auriculopuncture est essentiellement symptomatique, c’est-à-dire qu’elle va agir sur le trouble dont vous souffrez sans pour autant en résoudre la cause, de la même façon qu’un médicament antidouleur soulage un mal de tête sans traiter ce qui le provoque. C’est un traitement complémentaire qui doit être associé à un traitement plus profond. C’est souvent l’acupuncture, mais ce peut être n’importe quelle autre médecine (allopathie,
phytothérapie, homéopathie, etc.).
Il y a trois vraies contre-indications à l’auriculothérapie :
Elle n’est d’aucun secours si vous souffrez d’une maladie grave, d’une affection maligne ou si vous avez une insuffisance endocrine. En revanche, elle pourrait vous aider, dans un second temps, pour traiter des troubles associés ou pour soulager des douleurs résiduelles.
La recherche et le traitement des points auriculaires peuvent être franchement désagréables. En cas de grossesse, la prudence reste de règle. Consultez un médecin auriculothérapeute habitué au traitement des femmes enceintes.
Au Québec, l’auriculomédecine est encore peu pratiquée. Certains naturopathes sont formés à cette approche. Informez-vous auprès des associations de naturopathes ou consultez l’annuaire Alternative santé (www.alternativesante.com).
Si une seconde séance est nécessaire, elle doit suivre la première assez rapidement (de quelques jours à une ou deux semaines). Dans les problèmes chroniques, il peut être nécessaire de répéter les séances une fois par semaine en début de traitement.
Attention, si l’amélioration est généralement rapide, vous pouvez présenter (surtout après une première séance) une aggravation temporaire de vos troubles ou un trouble nouveau transitoire.
Si votre auriculothérapeute utilise des aiguilles semipermanentes, vous devrez les stimuler plusieurs fois par jour par des pressions (pour les punaises) ou à l’aide de petits aimants (harpons). Il vous expliquera comment faire lors de la première séance.
Plusieurs études cliniques auraient montré une efficacité des traitements auriculaires, en particulier dans le domaine de la douleur. Cependant, elles ne sont pas scientifiquement recevables, car elles ne satisfont pas aux critères exigés pour une étude clinique. D’une part, le praticien ne peut ignorer qu’il traite de faux points, ce qui ne respecte pas le traitement en double aveugle. D’autre part, les traitements réels s’appliquent le plus souvent de façon personnalisée (selon les principes des médecines globales) et non selon un protocole standardisé pour traiter un symptôme.
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