Il faudra certainement attendre 2025 pour le réacteur expérimental de fusion nucléaire dans le sud de la France.
Si l'on en croit les derniers plannings, il faudra attendre 2025 pour le premier plasma chauffé dans le réacteur expérimental de fusion nucléaire du sud de la France. Le délai est donc prolongé de pas moins de cinq ans.
Heureusement, ce n'est qu'une question de report et non d'annulation, comme le prouvent chaque jour des centaines d'ouvriers du bâtiment et d'ingénieurs sur le chantier gigantesque de Cadarache, à 70 kilomètres au nord-ouest de Marseille. Après tout, un gigantesque tokamak monte lentement mais sûrement ici, qui formera le cœur en forme de beignet de la centrale à fusion dans laquelle le plasma – un mélange de deutérium et de tritium – doit être chauffé et enfermé. Des tokamaks ont déjà été construits, mais jamais de la taille d'ITER. C'est donc une œuvre d'art technique d'assembler toutes les pièces, qui sont également fabriquées et fournies par des centaines d'entreprises de dizaines de pays différents.
Le report de l'échéance du premier plasma chauffé à 2025 est le résultat d'un remaniement majeur du top management de l'organisation ITER. Depuis l'arrivée du Français Bernard Bigot aux commandes en début d'année, la planification pluriannuelle de la construction a donc été largement bricolée.
Mais le retard n'est pas seulement dû à des difficultés techniques. ITER est aux prises avec des difficultés financières depuis 2008, date de la première pelletée de terre à Cadarache. C'est compréhensible, si l'on dépend des milliards de soutien de pas moins de sept partenaires (l'UE, les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud, la Chine, l'Inde et la Russie). Les Américains, entre autres, font des histoires sur leur contribution depuis des années, et il est certain qu'ils réévalueront leur participation au méga projet en 2018 (encore une fois).
Les critiques ne croient donc pas que ce report va s'arrêter. Dans tous les cas, les recherches vraiment intéressantes, les premières réactions deutérium-tritium, devront attendre le début des années 2030 – également dans la nouvelle planification. Alors s'il vous plaît soyez patient. (chut)
Ce mois-ci dans Eos :ITER entre en concurrence
L'article peut être lu dans le numéro d'été d'Eos, qui est maintenant en magasin et également en vente en ligne.